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« En France, toute somme d’argent non dépensée est une cagnotte pouvant faire l’objet d’un droit de préemption de la part des pouvoirs publics » s’attriste Jean-Pierre Thomas, président du Cercle de l’Épargne. Et les experts de tout poil ne manquent pas d’idée pour mettre la main sur l’épargne des Français.
Près de 100 000 milliards, voilà ce que les Français ont mis de côté depuis le mois de mars. Si pour certains, comme Michel Mathieu, directeur général de LCL, « C’est une bonne nouvelle, car cela veut dire qu’il y a un potentiel d’épargne qui peut s’investir en tout ou en partie dans notre économie », beaucoup s’agitent en coulisses, depuis quelques mois, pour mettre la main sur le pactole. Et les idées ne manquent pas.
Lors des rencontres du Cercle des économistes d’Aix-en-Provence, le sujet de la relance de l’économie par la stimulation de la demande la cause était au centre des débats.
« Le plan France Relance, présenté par le gouvernement est un plan de l’offre, tourné vers l’investissement, donnant l’initiative de la relance aux entreprises. Or la reprise se fera uniquement si un dialogue s’installe entre cette dynamique nouvelle des entreprises et une confiance dans l’avenir retrouvé par les ménages. Ces derniers doivent accompagner le plan de relance en utilisant leur épargne pour investir ou consommer plus, et enclencher ce cercle vertueux entre l’offre et la demande » résume Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes. Ce dernier propose d’ailleurs des initiatives pour stimuler la consommation comme instaurer un abondement de l’État dans les titres-restaurants et généraliser un « pass-consommation » aux secteurs en difficulté comme le tourisme, la culture et les loisirs.
« Ne touchez pas au grisbi » exulte Jean-Pierre Thomas qui s’inquiète que « depuis le déconfinement, la cassette fasse l’objet de tous les phantasmes et de toutes les tentations. Certains rêvent de réinjecter cette manne dans la consommation, d’autres de réorienter cette épargne liquide vers des placements longs. Dans ce contexte, rien d’étonnant que le concours Lépine pour la création d’un nouveau produit d’épargne se soit ouvert. De la création d’un Livret Covid au lancement d’un emprunt national, les propositions ne manquent pas. Ces dernières années, de nombreux produits lancés de manière opportuniste n’ont pas répondu aux attentes de leurs auteurs. Les contrats NSK ou DSK, les contrats Vie Génération et l’Eurocroissance en sont les tristes exemples. »
Mais sa cause semble perdue d’avance. Pour le gouvernement, c’est clair, le plan de relance sera financé, en partie, par l’épargne réglementée des Français.
Le ministère de l’Économie a d’ailleurs donné son accord à la Caisse des dépôts pour élargir les conditions d’utilisation des fonds collectés sur les livrets A, Livret de développement durable et solidaire, Livret d’épargne populaire, pour octroyer des prêts à très long terme pour des programmes d’intérêt général, essentiellement logement social et collectivités locales actuellement. Ces prêts pourront financer des projets prioritaires dans le cadre de la transition écologique et énergétique, la santé ou encore le tourisme. Ils “soutiendront également les projets des élus en matière de transports propres, de production d’énergies renouvelables ou encore de rénovation énergétique des bâtiments publics comme les écoles”.
Côté contrats d’assurance-vie, qui avec 1 800 milliards d’encours reste le placement chouchou des Français, la messe semble également dite. Depuis plusieurs mois, les banquiers et les assureurs qui les gèrent limitent drastiquement l’investissement sur les fonds en euros, les plus sécurisés, pour pousser les clients vers les unités de comptes (UC), investis en Bourse et donc censés être plus favorables au financement de l’économie réelle.
Les Français fuient l’assurance-vie
Résultats depuis, les Français fuient l’assurance-vie. La collecte baisse même dangereusement : -4,7 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l’année (15 milliards d’euros sur la même période en 2019).
Reste, pour les Français, la solution de laisser « dormir » l’argent sur leur compte en banque. En espérant que, sous couvert des taux négatifs pratiqués par la Banque Centrale Européenne, les banques ne généralisent pas la facturation des dépôts. Car certaines grands établissements ont déjà pris des initiatives pour les décourager.
Les banques commencent à taxer les dépôts
La banque suisse UBS, spécialisée dans la gestion de fortune, facture ainsi les dépôts de ses clients particuliers détenteurs d’un compte courant en Suisse. Les clients détenteurs d’un compte dépôt pour un montant supérieur à 500 000 devront régler des frais annuels de 0,6 %. Et pour les dépôts de plus de 2 millions de francs suisses, les frais grimpent à 0,75 %. Ses concurrents, Pictet, Crédit Suisse et Julius Baer, pratiquent aussi ce type de frais. Quelques banques nordiques et allemandes sont aussi passées à l’acte, rappelle le journal l’Agefi, tout comme la suisse Lombard Odier en France. L’italienne UniCredit a quant à elle rehaussé le seuil des comptes concernés de 100 000 à un million d’euros.
Mais dans le marché, la prudence est de mise. Après avoir étudié le sujet, Rothschild & Co a finalement renoncé. « La mesure évoquée n’est pas pratiquée par Rothschild & Co en France», assure à L’Agefi une porte-parole de la banque. Dans les grandes banques de réseaux, la question est pour l’instant en suspens. Mais jusqu’à quand ?
Et ne comptez pas sur les Fintechs pour leur mettre la pression. En Angleterre, la fintech britannique Starling a prévenu ses clients qu’elle allait facturer les dépôts au-delà de 50 000 euros. Monzo ou encore Revolut pourraient lui emboîter le pas.
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