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Gueule de bois. Tête sous l’eau. Il n’y a pas de métaphore assez forte pour résumer l’état d’esprit des chefs d’entreprises depuis l’annonce par le président de la République de quatre semaines supplémentaires de confinement à compter du vendredi 30 octobre dernier. Encore sonnés par la première vague épidémique et ses conséquences sur leur activité, beaucoup d’entrepreneurs pourraient céder à la tentation de baisser les bras.
Après tout, autour d’eux tout n’est à première vue que désolation. Après l’effondrement du deuxième trimestre et le rebond quasi mécanique observé pendant l’été, tout indique que l’activité va de nouveau piquer du nez durant les trois derniers mois de l’année. Attendu autour de -4,5% par rapport au trimestre précédent, la croissance du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre va connaître un plongeon spectaculaire, qui devrait ramener la richesse créée durant toute l’année 2020 à un repli autour de -10%, bien supérieur à celui enregistré lors de la crise de 2008.
« Rien ne va plus ! » disent en substance les croupiers de la sphère patronale, de Geoffroy Roux de Bezieux (MEDEF) à François Asselin (CPME), pas très loin de claquer la porte de Matignon lors de la dernière réunion de concertation avec le Premier ministre mardi dernier, tant ils craignaient alors l’effondrement de l’activité et de la confiance dans les TPE et les PME de l’hexagone à l’approche de l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions sanitaires.
Peu de choses inclinent en effet à l’optimisme. Alors que le quatrième trimestre de l’année est le plus important pour les ventes, avec en moyenne 2% de plus que pour les autres trimestres, tous les indicateurs sont en rouge. Non seulement parce que le premier confinement avait laissé des traces et que le « rattrapage » s’avère long, mais aussi parce qu’il faut s’attendre à ce qu’une partie des achats traditionnels de fin d’année se fasse davantage en ligne, au détriment du commerce de proximité, déjà décapité par les confinements successifs.
Ce n’est pas tout : après l’exemple du printemps dernier, rien ne dit que le gouvernement ne sera pas contraint de prolonger la durée du confinement au-delà du 1er décembre, quitte -dans un scénario intermédiaire- à l’abandonner mais à maintenir des mesures contraignantes telles que le couvre-feu, afin d’éviter le relâchement fautif constaté pendant l’été dernier.
Surtout, le deuxième confinement intervient alors que les entreprises françaises sont déjà très affaiblies, avec nombre d’entre elles déjà très endettées, tandis que beaucoup de ménages adoptent pour leur part un comportement de précaution, les amenant à privilégier l’épargne.
De quoi osciller entre l’abattement et la colère. D’autant qu’avec cette seconde vague pandémique, les perspectives de sortie de crise s’éloignent encore davantage. Beaucoup d’experts considèrent désormais qu’une croissance de +8% telle qu’on l’imaginait il y a encore quelques semaines pour 2021 relève désormais plus de l’utopie que d’une prévision raisonnable.
Alors comment faire pour garder une lueur d’espoir face à l’incertitude radicale et cette accumulation de nuages sur le ciel entrepreneurial ?
Quatre raisons plaident pour inviter les entrepreneurs qui le pourront à faire le gros dos en attendant des jours meilleurs, tout en préparant l’avenir.
- Une nouvelle enveloppe de 20 milliards pour sécuriser l’activité des entreprises à court terme
La première c’est d’abord que le gouvernement ne lâche rien lui non plus. Après avoir déjà déversé 64 milliards d’euros de dépenses budgétaires en mesures de soutien, une nouvelle enveloppe de 20 milliards supplémentaires a été annoncée par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire. Une enveloppe d’ailleurs calibrée pour faire face aux besoins de l’économie correspondant à deux mois de confinement…
L’arsenal des mesures ne comporte certes guère de nouveauté, mis à part la création d’un dispositif fiscal devant permettre de réduire les loyers des commerces les plus en difficulté. Mais il muscle les aides déjà distribuées au cours des derniers mois, avec par exemple un fonds de solidarité qui réévalue le plafond d’aide, désormais remonté à 10 000 euros par mois, pouvant être versé à toutes les entreprises dont l’effectif ne dépasse pas 50 salariés.
Autre bonne nouvelle, la générosité du chômage partiel ne se dément pas : jusqu’à la fin de l’année, toutes les entreprises verront leur reste à charge maintenu à hauteur de 15%, alors qu’il devait passer à 40%.
Mais l’annonce la plus spectaculaire du gouvernement c’est sans doute le décalage d’un an des remboursements du prêt garanti par l’Etat (PGE), qui pourra débuter pour les entreprises qui le souhaitent en 2022, au lieu de 2021.
- Un plan de relance opérationnel pour soutenir la transformation des PME et ETI
Le bouclier public anti-crise, s’il se renforce, compte toujours – et c’est la seconde raison pour laquelle il faut continuer de s’accrocher aux branches et garder espoir- toutes les mesures qui ont été décidées à la rentrée dans le cadre du plan de relance. Y compris en vue de faciliter la recapitalisation de beaucoup de PME françaises. Ainsi, le dispositif de quasi fonds propres devant permettre d’injecter au moins 20 milliards d’euros dans le bilan des PME et ETI ayant dû s’endetter pendant la crise, devrait démarrer au premier trimestre 2021, sous la forme de premiers prêts participatifs dès lors que l’aval des autorités européennes aura été obtenu.
L’énorme travail engagé par les ministres Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher à Bercy a aussi permis de concrétiser les engagements pris par l’Etat en faveur de l’accélération de la transformation de nos entreprises pour les aider à se projeter dans le futur. A ce titre, les entrepreneurs peuvent commencer à s’emparer des nouvelles aides prévues dans le cadre du décret n°2020-1291 du 23 octobre dernier relatif à « l’aide en faveur des investissements de transformation vers l’industrie du futur des PME et ETI industrielles ». Versée sous forme de subvention, elle pourra bénéficier aux entreprises qui réalisent un investissement dans un bien appartenant à différentes catégories d’équipements et machines, notamment dans le champ robotique, la fabrication additive ou encore les machines de production à commande programmable ou numérique.
Sécuriser le très court terme et se projeter, malgré tous les obstacles, vers l’avenir. C’est le vœu qu’on doit faire pour nos entreprises, gravement affectées par les conséquences de la crise sanitaire.
- L’instrument monétaire européen toujours au secours du financement des entreprises
Chacun de nos dirigeants doit mesurer que dans ce combat contre le covid-19 et dans cette lutte pour la survie économique, seule l’unité et la coordination des grands acteurs nationaux et internationaux facilitera le succès. Sous cet angle, il y a une troisième raison d’être optimiste. Les institutions internationales sont bien aux taquets. La présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, a eu l’occasion de rappeler la semaine dernière que le 10 décembre prochain, l’institution monétaire de Francfort annoncera bien une nouvelle série de mesures pour soutenir l’économie. Si la nature de ses mesures n’est pas encore connue, et dépendra des conclusions de la réévaluation prochaine des perspectives économiques et financières, il y a fort à parier que l’enveloppe dévolue au programme d’achats d’urgence lié à la pandémie, déjà relevé à 1 350 milliards en juin dernier, pourrait encore s’étoffer.
- La crise comme opportunité de faire émerger un modèle de croissance plus vertueux
De son côté, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), dont les ministres des finances des 37 pays membres se sont réunis les 29 et 30 octobre dernier, appelle déjà à tirer les leçons de la crise, indiquant qu’on ne pourra pas continuer comme avant. C’est sans doute la quatrième et dernière raison pour laquelle les entrepreneurs et leurs salariés doivent continuer à se battre. Pour la première fois, on sent que les conditions sont davantage réunies pour que les principaux dirigeants de la planète travaillent mieux ensemble à l’émergence d’un nouveau modèle de croissance plus inclusive et durable.
Un nouveau paradigme qui ne verra le jour que si entrepreneurs et salariés se rassemblent autour de principes qui replacent véritablement l’humain au centre du projet d’entreprise. De nouvelles manières de travailler (télétravail) mais aussi de manager peuvent éclore de la crise. Une meilleure association des collaborateurs aux résultats (intéressement et participation), au capital (actionnariat salarié) mais aussi aux décisions (gouvernance) est la trajectoire logique et éminemment souhaitable que doivent suivre nos entreprises quelles que soient leur taille et leur secteur d’activité.
Entrepreneurs français, ne baissez pas les bras ! Sécurisez votre activité, en vous emparant massivement des dispositifs publics de soutien pour garantir la survie de votre entreprise. Et préparez votre avenir, en modernisant votre appareil productif et votre management. Les temps sont durs. Très durs. Ils sont aussi propices à l’émergence d’un modèle beaucoup plus vertueux.
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