Les Palaces De La Côte D’Azur Se Réinventent Face A La Covid

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Tous les grands hôtels ne sont pas logés à la même enseigne face à la crise du coronavirus. Si les palaces parisiens n’ont pas rouvert leurs portes cet été faute de ces touristes et hommes d’affaires étrangers qui constituent le gros de leur clientèle, les « cinq étoiles » de la french riviera ont osé une reprise. Certains ont même profité de la période de confinement pour innover.

Mais d’abord, il a fallu faire face à l’interruption brutale de l’activité, aux départs soudains et quasi forcés des clients et autres annulations en rafale, à partir du 15 mars dernier.  François-Régis Simon, directeur général du Grand Hôtel du Cap Ferrat, a été marqué par cette séquence inédite. « C’était terrible, dit-il. Le téléphone sonnait sans arrêt, mais pas pour des bonnes nouvelles. Il fallait accompagner les personnes qui résidaient à l’hôtel et qui, pour certaines, ne trouvaient pas de moyens de transport pour rentrer chez eux. Pas évident ».

Puis commença la grande traversée, entamée à la mi-mars et qui prit fin en juin, où les managers ont dû gérer la pénurie. Financière d’abord. Prêt Garanti par l’Etat (PGE) et chômage partiel furent mis en place par la plupart de ces établissements qui comptent des centaines d’employés.

« Merci Macron », entonnent-ils en chœur. « Mais avec une préoccupation, garder les équipes mobilisées dans la perspective d’une réouverture » explique Yann Gillet, directeur général du mythique Hôtel Martinez dont le nom et l’histoire sont associés pour l’éternité au Festival de Cannes, la direction avait institué un quizz via une application de jeux, histoire de maintenir un lien convivial avec le personnel. François-Régis Simon a découvert, lui, comme dans beaucoup d’entreprises, les joies des réunions zoom. Avec ses équipes mais aussi son réseau d’agents de voyages. « On a monté des visioconférences très efficaces avec 25 représentants de Tour Operator à travers le monde, se félicite-t-il. On leur a projeté des films formidables présentant l’ensemble du domaine, réalisés grâce à des drones. C’était presque comme s’ils étaient sur place. Je pense que l’on continuera à en organiser après la crise du Covid. »

Autre hôtel de légende de la Croisette, le Majestic, dont la fameuse piscine a recommencé de ravir petits et grands. Quand on s’entretient avec le DG, Pierre-Louis Renou, on sent tout de suite qu’une attention particulière a été portée aux questions sanitaires. « Nous nous sommes rapprochés de l’hôpital de Cannes, explique-t-il, afin de désinfecter l’hôtel dans les règles de l’art, et d’ajuster les procédures dans la perspective de la reprise ». La distance sociale exigée par l’Etat et fortement recommandée par les soignants a contraint les dirigeants du Majestic à se montrer créatifs. « Pour la première fois, nous avons ouvert la plage aux petits déjeuners, ce qui a désengorgé les salons et la terrasse, souligne le DG. Les clients ont apprécié cette nouveauté ». Afin d’éviter la promiscuité dans la salle de gym, des vélos d’intérieur ont été installés dans certaines chambres. Et des séances de sport se déroulent désormais sur la plage. Idem au Martinez où a été contracté un partenariat avec la Team Kalon.  Ce sont, ni plus ni moins, des danseuses du Moulin Rouge et du Lido qui animent les cours de fitness matinaux. Inutile de préciser qu’il y a affluence…

L’obligation  de distance sociale a, par ailleurs, contraint le Four Seasons du Cap Ferrat à se restructurer du point de vue de la restauration.
Il a fallu équiper La Véranda, le bistrot chic, de nouvelles terrasses tout en travaillant avec moins de personnel car les clients étaient moins nombreux. Qu’à cela ne tienne, le jeune chef du « gastro », Yoric Tièche, a organisé le travail de façon à ce que sa cuisine œuvre pour l’étoilé et le bistrot. « Ca fonctionne parfaitement, assure-t-il, car les équipes jouent le jeu ». « C’est d’ailleurs le cas de tous nos salariés, renchérit François-Régis Simon. A des moments critiques, il est arrivé qu’un concierge remplace un voiturier ! »

Comme les managers de ces établissements ont eu du temps devant eux pendant les trois mois de confinement, ils ont cogité afin de se mettre à la place du client projetant de revenir à l’hôtel. Que pourrait-il attendre ? Du côté du Martinez, la réponse tient en un verbe pronominal : se lâcher. Autrement dit, se faire plaisir. Le restaurant Le Jardin, géré par le chef doublement étoilé, Christian Sinicropi, a été transformé en une terrasse arborée gastro-festive où le DJ monte perceptiblement le son à partir de 22H. Plus fort encore, le Martinez a profité de la fermeture des boîtes de nuit cannoises pour attirer les jeunes sur sa plage où presque tous les soirs, ont lieu les soirées Oh La La !. On y sert d’amusantes cagettes de légumes et brochettes à partager, d’appétissantes corbeilles de fruits et bien entendu, de succulents cocktails. Charge au DJ d’enchaîner les bons morceaux afin d’inciter les jeunes femmes à se débarrasser de leurs chaussures et les garçons à tomber la veste pour, sur les coups de minuit, se dandiner les pieds dans le sable, un verre à la main.

Autre lieu, autre culture, plus familiale, au Majestic, on a promu une idée originale, proposer des cours de rattrapage aux enfants qui auraient pris du retard sur le programme pendant le confinement. Des enseignants de l’Education Nationale ont mis en place des exercices spécifiques où le pédagogique le dispute au ludique.  Calculer la taille de la piscine plutôt qu’apprendre par cœur ses tables de multiplication, ça rend l’arithmétique moins barbante…

Les grands chantiers du Martinez

En dépit des difficultés liées au coronavirus, le Hyatt de la Croisette qui s’est récemment rénové poursuit les travaux entamés avant le confinement. Les plus spectaculaires aboutiront cette année à la révélation de la plus grande suite du monde ! Un espace de 1600 m2 au total -1000 m2 pour les chambres et salons et 600 m2 de terrasse- divisible en deux suites de 800 m2.

La cour intérieure, inutilisée actuellement sera, quant à elle, transformée en piscine et solarium. Ouverture prévue au printemps 2021. 

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