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GettyImages | Maria Lassnig dans son atelier.
Maria Lassnig était une artiste peignant le « selfie » des décennies avant que cela ne devienne une tendance mondiale. Née en 1919 en Carinthie, au Sud de l’Autriche, l’artiste peintre est passée par l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, ce qui a été prolifique dans sa création de peinture figurative, en particulier de figures d’elle-même.
Mais bien qu’elle ait travaillé presque sans arrêt après ses études à Vienne, Maria est restée largement méconnue durant la plus grande partie de sa vie. De plus, elle a été exclue des discussions importantes ayant rythmée la peinture figurative et sa contribution essentielle au mouvement figuratif du milieu du XXème siècle a été négligée.
En 2016, une rétrospective majeure de son œuvre a changé tout cela. Mais Maria n’était pas au courant de cette accolade tardive. Elle est décédée deux ans avant en 2014 et un an avant de recevoir le Lion d’or de la Biennale de Venise.
Depuis la rétrospective ayant eu lieu au Tate Museum à Londres, des expositions de l’œuvre de Maria apparaissent de temps en temps. Body Check au Lenbachhaus Museum (jusqu’au 15 septembre) à Munich est l’une de ces expositions. Elle montre l’œuvre de Maria qui dépeint des corps, en particulier les siens, et met en contraste son travail avec les peintures figuratives du peintre et sculpteur allemand Martin Kippenberger.
En regardant ses tableaux, il est difficile de ne pas remarquer que Lassnig travaillait dans le domaine du selfie féminin presque cent ans avant qu’il ne devienne un sujet de conversation. Dans les années 1940, elle a créé une méthode qu’elle a baptisée en allemand “Körperbewusstseinsmalerei“, et en français « peinture corporelle ». Aujourd’hui, nous avons l’habitude de voir des œuvres de Rupi Kaur et Arvida Bystrom sur le sang menstruel et les poils du corps, mais Maria a été l’une des premières femmes artistes à ne pas être gênée en peignant le sang, les rondeurs et les aspects féminins que les artistes partagent désormais sur les réseaux sociaux.
Cette approche s’est poursuivie jusqu’à la fin de sa vie. Elle a peint You or Me en 2005, un tableau qui montre sa pose nue avec deux mitrailleuses. Le tableau La qualité de la vie, réalisé en 2001, a une ambiance similaire et montre Maria nue dans la mer tenant un verre de vin. C’est dans des peintures comme celles-ci que le féminisme de Maria est radical, mais ses prises de positions les plus radicales se trouvent dans ses peintures Kitchen War. Dans cette série de tableaux, elle critique les rôles masculins et féminins à la maison, avec des peintures comme In The Kitchen Bride qui dépeint l’artiste féminine comme une râpe à fromage humaine dans la cuisine.
Body Check au Lenbachhaus Museum est une exposition que l’on ne s’attendait pas à trouver à Munich, mais plutôt dans des villes comme Berlin étant considérées comme le centre d’art de l’Allemagne. Mais l’exposition est l’un des nombreux signes que la scène artistique munichoise est à la fois bien établie et en pleine croissance. On y trouve désormais des institutions telles que la Pinakothek der Moderne, un bâtiment post-moderniste conçu par l’architecte allemand Stephan Braunfels. « Il y a 100 oeuvres de Cy Twombly ici à Munich. Je veux dire, c’est incroyable ! » explique Corinna Thierolf . Corinna est la conservatrice en chef du musée, qui a été construit en 2002 pour abriter l’art contemporain du Land de Bavière. Elle abrite aujourd’hui l’une des plus grandes collections d’art contemporain au monde, avec notamment des œuvres majeures de Baselitz, Anselm Kiefer et Ernst Ludwig Kirchner, un membre fondateur du mouvement Die Brucke.
Munich a également le pouvoir d’obtenir des prêts massifs. Plus récemment, ils ont emprunté un tableau de Caravaggio au Vatican à Rome, La Mise au tombeau, pour l’exposition Utrecht Caravaggio and Europe » au Musée Alte Pinakothek, une exposition présentant des œuvres de Caravaggio et des contemporains de l’artiste inspirés par ses oeuvres. L’exposition présente des œuvres d’artistes tels que Bartolomeo Manfredi, Jusepe de Ribera et Valentin de Boulogne, fortement influencés par Caravaggio. C’est la première fois que le Vatican prête des œuvres à un musée de Munich.
L’exposition des œuvres de Maria Lassnig s’inscrit dans le cadre d’un plus grand effort des musées et des galeries de la ville afin d’exposer de l’art moderne et contemporain qui attire un public plus jeune. A côté de ces institutions, des hôtels comme le Bayerischer Hof, avec une aile conçue par l’architecte d’intérieur belge Axel Vervoordt, changent la ville qui était à l’époque perçue comme un lieu d’art et de design classique assez étouffant. Ce changement laisse place à une nouvelle vague de la culture contemporaine à Munich.
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