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Et si les exportations françaises ne parvenaient pas à regagner leurs parts de marché pour une autre raison qu’un manque de compétitivité des entreprises de l’Hexagone ? C’est l’hypothèse que formule une étude, repérée par Les Echos, du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), un organisme public rattaché au Premier ministre.
Depuis la crise financière de 2009, les voisins européens de la France — l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie — ont observé une nette progression du solde de leur balance courante (exportations moins importations), quand dans le même temps l’Hexagone a vu cet indicateur se redresser que très légèrement.
Le solde de la balance courante de la France, qui inclut les échanges internationaux de biens et services (balance commerciale), ainsi que les revenus et transferts courants, affiche un déficit moyen de 0,7% du PIB pour les années 2015-2017. Entre 1999 — où il était à 3,4% — et 2011, il n’a cessé de reculer pour tomber en territoire négatif, comme le montre le graphique ci-dessous.
Souvent pointé du doigt, le coût du travail n’expliquerait pas l’écart qui s’est creusé avec l’Allemagne. Avant 2011, les divergences de coûts permettait d’expliquer « une bonne partie des écarts de croissance des exportations françaises et allemandes », estiment les auteurs de l’étude.
Mais ce n’est pas le cas pour les années suivantes, au cours desquelles la France affiche une stabilité de la croissance des salaires, quand celle-ci accélère outre-Rhin.
Or, les exportations de l’Allemagne ont continué de progresser plus vite que celles de la France, entraînant un écart de 306 milliards d’euros au total (graphique ci-dessous).
La compétitivité hors prix ne suffirait pas non plus à expliquer la faiblesse des exportations françaises comparées aux exportations allemandes. Si la qualité des produits en provenance d’outre-Rhin est souvent mise en avant, les études ne suggèrent pas de sous-performance française en la matière, relève le Cepii.
De même, la spécialisation de l’économie française n’est pas un facteur expliquant la trajectoire de ses exportations. En dehors de l’aéronautique, qui gagne des parts de marché au niveau mondial, l’ensemble des secteurs observent un déclin d’environ 40%. Autrement dit, « l’atonie des exportations françaises ne trouve pas son origine dans un accident industriel pour un secteur donné », expliquent les auteurs de l’étude.
Mais alors comment expliquer que les exportations françaises peinent tant à regagner du terrain ? La structure de notre économie, qui compte de nombreuses multinationales, jouerait un rôle déterminant. Leur poids est « beaucoup plus grand que chez les autres grands pays de la zone euro », rappelle l’étude.
Or, ces multinationales privilégient l’investissement à l’étranger plutôt que l’exportation. « Les revenus des investissements directs à l’étranger ont atteint 69 milliards d’euros l’an passé, ce qui représente 3% du PIB, contre 2,5% en Allemagne », a précisé aux Echos Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur.
Les multinationales françaises employaient 6 millions de salariés à l’étranger en 2014, contre 5 millions pour les allemandes, 1,8 million pour les italiennes et moins d’un million pour les espagnoles. Et leur chiffre d’affaires à l’étranger a décollé de près de 60% entre 2007 et 2014, soit une hausse deux fois plus importante que pour les multinationales allemandes et italiennes.
Dans le secteur automobile, par exemple, la production réalisée dans des pays à bas revenus par les constructeurs automobiles est passée de moins de 10% au début des années 2000 à près de 50% en 2016, quand cette part n’a progressé que de 15% à 25% pour les marques allemandes.
« Les activités de conception et de R&D de ces constructeurs sont cependant restées localisées en France pour l’essentiel, illustrant la dissociation entre les activités liées à l’investissement immatériel et celles de production », indique le Cepii.
Pour dynamiser les exportations françaises, réalisées essentiellement par les multinationales (à 88% entre 2011 et 2015 selon l’Insee), le Centre d’études invite notamment à renforcer l’attractivité de la France « comme lieu non seulement de conception mais également de fabrication ».
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