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L’humanité doit-elle craindre l’intelligence artificielle ? L’agent conversationnel d’Open AI – ChatGPT – soulève de nombreuses questions, même chez les grands noms de la Tech. Récemment, 1300 personnalités influentes de l’industrie ont signé une tribune en faveur d’un arrêt immédiat et temporaire des explorations dans le domaine. Ils dénoncent “une course incontrôlée pour développer et déployer des systèmes d’IA toujours plus puissants, que personne, pas même leurs créateurs, ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable”.
Depuis quelques mois, Hollywood s’interroge aussi sur les effets de tels outils sur l’industrie culturelle. Si la promesse de bouleverser et de faciliter le processus créatif est belle, les craintes sont nombreuses. C’est particulièrement vrai chez les scénaristes et créateurs de séries qui réclament qu’un cadre légal soit défini pour protéger leurs métiers et leurs œuvres.
Le 1er mai dernier, une large majorité des auteurs du petit et du grand écran s’est mise en grève. Si ce sont les rémunérations qui sont au cœur du débat, l’intelligence artificielle et ses outils d’écriture sont aussi largement mentionnés par le syndicat américain la Writers Guild of America. L’industrie du divertissement doit-elle rejeter en bloc ou au contraire s’emparer des IA ?
Un assistant omniscient
Dans de nombreux cas, le processus d’écriture est assez solitaire. Que ce soit pour la rédaction d’un roman ou d’un épisode d’une série télévisée, les auteurs ne se confrontent que très rarement aux regards extérieurs durant le processus. Les assistants tels que ceux proposés par ChatGPT peuvent ainsi les aider à parfaire leur copie avant de présenter un projet à des studios par exemple. Alexandre Astier confiait récemment avoir développé un outil numérique pour faciliter le processus d’invention du second volet de Kaamelott au cinéma. Lors d’une masterclass à Genève, il confiait :
“La première chose que je fais quand j’allume mon ordinateur, c’est d’ouvrir un logiciel de que j’ai appelé KV2 Robot dot command. (…) Il me dit ce que je dois faire.”
Ce compagnon lui indique ainsi les scènes à retravailler, les éléments narratifs à inclure pour préparer tel ou tel arc et assure la cohérence du tout. Néanmoins, le scénariste et réalisateur qui a longtemps œuvré sur M6 avec sa pastille d’heroic fantasy ne se sent pas menacé. Il indiquait en avril dernier au Figaro, “Si l’intelligence artificielle est capable de m’imiter, c’est que je suis le problème, pas l’ordinateur”.
Le propos de la Writers Guild of America (WGA) n’est d’ailleurs pas d’interdire le recours à des outils comme ChatGPT mais d’assurer qu’un cadre légal puisse protéger ses syndiqués. Dans un document regroupant toutes les propositions de l’organisation, on peut ainsi lire que la WGA veut empêcher l’utilisation directe de récits créés par l’IA ou de la réécriture de certains projets par celle-ci. Le but est évidemment d’assurer aux scénaristes et créateurs que leurs métiers ne soient pas à terme remplacés par des outils d’intelligence artificielle.
The WGA’s proposal to regulate use of material produced using artificial intelligence or similar technologies ensures the Companies can’t use AI to undermine writers’ working standards including compensation, residuals, separated rights and credits. #WGAStrong 🧵1/7
— Writers Guild of America West (@WGAWest) March 22, 2023
L’intelligence artificielle n’invente rien
Si l’IA est vue comme une menace pour le marché du travail, elle interroge aussi concernant la propriété intellectuelle. Un scénario écrit par une intelligence artificielle peut-il véritablement lui appartenir ? Si les progrès en matière de machine learning sont assez phénoménaux, les outils du genre ne sont pour l’heure pas véritablement capables de créer quelque chose. Reposant sur une immense base de données, ChatGPT fait naître ses récits grâce à des algorithmes et des modèles statistiques. L’agent conversationnel ne s’en cache d’ailleurs pas : “Je suis capable de générer des textes qui, d’un point de vue humain, semblent être imaginatifs. Cependant, il est important de noter que mes imaginations reposent sur des suites de mots qui ont été apprises à partir d’un vaste corpus de données textuelles” .
Nous avons d’ailleurs mis son âme d’écrivain à l’épreuve en lui demandant d’imaginer des blockbusters de fantasy et des épisodes de nos séries préférées. Force est de constater que ChatGPT a de bonnes idées, mais que celles-ci semblent assez familières. Il est même allé jusqu’à proposer des choix de castings. Ces derniers ne viennent pas de nulle part. Benedict Cumberbatch prêtant sa voix à une créature mystique ou Tilda Swinton dans la peau d’une sorcière, il n’est pas difficile de se figurer les œuvres qui lui servent d’inspiration. Reste que tous les textes qu’il partage appartiennent à Open AI, et en ce sens pas véritablement à ceux qui lui demandent de les générer. Il en va de même pour ceux qui demanderaient un récit inspiré d’une œuvre célèbre.
“Si quelqu’un demande à un modèle de langage comme moi de générer une histoire qui ressemble ou qui est similaire à une histoire célèbre, cela ne constitue pas nécessairement du plagiat, car le texte généré est une nouvelle création originale. Cependant, si la nouvelle histoire est très similaire à l’histoire célèbre d’origine et que la différence est minime, cela peut être considéré comme une violation des droits d’auteur”.
Dans le domaine de l’image, les outils Midjourney et Dall-E ont d’ailleurs souvent fait l’objet de critiques à ce sujet. De nombreux artistes ont pointé des similitudes entre des œuvres générées par l’IA et certaines de leurs créations. Beaucoup dénoncent aussi le recours à ce genre d’outils par des entreprises, qui aurait pu confier la tâche à des dessinateurs ou des photographes.
Récemment, c’est Undiz a créé la controverse avec une campagne promotionnelle réalisée en partenariat avec l’agence CowBoys. Avec l’aide de ces photographes et graphistes, la marque de sous-vêtement a incorporé certains de ses modèles de maillots de bain sur des modèles artificiels.
Le cinéma de demain
Les nouvelles technologies nourrissent le cinéma et plus particulièrement la science-fiction depuis des décennies. De Metropolis à Her, nombreux sont les métrages à avoir interrogé les bénéfices et les risques de ces machines pensantes. Si ce soulèvement des robots fait partie des schémas récurrents du genre, l’avenir de l’humanité pourrait moins se trouver du côté des machines que de celui des outils de l’ombre.
L’intelligence artificielle a déjà fait montre de ses talents dans le domaine médical, où elle peut améliorer la qualité des soins. Pour le 7e art, la prochaine révolution pourrait ainsi ne pas être que technique. Si beaucoup d’entreprises du divertissement voyaient en la réalité virtuelle et le métavers un eldorado, leurs regards se sont détournés du vaisseau amiral de Mark Zuckerberg pour explorer de nouveaux horizons.
Chez Disney par exemple, l’intelligence artificielle est déjà utilisée pour rajeunir ou vieillir les acteurs. En janvier dernier, Mickey dévoilait les détails de son outil : FRAN. Grâce à l’apprentissage automatique, l’entreprise a été capable de modifier en direct l’apparence de ses acteurs. Un peu à la manière d’un filtre Snapchat, il promet de faciliter le travail des équipes de VFX.
Indiana Jones 5, qui doit sortir au cinéma dans quelques semaines, devrait d’ailleurs nous offrir un premier aperçu de la machine en action. Selon le propre aveu de l’acteur Harrison Ford, qui s’est offert une cure de jouvence numérique, c’est tout simplement bluffant. On peut aussi noter l’intérêt d’une telle technologie dans le cas du doublage, où il sera possible de faire coïncider les mouvements labiaux avec les répliques prononcées dans n’importe quelle langue.
Reste aussi que l’intelligence artificielle pourrait être utilisée à des fins de recherche et de perfection des œuvres cinématographiques, comme pour faire éclore des dessins prévisionnels ou des inspirations pour les décors. De son côté, ChatGPT argue avoir de nombreuses cordes à son arc pour aider les écrivains à corriger, étoffer leurs scénarios ou même fournir des commentaires instructifs sur le déroulement des événements.
Récemment, un court métrage du Nikon Film Festival s’est illustré pour avoir offert une réflexion sur le sujet. Anna Apter a réalisé un film seule et sans équipe avec l’aide de Midjourney. Elle confiait lors de la présentation de son projet : “J’ai fait /Imagine parce que je ne voulais dépendre de personne d’autre que moi et que j’étais prise à ce moment par la production d’une série, c’est un projet solitaire, un coup de tête”.
C’est sans doute là que l’intelligence artificielle à une carte à jouer, en permettant à des coups de tête de prendre vie. Les prochains mois promettent d’être décisifs pour l’industrie qui va devoir s’emparer de cette thématique et construire en partenariat avec les différents syndicats une ligne de conduite pour les années à venir.
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