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Face à la concurrence des géants comme Disney et Netflix, le président de la République annonce, en mai 2019, la création d’un fonds de 225 millions d’euros destiné aux Pôles Industries culturelles et créatives. La contre-attaque est lancée sous la houlette de Bpifrance chargée d’orchestrer et de sélectionner les pépites à financer. Nicolas Parpex, son directeur, nous a livrés les secrets du fonds Industries créatives qui finance à la fois des médias comme Brut, les marques de mode Bompare et Bonne Gueule mais encoreles meubles en ligne design de Tiptoe.
Un champ d’application polymorphe depuis 2019
En réalité, Bpifrance n’en est pas à son coup d’essai dans ces domaines. En 2012, elle reprenait déjà les rênes des fonds Mode et Finance 1 et 2, du Fonds pour les Savoir-Faire d’Excellence ainsi que des fonds Patrimoine et Création 1, 2 et 3 alors gérés par la Caisse des dépôts. L’arrivée du fonds Industries créatives est venue élargir le champ d’investissement de la banque publique qui couvre désormais “huit thématiques sectorielles French Touch que sont le cinéma audiovisuel, la mode et le luxe, la beauté, le jeu vidéo, l’édition, la musique, la gastronomie et l’art et le design” , détaille Nicolas Parpex.
Cette diversité se trouve également dans la typologie des entreprises accompagnées : des startups, des PME en croissance ou des entreprises taille plus importante mais toujours indépendantes. Les tickets de 300 000 à 10 millions d’euros investis permettent alors de financer des projets de croissance notamment d’expansion à l’international. Au final, Bpifrance intervient souvent comme co-investisseur et parfois en fonds de fonds pour pousser le financement de tous ces secteurs.
Avoir une dimension créative mais pas forcément technologique
Au niveau des startups, la banque d’investissement fait le choix d’investir dans des sociétés qui possèdent « une dimension créative, une dimension French Touch et présentent aussi une innovation, technologique ou non ». Brut illustre parfaitement cet exemple, la société est “imprégnée d’un écosystème numérique dans son mode de diffusion mais fait preuve d’innovation dans le choix éditorial de son contenu et son format » , témoigne Nicolas Parpex. La proposition de valeur peut aussi se trouver « dans le modèle économique de la startup, avec des solutions d’abonnement dans le jeu vidéo, ou dans la fashion tech avec des marques qui présentent des collections capsules ».
Un tel programme peut effrayer plus d’un investisseur. Les fonds de capital-risque ou d’investisseurs financiers sont parfois frileux à l’idée d’investir dans des secteurs qui représentent parfois « un aléa créatif et commercial fort ». Pour réussir à déceler ces pépites, il faut « posséder une expertise sectorielle importante sur tous les sujets, que ce soit, la mode, le cinéma ou encore les médias car il faut savoir analyser la comptabilité d’une boîte de production comme les KPIs d’une DNVB dans la mode », décrypte Nicolas Parpex.
Bpifrance a acquis cette expérience avec le temps et l’utilise également pour accompagner les startups « à travers des missions de conseil, de la mise en réseau, la mise à disposition d’operating partners et des missions d’accompagnement à l’international” .
Le jeu vidéo, une industrie qui monte
Longtemps délaissé des VCs et des business angels en France suite à l’éclatement de la bulle internet, le marché des jeux vidéo est pourtant un « secteur prioritaire et stratégique sur lequel se penche Bpifrance » . Le fonds multiplie les investissements dans ce secteur depuis deux ans et compte désormais dans son portefeuille des entreprises comme Nacon, entrée en Bourse, ainsi que des éditeurs et des studios de jeux vidéos comme SFL Interactive. « Nous commençons à avoir une empreinte dans le secteur mais nous ne sommes pas là pour faire à la place du marché. Des fonds comme Serena lancent des véhicules pour le gaming, c’est très bien » . En France, le marché a encore besoin de se structurer et d’être accompagné pour espérer concurrencer les géants américains et asiatiques.
Au-delà du marché du gaming, Nicolas Parpex voit se dessiner de nouvelles tendances plus transversales. « Toutes ces industries vont être frappées par des sujets de consolidation, de transition green ou digitale » , les startups capables d’apporter cette dimension seront un élément essentiel pour l’avenir selon lui.
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Yalayolo Magazine