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Une décision de justice peut avoir de lourdes conséquences économiques : Microsoft a perdu 17 milliards de dollars de capitalisation boursière en quelques minutes, jeudi 13 février 2020, à Wall Street, rapporte nos confrères de Market Insider. Le cours de l’action est passé de 185,40 dollars à 14h11 (heure locale) à 183,16 dollars à 14h16. La raison : une crainte des investisseurs après la décision d’une juge américaine d’accepter la requête d »Amazon d’ordonner la suspension d’un mégacontrat de 10 milliards de dollars du Pentagone, attribué à Microsoft fin octobre.
D’une durée de 10 ans, le contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure) accordé par le département américain de la Défense vise à moderniser les systèmes informatiques militaires américains dans un système géré par intelligence artificielle. Amazon a déposé une plainte formelle en janvier, et jeudi une cour fédérale a ordonné une injonction temporaire, interdisant donc au Pentagone d’avancer sur ce contrat, d’après un résumé des documents juridiques disponible en ligne. Le géant du commerce en ligne accuse le président Donald Trump d’avoir influencé la décision du ministère de la Défense sans considération pour les arguments objectifs, qui, selon lui, penchent largement en sa faveur, que ce soit en termes d’expérience ou de technologie.
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« Nous sommes déçus par ce délai supplémentaire, mais nous pensons qu’au final nous pourrons aller de l’avant et accomplir le travail nécessaire pour que ceux qui servent notre pays puissent utiliser les nouvelles technologies dont ils ont besoin, de façon urgente », a réagi Frank Shaw, vice-président de Microsoft en charge de la communication. « Nous avons confiance dans le ministère de la Défense, et nous croyons que les faits montreront qu’il a mené un processus d’attribution détaillé, étayé et juste pour parvenir à la conclusion que Microsoft répondait le mieux aux besoins des combattants », a-t-il ajouté.
Une décision sur fonds d’inimitié entre Bezos et Trump
Se disant également « déçu », le Pentagone a regretté pour sa part que cette procédure judiciaire retarde « inutilement la mise en oeuvre de la stratégie de modernisation du ministère de la Défense et prive les soldats d’un lot de capacités dont ils ont urgemment besoin ». « Nous sommes confiants dans notre choix de Microsoft pour ce contrat JEDI », a ajouté le ministère.
La juge a précisé qu’Amazon devait fournir 42 millions de dollars qui seront utilisés pour couvrir les dommages et intérêts si jamais l’injonction était au final considérée comme injustement accordée. Dès la conclusion de l’appel d’offres cet automne, Amazon avait vivement protesté. Cette semaine, le groupe s’est attaqué directement au président américain et à d’autres hauts responsables du ministère, exigeant qu’ils s’expliquent en personne sur cette attribution.
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« Le président Trump a démontré maintes fois sa volonté d’utiliser sa qualité de chef des Armées pour interférer avec des fonctions gouvernementales, y compris l’attribution de contrats fédéraux, à des fins personnelles », a déclaré lundi un porte-parole de la division Amazon Web Services (AWS). Il fait notamment référence à des propos rapportés par James Mattis. L’ancien secrétaire d’Etat américain à la Défense avait indiqué que Donald Trump lui avait dit « d’envoyer paître Amazon » lors d’une discussion sur ce contrat.
Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est la cible fréquente d’attaques virulentes de la part du président républicain, notamment en raison de son investissement dans le Washington Post, un des journaux parmi les plus critiques de Donald Trump et de son gouvernement.
Pour Amazon, l’enjeu est de taille: il s’agit de continuer à dominer un secteur que l’entreprise de Seattle a en bonne partie lancé et qui connaît une très forte croissance. Au quatrième trimestre 2019, les dépenses dans les infrastructures de cloud dans le monde ont bondi de 37% en un an, à 30 milliards de dollars, d’après le cabinet d’études Canalys. Amazon Web Services domine largement le gâteau avec 32% des parts de marché sur cette période, mais ce chiffre est en légère en baisse, tandis que Microsoft, le numéro 2, a progressé de 15 à 18%. Ce contrat « change la donne en faveur de Microsoft avec un effet d’entraînement pour des années », estimait Daniel Ives, en janvier.
L’analyste de Wedbush pense que le groupe de Satya Nadella est désormais bien placé pour remporter une part plus importante qu’Amazon « du prochain trillion de dollars qui devrait être dépensé dans le cloud pendant les dix prochaines années ».
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Yalayolo Magazine