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Changement de présidence remarquée du côté de France Digitale ! Jean-David Chamboredon, co-président emblématique du lobby numérique, cède sa place à l’investisseur Benoist Grossmann, qui a été élu lundi soir pour mener à bien les travaux de l’association aux côtés de Frédéric Mazzella, représentant des entrepreneurs. L’homme connaît particulièrement bien la maison puisqu’il a contribué à sa fondation, dès 2012.
Titulaire d’un doctorat en spectroscopie, passé par la Nasa, il est entré dans le monde de l’investissement dès le début des années 1990 avant de prendre en 2002 la tête de d’AGF Private Equity – qui deviendra Idinvest Partners en 2010. Criteo, Meetic ou Withings se sont notamment développés avec l’appui du fonds. Celui-ci compte aussi dans son portefeuille plusieurs représentants du Next 40, à l’instar de Klaxoon ou Actility, et des sociétés prometteuses comme Wandercraft. « Un effet d’annonce, reconnaît-il. Mais c’est bien de montrer au monde économique que la France dispose de 40 belles sociétés. »
Favoriser les sorties
Désormais à la tête d’un relais majeur de la Tech, il aura à coeur de défendre « un écosystème qui reste fragile« . « Aujourd’hui, nous avons du vent dans les voiles. Mais il faut manoeuvrer le bateau de sorte à ce qu’il y ait toujours du vent arrière, pour éviter de l’avoir de face« , explique-t-il dans une métaphore. Cela consistera notamment à surveiller que les engagements pris au printemps par les milieux financiers sur le financement late stage soient tenus. Et que la loi Pacte porte ses fruits en permettant le recyclage de la valeur créée par les entrepreneurs au sein de l’écosystème.
En tant qu’investisseur, il sera tout particulièrement vigilant à ce que la chaîne de financement reste fluide. « S’il manque un maillon, c’est toute la chaîne qui se casse« . Jusqu’au point de créer une loupe grossissante sur un écosystème en plein boom ? « Oui, il y a beaucoup de capitaux disponibles dans un certain nombre de segments. Oui, certains actifs sont probablement un peu surévalués mais il n’y a pas de bulle qui se crée. Une bulle, c’est lorsque des actifs sont valorisés dix ou cent fois au-dessus de leur valeur et ce n’est pas le cas ici« , souligne Benoist Grossmann. Or seules les sorties permettent d’attester véritablement de la valeur des startups. C’est justement l’un des points sur lesquels France Digitale souhaite travailler.
Se donner du temps pour réussir
Ce travail passera aussi par une meilleure cohésion européenne. « L’idée est à terme de pouvoir créer des marchés boursiers européens qui puissent concurrencer le Nasdaq. Mais la Silicon Valley ne s’est pas créée en un jour, il a fallu 60 ans pour la construire. Notre écosystème a commencé son essor au début des années 2000, il faudra un peu de temps« , temporise le nouveau co-président de France Digitale.
Faut-il alors prôner un modèle de croissance à la française, face aux rouleaux compresseurs américain et chinois ? Face aux procès faits à la Tech par ses détracteurs, Benoist Grossmann – dont le fonds a notamment investi dans Meero et Frichti – préfère botter en touche. « Si l’on compare la situation de l’écosystème au début des années 2000 et aujourd’hui, on est passé des ténèbres au paradis. On ne fait pas une omelette sans casser des oeufs, il y aura toujours des gens mécontents mais il faut se focaliser sur ceux qui le sont.«
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