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Si vous voyagez à l’étranger pour votre travail, vous pouvez prendre un vol de huit heures de New-York à Paris et avoir l’impression d’avoir atterri sur une planète différente.
Pourquoi les gens s’attardent sur un dessert au milieu de la journée? Et pourquoi votre nouveau collègue français est déconcerté quand vous prenez des nouvelles de ses enfants?
Le clash entre la culture d’entreprise américaine et française est quelque chose qui a fait beaucoup réfléchir Emma Seppala et Erin Meyer.
Seppala s’est installée aux États-Unis de France quand elle avait été acceptée à Yale University; aujourd’hui elle enseigne à Yale et Stanford University. Elle est aussi l’auteur du livre « The Happiness Track. »
Meyer a quitté les États-Unis pour s’installer en France il y a 17 ans; aujourd’hui elle est professeur à l’INSEAD et l’auteur de « La carte des différences culturelles. »
Nous avons demandé à Seppala et Meyer de nous expliquer les plus grandes différences qu’elles ont étudiées et dont elles ont fait l’expérience en France et aux États-Unis. Nous avons réuni quelques unes de leurs idées ci-dessous.
Durant votre lecture, souvenez vous qu’il n’y a pas de manière universelle de travailler, bonne ou mauvaise — tout dépend de l’endroit où vous vivez et ce que les gens attendent de vous. Rappelez-vous aussi que les descriptions ne correspondent pas à tous les Français et tous les Américains. Ce sont des observations générales qui peuvent vous aider à vous préparer à travailler dans un autre pays.
Beaucoup de travailleurs américains se définissent par leur profession; pas la majorité des Français.
Les gens vivants aux États-Unis semblent avoir du mal à se détacher de leur travail, dit Seppala. Ce n’est pas parce qu’ils consultent non stop leur mails professionnels — mais parce que leur travail définit leur identité profonde.
« Quiconque venant aux États-Unis remarquera qu’ici les gens sont ce qu’ils font, » dit Seppala. Si quelqu’un demande, « Qui êtes-vous ? » l’autre personne répondra « Je suis avocat. »
« Nous sommes perçus par ce que nous faisons et nous sommes fiers de ce que nous faisons, » ajoute Seppala.
En France, les choses sont différentes. Il est considéré inapproprié de demander d’emblée à quelqu’un ce qu’il fait comme travail.
Seppala dit que c’est parce que « en France, le travail est perçu comme quelque chose que vous devez faire. Mais quand je ne travaille pas, je ne travaille pas. C’est très clair. »
Les collègues français ne partagent pas d’informations personnelles entre eux dès le début; les Américains se confient plus vite à leurs collègues.
Meyer utilise la comparaison avec une noix de coco et une pêche pour décrire la différence entre les travailleurs français et américains.
Les travailleurs français sont des noix de coco — ils sont durs à l’extérieur, mais sont de plus en plus tendres quand on creuse. Les travailleurs américains sont des pêches — ils sont doux à l’extérieurs, mais vous arrivez tôt ou tard à un noyau dur.
Voici ce que ça veut dire. Les Français « ne parlent pas d’informations personnelles avec des inconnus, » dit Meyer. Ils ne mettent pas de photos de famille sur leurs bureaux au travail.
« Ils sont très formels avec les gens avec qui ils n’ont pas construit de relation, et il est peu probable qu’ils sourient beaucoup ou parlent de choses personnelles avec des personnes qu’ils ne connaissent pas bien. »
Mais quand vous apprenez à les connaître, ajoute Meyer, « ils deviennent de plus en plus chaleureux, de plus en plus amicaux. Il se confient plus sur leurs vies personnelles et habituellement, une fois qu’ils ont développé ce niveau d’intimité, la relation dure. Vous aurez probablement cette relation pour le restant de votre carrière. »
En parallèle, les Américains, « ont tendance à être très amicaux avec les étrangers et parlent très facilement de leur vie privée avec des personnes avec lesquelles ils n’ont pas de relation proche. Ils sourient beaucoup à des personnes qu’ils connaissent à peine. »
Pourtant « après un certain niveau d’amitié, [les Américains] ne partagent plus. [Ils] se referment. C’est ainsi qu'[ils] sont perçus par les Européens: très amicaux, mais ne montrant pas qui ils sont vraiment. »
Cette différence noix de coco-pêche peut entraîner des stéréotypes à propos des Français qui seraient froids et des Américains qui seraient superficiels.
Les travailleurs français prennent des pauses déjeuner plus longues que les travailleurs américains.
Si vous lisez cet article pendant votre « pause déjeuner, » des miettes de sandwichs tombant sur votre clavier, vous n’êtes pas seul(e). Seppala a remarqué que beaucoup de travailleurs américains prennent un morceau et mangent vite fait, devant leur ordinateurs.
Les Français, en revanche, « attachent beaucoup de valeur aux loisirs. Ils attachent beaucoup de valeur à apprécier la vie, » dit Seppala. « C’est ce qu’on appelle la ‘joie de vivre’, » ajoute-t-elle.
« Qu’importe où vous travaillez, au déjeuner, les gens prennent une pause d’une heure. Ils ont un repas complet à un restaurant avec entrée-plat-dessert et du vin. C’est normal. »
Les travailleurs français voient la confrontation et le débat comme sain; les travailleurs américains évitent le conflit.
Meyer se souvient encore d’un de ses premiers dîners après qu’elle se soit installée en France. Les invités débattaient sur, si oui ou non, un certain tournoi de golf devrait continuer; les gens criaient et se menaçaient du doigt. « Dix minutes plus tard, changement de sujet et il semblait n’y avoir aucune rancune. »
C’est la même situation au travail en France, dit Meyer.
« C’est très courant d’avoir de très sérieux débats ouverts et confrontations, et ça ne mène pas forcément à une rupture de la relation. Alors que si les Américains étaient impliqués, ils penseraient que c’est arrogant; c’est agressif; c’est inapproprié et il essayeraient d’arrêter la conversation aussi vite que possible. »
Les travailleurs français prennent plus de vacances que les travailleurs américains.
Selon l’OCDE, le travailleur français moyen a 30 jours de congés payés chaque année. Les États-Unis sont le seul pays industrialisé où les entreprises n’ont pas à offrir des congés payés — mais une étude par Project: Time Off a trouvé que les Américains recevaient environ 23 jours de vacances en 2016.
Pourtant, les travailleurs français vont probablement beaucoup plus tirer profit de leur temps libre. Seppala mentionne un sondage de 2010 qui a trouvé que 89% des travailleurs français utilisaient tous leurs jours de vacances, comparés à seulement 57% des travailleurs américains.
Il est courant chez les travailleurs français de prendre un mois entier durant l’été et d’emmener la famille à la plage, dit Seppala. « C’est plutôt choquant pour un Européen quand il vient aux États-Unis et se dit, ‘Oh mon dieu. Vous ne prenez pas de vacances. Vous n’avez même pas envie de prendre des vacances. »
Les travailleurs français sont plus enclins à faire des remarques négatives directes; les travailleurs américains ont tendance à les édulcorer.
« Aux États-Unis, dit Meyer, nous faisons plus de remarques positives et plus de remarques extrêmement positives que n’importe quelle culture au monde. Et c’est particulièrement vrai en comparaison à la France.
Par exemple, les managers américains vous feront trois remarques positives pour chaque remarque négative. Ils utiliseront des termes comme « fantastique » (« fantastic ») et « génial » (« awesome »).
En France, par contre, « si vous vous débrouillez bien, c’est implicite, vous n’avez pas vraiment besoin de le dire. Donc les remarques positives sont moins fréquentes, et quand elles sont faites, elles le sont de manière beaucoup moins fortes. »
Cela peut mener à des problèmes de communication quand un Américain dirige un travailleur français et vice versa.
Par exemple, un manager américain pourrait dire à un employé français qu’il a besoin d’effectuer quelques changements, et faire aussi des remarques positives pour atténuer le coup. L’employé français sortirait de la réunion en se disant qu’elle était très bien passée puisqu’il n’a reçu que des éloges.
Pendant ce temps, le manager américain se demanderait pourquoi l’employé français n’a effectué les changements qu’il avait demandé puisqu’il pense qu’il avait été très clair.
D’autre part, les travailleurs américains pourraient se dire que les managers français sont démotivants et n’apprécient pas le travail puisqu’ils se concentrent toujours le négatif.
Les travailleurs américains boivent du café principalement pour être attentifs; les travailleurs français apprécient le goût et l’expérience.
Bonne chance si vous voulez vous faufiler dans un Starbucks à 8 heures du matin, un jour de semaine. Tout le monde essaye d’y avoir sa dose de café.
Le café est populaire en France aussi, mais pour des raisons différentes. Seppala dit « Aux États-Unis, les gens boivent du café pour se réveiller, et avoir plus d’énergie. En France, ce n’est pas comment vous percevez le café. Le café est une chose agréable » — et vous pouvez tout à fait commander du café au lait dans un café — « mais on n’en parle jamais comme étant fait pour se réveiller. »
En fait, Seppala dit qu’elle a grandi sans « jamais savoir que le café avait de la caféine. »
Les réunions en France durent plus longtemps et impliquent plus de discussions que les réunions aux États-Unis.
Lorsque Meyer a commencer à faire des présentations en France, elle les faisaient de la manière américaine: elle commence par le point principal et explique ensuite pourquoi c’est important.
Immédiatement, son public français commence à poser des questions: « Quelle méthodologie avez vous utilisée? » « Est-ce vraiment le bon principe à discuter? »
Elle a vite réalisé que les Français commençaient par exposer leurs principes, construire l’argumentation et ensuite discuter ses applications. En d’autres termes, ils prennent plus de temps que les américains à en venir au fait.
« Il y a cette idée dans l’esprit d’une personne française que, avant même que vous en veniez à la conclusion, vous devez parler de toute la théorie, tous ces concepts, toute cette philosophie. Et ensuite vous pouvez trouver comment avancer. »
Elle ajoute: « Les réunions françaises ont tendance à être beaucoup plus longues, avec beaucoup plus de débats conceptuels. Alors que les réunions américaines sont toutes: ‘Vous allez faire ceci,’ ‘Vous allez faire cela’, ‘Vous, vous allez faire ça’, et ensuite on se met au travail. »
Version originale: Lea Bruel/Yalayolo Magazine
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