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Fondée en 2012 aux Pays-Bas, Bunq est une fintech internationale dotée d’une licence bancaire européenne qui offre, par abonnement, plusieurs services bancaires. Au cours d’une levée de fonds bouclée l’année dernière, la start-up accède au rang de licorne et porte sa valorisation à 1.6 milliard d’euros. Déjà présente à Amsterdam, Rotterdam, Dublin, Sofia, Madrid, Bruxelles, Vienne et Varsovie, Bunq poursuit son expansion et vient tout juste d’acquérir Tricount, l’application belge d’organisation de dépenses en groupe. Ali Niknam, fondateur et CEO de Bunq, a accepté cet entretien pour nous décrypter les évolutions qui marquent à ce jour l’innovation bancaire.
Pourquoi avez-vous décidé d’acquérir Tricount ?
Tricount est une belle entreprise et la marque fait désormais partie du langage commun. Et comme nous sommes toujours à l’écoute de nos utilisateurs, ce produit est apparu comme un service parfaitement complémentaire à notre offre bancaire. Le lien et la confiance sont les choses les plus importantes pour nous et les valeurs de Tricount sont définitivement en adéquation avec les nôtres. D’ailleurs, nous appelons toutes les start-up innovantes comme Tricount à nous rencontrer et nous verrons si le service est compatible avec ce que veulent nos utilisateurs.
Pensez-vous que nous sommes toujours dans une situation de concurrence classique entre les acteurs traditionnels et les fintechs ?
Je pense que le marché néerlandais est un peu le même que le marché français : lorsque des fintechs comme nous sont apparues, les grandes banques traditionnelles ont commencé à copier une partie de notre modèle pour compléter leur produit principal. Mais finalement, elles ont été perturbées plus rapidement qu’elles ne l’avaient imaginé et elles ont commencé à collaborer. En même temps, les fintechs savent que les grandes banques ont un grand terrain de jeu au niveau international et elles cherchent à se rapprocher d’elles. C’est un grand pas pour l’écosystème bancaire, mais il y a encore des efforts à faire pour arriver à maturité sur l’open-banking.
La réalité est qu’il est presque impossible de concurrencer les grands acteurs lorsqu’ils monopolisent plus de 50 % du marché. En outre, les banques françaises sont beaucoup plus grandes que celles des Pays-Bas et, du point de vue réglementaire, il est aussi plus difficile de se lancer sur le marché.
Selon la Banque centrale néerlandaise, Bunq est l’une des fintechs qui a ” rendu le marché plus compétitif et plus innovant “…
Je suis heureux d’entendre cela ! Je pense que les banques centrales ont toujours veillé à rester prudentes et elles ont vu le changement dans le secteur. Nous sommes conscients des responsabilités qu’elles nous ont confiées et notamment dans le cadre de notre mission qui vise à apporter plus d’innovation dans le secteur bancaire.
Comment atteindre une plus grande maturité en matière d’openbanking ?
Le premier obstacle qui nous empêche d’atteindre la maturité est le fait que nous n’avons pas encore les mêmes règles partout en Europe. Cela affecte directement les intérêts du consommateur et l’innovation qui s’arrête aux frontières est forcément moins compétitive que celle qui vient des USA.. Le marché du mobile est unifié, alors pourquoi ne pas faire de même pour la banque ?
Le deuxième problème est lié aux usages. Aujourd’hui, le principal service de paiement en Allemagne est Paypal et j’ai entendu dire que les Français utilisaient encore des chèques. Nous devons développer des standards plus européens car les habitudes de paiement en Europe sont très dispersées. Pour une meilleure maturité sur l’openbanking, il faut favoriser l’uniformisation des banques européennes.
Ces dernières années, nous avons également entendu parler des nouveaux services bancaires proposés par les géants de la technologie, comme les projets de comptes courants d’Amazon et de Google…
Bien sûr, les acteurs américains arrivent car l’Europe est un marché énorme. C’est une menace directe pour les grandes banques mais pas pour nous car nous sommes moins coincés dans notre modèle et nous pouvons nous adapter assez vite.
Aux Pays-Bas, nous sommes très efficaces en matière d’innovation dans les paiements, mais le problème est que le marché demeure très petit. En Europe, nous partageons toujours la vision du “pays par pays” avec des acteurs locaux qui défendent leur propre marché. Nous avons besoin de plus de concurrence au sein des marchés nationaux pour promouvoir une plus grande collaboration entre les entreprises spécialisées en Europe.
L’interopérabilité, les normes et les API sont ici cruciales. Selon vous, pourquoi l’internet a-t-il connu un tel succès ? C’est simplement parce qu’il est basé sur une norme unique pour toute la planète.
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