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Votée en octobre dernier, la loi intitulée « loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable », entre progressivement en vigueur.
L’un de ses volets vise à améliorer la rémunération des producteurs pour qu’ils puissent correctement vivre de leur travail. C’était l’un des principaux axes des états généraux de l’alimentation (Egalim) organisés de juillet à décembre 2017 et qui ont inspiré la loi.
Pour y parvenir, le gouvernement et un certain nombre d’acteurs du secteur de la distribution, des industriels et des syndicats d’agriculteurs ont longuement négocié un mécanisme qui est censé permettre, in fine, aux producteurs de gagner plus d’argent.
L’idée sous-jacente est de faire cesser la guerre des prix dans la grande distribution, afin que les hypermarchés augmentent leurs marges et puissent par ricochet mieux payer les industriels, pour qu’eux-mêmes puissent mieux payer leurs producteurs.
De nouvelles règles
Fort de cet objectif, le législateur a changé les règles.
D’une part, depuis le 1er janvier, les promotions sont désormais encadrées et limitées à 34% de la valeur du produit, signant théoriquement la fin des offres comme « un produit acheté = un produit offert ». Dans un deuxième temps, à compter du 1er mars, les promotions seront également limitées en volume, à hauteur de 25%.
D’autre part, depuis ce vendredi 1er février, la loi impose également une augmentation de 10% du SRP, le seuil de revente à perte. De quoi parle-t-on ?
Jusqu’à présent, quand un hypermarché vendait un produit, il était obligé de le vendre au moins le prix qu’il l’avait acheté, en vertu de l’interdiction de vendre à perte (instaurée pour tout produit depuis 1996).
Une hausse de 10% sur certains produits
Ainsi, 7% environ des produits alimentaires sont vendus avec une marge nulle ou quasi nulle. Ils sont considérés comme des « produits d’appels » et servent essentiellement à attirer les consommateurs dans le magasin à grand coup de promotions, comme Intermarché l’avait fait avec une méga promotion sur le Nutella il y a un an. Il s’agit essentiellement d’une stratégie des grandes surfaces en périphérie de ville car les supermarchés urbains réalisent rarement moins de 10% de marge sur un produit.
En parallèle, le distributeur s’offre des marges plus confortables sur d’autres gammes de produits, notamment les produits agricoles.
Or, depuis ce vendredi, les grandes surfaces sont obligés d’ajouter 10% minimum de marge sur les produits d’appel, qu’ils ne peuvent donc plus vendre à prix coûtant.
Exemple, si une enseigne achète un produit 1 euro à un fournisseur, elle ne peut plus le revendre 1 euro, mais doit monter son prix à 1,10 euro. Les 10 centimes supplémentaires sont considérés comme correspondants aux coûts réels de l’enseigne, pour acheter, réceptionner, stocker, mettre en rayon le produit, le garder au frais… autant de lignes de coûts jusqu’alors pas pris en compte dans le calcul du seuil de revente à perte.
Des contreparties non contraignantes
Mécaniquement, en augmentant les prix de 10%, les enseignes gagneront plus d’argent sur ces produits et le législateur espère qu’en contrepartie elles réduiront leurs marges sur les produits agricoles au profit des agriculteurs.
Mais cela semble à un voeu pieu. Aucun système contraignant de redistribution n’a été mis en place pour être sûr que les enseignes jouent le jeu.
Ce qui depuis plusieurs mois fait dire à certains et notamment à Michel-Edouard Leclerc, que « c’est une arnaque ». Le patron du mouvement E.Leclerc dont la stratégie repose sur des prix bas s’interroge en effet sur la façon dont l’augmentation de 10% du prix d’un pot de Nutella va finir dans la poche d’un éleveur français.
Dans un communiqué publié jeudi, la FEEF, Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France — qui représente les fournisseurs de PME de la grande distribution — partage le constat que le « ruissellement » des marges vers les agriculteurs n’est pas acquis. Elle met en garde sur les effets de cette hausse du SRP qui selon elle, va essentiellement inciter les grandes surfaces à offrir plus de place dans ses rayons aux grandes marques internationales et nationales aux dépens des produits des PME françaises.
L’ingéniosité des enseignes
De leur côté, les grandes enseignes se défendent à cor et à cri et communiquent à qui mieux mieux sur le fait qu’elles veulent protéger le pouvoir d’achat des Français contre cette hausse des prix de 10% qu’on leur impose. Elles rivalisent d’ingéniosité pour continuer à faire de grandes promotions, non plus avec des ristournes directes mais avec d’habiles remboursements ou cumuls de points sur leurs programmes de fidélité.
La guerre des prix se déplace également vers les produits non alimentaires, qui ne sont pas concernés par la hausse du SRP. A défaut de Nutella, les prochaines promotions monstres pourraient donc se faire sur les couches ou les lessives.
Le cabinet Nielsen l’avait prédit lors du Retail Execution Forum le 22 novembre dernier. « En 2019, le budget promo ne va pas diminuer, mais il sera ré-alloué », disait alors Daniel Ducrocq, directeur du service distribution de Nielsen.
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Yalayolo Magazine