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Donald Trump a signé lundi un décret interdisant le projet de rachat du fabricant américain de semi-conducteurs Qualcomm par son concurrent Broadcom, basé à Singapour, pour des motifs de sécurité nationale.
Dans un contexte de craintes de voir les Etats-Unis perdre la main au profit de la Chine dans le domaine des communications mobiles, le président américain fait ainsi capoter ce qui aurait été le plus important rapprochement jamais enregistré dans le secteur technologique.
« Le rachat projeté par l’acquéreur (Broadcom) est interdite, et toute fusion sensiblement équivalente, acquisition ou rachat, effectué directement ou indirectement, est aussi interdit », précise le décret présidentiel promulgué lundi.
Qualcomm avait rejeté plusieurs offres de Broadcom depuis plusieurs mois, à 103 puis 117 milliards de dollars (95 milliards d’euros). En cas d’accord, le nouvel ensemble devait en faire le troisième fabricant de puces derrière Intel et Samsung.
Le décret fait état de « preuves crédibles » qui ont conduit Donald Trump à considérer qu’une prise de contrôle de Qualcomm par Broadcom « pourrait conduire à une action qui menace d’affecter la sécurité nationale des Etats-Unis. »
L’enjeu fondamental de la 5G
Les fabricants de semi-conducteurs se préparent à l’essor attendu de la technologie sans fil 5G, qui va accélérer encore les transferts de données, et Qualcomm, basé à San Diego, apparaît comme l’un des principaux concurrents des entreprises chinoises comme Huawei Technologies.
Ce projet a fait l’objet d’une enquête par le Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), qui examine les investissements susceptibles d’avoir des implications en termes de sécurité nationale. Dans un lettre datée du 5 mars, le CFIUS avait dit qu’il s’inquiétait de voir Broadcom couper les vivres à Qualcomm en matière de recherche et développement, tout en citant les risques associés aux relations de Broadcom avec des « entités étrangères ».
Sans que ces entités soient nommées dans la lettre, cette dernière a qualifié à plusieurs reprises Qualcomm comme l’entreprise la plus en pointe dans le développement de la technologie 5G.
« Un transfert vers la Chine d’une position dominante dans la 5G aurait d’importantes conséquences négatives pour la sécurité nationale des Etats-Unis ».
La crainte de voir Huawei devenir l’acteur dominant
Une source proche du CFIUS a dit que, en cas de rachat de Qualcomm par Broadcom, les militaires américains avaient exprimé leurs inquiétudes de voir, d’ici 10 ans, Huawei devenir l’acteur dominant, ne laissant pas d’autre choix aux opérateurs américains que d’acheter les équipements du groupe chinois.
Ce dernier a noué des liens commerciaux plus étroits avec nombre d’opérateurs en Europe et en Asie, le mettant ainsi en bonne position dans le course mondiale à la 5G. Selon un rapport de Jefferies citant des travaux de LexInnova, Qualcomm détient 15% des brevets essentiels au déploiement de la 5G à travers le monde, contre 11% pour Nokia.
Dans des échanges d’après-Bourse, le titre Broadcom gagnait près de 1% tandis que l’action Qualcomm cédait plus de 4%.
Broadcom a dit qu’il passait en revue le décret présidentiel, ajoutant qu’il contestait « vigoureusement que son projet d’acquisition de Qualcomm soulevait la moindre question de sécurité nationale ». Qualcomm, qui avait reporté son assemblée générale suite à l’enquête du CFIUS, a fixé au 23 mars la nouvelle date de cette réunion.
C’est la cinquième fois qu’un président américain bloque une opération à la suite d’un avis du CFIUS.
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Yalayolo Magazine