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«Quel est le pouvoir d’inflexion d’Emmanuel Macron, chef d’un État de 67 millions de concitoyens, face à un Mark Zuckerberg, qui détient et marchande les données de plusieurs milliards de personnes ?» La phrase est signée Léa Thomassin et Ismaël Le Mouël, fondateurs de HelloAsso, plateforme spécialisée dans le financement des associations, et de la Social Good Week, dans une tribune au vitriol dans Libération pour dénoncer la tenue du sommet «Tech for Good», qui se tient ce mercredi à l’Élysée. A cette occasion, Emmanuel Macron va recevoir une cinquantaine de grands patrons du numérique, officiellement pour pousser les géants du Web à se mettre davantage au service du bien commun, et donc à s’engager en faveur de secteurs clés comme la santé, l’emploi et l’éducation.
Profitant du contexte favorable, le sommet étant en effet positionné entre l’audition de Mark Zuckerberg au Parlement européen, le salon VivaTech et l’entrée en application du RGPD ce vendredi 25 mai, le président français va ainsi réunir autour de la même table les dirigeants des grands groupes mondiaux. Les géants américains du numérique, notamment Satya Nadella (Microsoft), Dara Khosrowshahi (Uber), Brian Krzanich (Intel), Axel Karp (Palantir) et le patron de Facebook, et les patrons de grands groupes français européens, comme Stéphane Richard (Orange), Xavier Niel (Free), Tom Enders (Airbus), Jean-Paul Agon (L’Oréal), Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), Isabelle Kocher (Engie) ou encore Bill McDermott (SAP) seront ainsi présents lors de cette réunion. Le sommet, qui vise à créer une émulation des idées entre géants mondiaux, doit aboutir à des annonces sur l’inclusion numérique et les problèmes sociétaux provoqués par l’arrivée des nouvelles technologies, notamment leur impact sur le monde du travail et le respect de la vie privée de chacun.
Une réunion sur fond de scandale Cambridge Analytica
Si réunir autant d’acteurs de poids dans la même pièce apparaît comme une performance pour Emmanuel Macron, dans un contexte de défiance marqué notamment par le scandale Facebook-Cambridge Analytica, ce sommet suscite les critiques de plusieurs acteurs de la French Tech, qui accusent le président de la République de faire le jeu de géants mondiaux, dont l’éthique laisse à désirer. Uber, licorne américaine sous le feu des critiques depuis plusieurs années pour sa culture sexiste en interne, les dérapages de Travis Kalanick ou encore le vol des données de 50 millions de clients et de 7 millions de chauffeurs, et Facebook, dont les pratiques portant atteinte à la vie privée de ses utilisateurs sont constamment dénoncées, attisent notamment la colère de la Tech française sociale et solidaire.
«Oui, les géants du Web ont sans doute un rôle à jouer dans le développement d’une technologie au service du bien commun et dans la protection des données. Oui, il est absolument nécessaire de les entendre sur ces sujets. Mais ne nous méprenons pas : ces plateformes portent une vision de l’innovation qui n’a rien à voir avec l’intérêt général, mais davantage avec la génération d’intérêts pour leurs investisseurs», estiment Léa Thomassin et Ismaël Le Mouël dans leur tribune. Ils espèrent cependant que ce sommet constituera une «occasion de leur opposer une vision qui n’est pas celle héritée de la Silicon Valley». Dans les technologies déployées par les géants du numériques, les fondateurs de HelloAsso y voient avant tout un moyen pour eux de renforcer toujours plus leur domination au sein de la société de consommation au détriment de l’intérêt collectif. «Est-ce « for good » d’ubériser des secteurs entiers, des taxis aux libraires ? Non. C’est d’ans l’intérêt de ces plateformes et dans celui de leurs investisseurs, mais certainement pas dans celui du plus grand nombre», jugent-ils.
Au-delà de l’opération séduction tentée par Emmanuel Macron auprès des grands patrons du numérique, c’est le nombre de représentants de la Tech à impact positif qui dérange. «Monsieur le Président, vous avez les premiers de cordée de la Tech for Good sur votre territoire, mais vous semblez leur préférer ceux qui ne souhaitent tenir la corde qu’à condition que cela leur soit rentable», taclent Léa Thomassin et Ismaël Le Mouël. Sur la cinquantaine de poids lourds invités par le président français, seulement cinq sont issus de la Tech sociale et solidaire, à savoir la Wikimedia Foundation, le Future of Humanity Institute, la Mozilla Foundation, le Center for Humane Technology et la start-up française OpenClassrooms, qui vient de lever 60 millions de dollars. De son côté, Google sera présent au sommet via Google.org, son organisation philanthropique qui s’engage dans la lutte contre l’exclusion sociale, l’éducation et l’emploi.
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Yalayolo Magazine