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Jimmy Wales, le fondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, lance une nouvelle initiative pour combattre les fausses informations (« fake news » en anglais) qui pullulent sur Internet. Avec Wikitribune, il entend réunir des journalistes professionnels et des internautes pour vérifier les faits et rétablir les vérités.
Associer une méthode journalistique rigoureuse et respectueuse des principes déontologiques de base à la puissance d’une communauté d’internautes capables de compléter et d’enrichir ce travail : telle est la vocation de Wikitribune. Ce site vient d’être dévoilé par Jimmy Wales, le fondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. « L’information est cassée et nous pouvons la réparer », a-t-il déclaré. L’idée est en effet de lutter contre la propagation de fausses informations, ou « faits alternatifs » (appelés « fake news » en anglais), qui pullulent sur Internet et sèment le trouble.
L’information est cassée et nous pouvons la réparer
Le phénomène n’est pas nouveau mais il a pris une ampleur inédite au moment de l’élection présidentielle aux États-Unis, qui a vu des sites Web lancer de puissantes campagnes de désinformation contre des candidats en se servant d’affirmations sciemment erronées. Ces intox bien ficelées se sont propagées comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, dont on a compris alors l’impuissance à séparer le bon grain de l’ivraie. Face à cette menace susceptible de saper les fondements mêmes de la démocratie, les grands acteurs de la Toile ont commencé à réagir.
Google et Facebook, en tête, ont annoncé des initiatives pour faire la chasse aux fausses informations, notamment en finançant le « fact checking », qui consiste tout simplement à vérifier les faits et informer l’internaute sur la fiabilité de ce qu’il lit. Récemment, le réseau social de Mark Zuckerberg a lancé une vaste opération de nettoyage et supprimé 30.000 comptes en français suspectés de pratiquer l’enfumage. Reste que ni Google ni Facebook ne sont des producteurs de contenus. Malgré leur puissance et le rôle central qu’ils tiennent aujourd’hui dans notre manière de consommer l’information, leur capacité à lutter contre les « fake news » restera limitée.
Wikitribune sera gratuit
C’est là que Wikitribune espère jouer un rôle aussi central que Wikipédia en reprenant sa méthode. Cela consiste à mettre les journalistes professionnels et la communauté des volontaires engagés sur un pied d’égalité. Ensemble, ils construiront une actualité basée sur des faits vérifiés et vérifiables grâce à un accès ouvert et transparent aux sources utilisées pour élaborer un article. Comme avec Wikipédia, n’importe qui aura la possibilité d’intervenir sur un contenu, qui sera ensuite systématiquement vérifié par des professionnels.
Wikitribune sera gratuit et dépourvu de publicité. Sa viabilité économique sera assurée par les dons des lecteurs qui pourront contribuer sur une base mensuelle ou bien de manière ponctuelle. Dans un premier temps, le site sera proposé en anglais. Wikitribune vient de lancer une campagne pour lever des fonds et recruter une première équipe de dix journalistes professionnels. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de 5.000 personnes ont fait un don. La date de lancement de Wikitribune n’est pas encore connue.
Si l’initiative est louable, elle soulève tout de même quelques questions quant à son fonctionnement. La protection des sources fait partie des droits et devoirs d’un journaliste et il est des circonstances ou le non-respect de ce principe peut mettre en danger la vie, la carrière ou la vie privée d’un témoin. Le souci de transparence de Wikitribune s’accommodera-t-il de cet impératif ?
Par ailleurs, qui tranchera sur la fiabilité ou la qualité d’une source si un journaliste professionnel et un contributeur s’opposent sur le traitement d’une actualité ? Ces nouveaux « gardiens de l’information », comme les appelle Jimmy Wales, vont devoir aussi apprendre à travailler ensemble s’ils veulent parvenir à « réparer » l’information.
Ce qu’il faut retenir
- Wikitribune veut faire travailler les journalistes professionnels et les contributeurs volontaires sur un pied d’égalité.
- Le site d’information sera gratuit, sans publicités et financé uniquement par les dons des internautes.
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