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- Depuis une semaine, des manifestations ont lieu dans des dizaines de villes de Tunisie.
- Les manifestants dénoncent une augmentation des prix de nombreux biens, dont le sucre, l’essence ou internet.
- Les jeunes, qui pâtissent d’un chômage de plus de 35%, sont en première ligne.
Sept ans après la révolution de jasmin, les jeunes Tunisiens sont de nouveau dans la rue.
Depuis dimanche 7 janvier, la Tunisie fait face à un nouveau mouvement de contestation sociale dans des dizaines de villes du pays. Des manifestations de jour se transforment en affrontements avec la police la nuit. Quelques 778 personnes ont été arrêtées depuis les troubles, a annoncé vendredi le ministère tunisien de l’Intérieur.
Les manifestants protestent contre la loi de finances entrée en vigueur au 1er janvier qui prévoit une hausse des prix de biens de consommation courante —carburants, gaz, électricité, téléphonie mobile, Internet — et une hausse de la TVA. Ils dénoncent aussi plus généralement un taux de chômage élevé, une inflation galopante — officiellement de 6,3% mais sans doute sous-estimée — et de nouvelles taxes.
Ces mesures ont été prises car le Fonds monétaire international (FMI) réclame une nouvelle cure d’austérité au pays, en échange d’un nouveau prêt de 2,6 milliards d’euros.
La contestation est menée par le mouvement « Fech Nestannew » (« Qu’est-ce qu’on attend ? ») formé le 3 janvier dernier. Il compte, parmi ses fondateurs, des activistes indépendants, d’anciens blogueurs très actifs pendant la révolution de 2011 et des syndicalistes étudiants, rapporte RFI.
Très touchés par le chômage, les jeunes sont nombreux à monter au front. Et une fois encore Facebook et les réseaux sociaux leur servent d’outil de mobilisation.
En janvier 2011, la révolution de jasmin avait chassé Ben Ali du pouvoir. Ce dimanche, des dizaines de milliers de Tunisiens devraient descendre dans la rue pour marquer cet anniversaire.
Voici ce que dénoncent les Tunisiens qui manifestent depuis une semaine:
Hausse des prix
L’envoyé spécial de Libération à Tebourba, Mathieu Galtier, liste les dernières hausses des prix constatées par les habitants:
- La conserve de concentré de tomates est passée de 1 (0,33 centimes d’euro) à 3 dinars (1 euro) — soit une hausse de 200%.
- Le kilo de pommes de terre a grimpé de +18%.
- Le litre d’essence a augmenté de 500 millimes [un demi dinar].
- Le sucre conditionné vaut 1,5 dinar et l’huile revient à plus de 3 dinars le litre, contre 1 dinar pour ces biens en vrac devenus introuvables.
- « La baguette coûte toujours 200 millimes mais elle pèse moins »
Europe 1 ajoute que:
- Les prix des chocolat et biscuits ont augmenté de 8%.
- Les prix des produits de beauté ont bondi de 20%,
- L’alcool a grimpé de 28%.
« Même les recharges d’Internet et de téléphone [le système de carte prépayée est la norme en Tunisie] ont augmenté! », a confié un témoin à Libération.
Les recharges téléphoniques font ainsi l’objet d’un « droit de timbre » qui augment de 40% et atteint « 140 minimes pour chaque dinar ».
La Fédération nationale des TIC s’est aussi émue d’une hausse de 300% du droit de timbre pour internet — d’autres observateurs parlent de 5000%. Dans un communiqué publié jeudi 11 janvier la Fédération nationale « prévient que la mise en application effective de ces taux de douanes et taxes, cumulée avec la chute permanente du dinar, aura des conséquences néfastes énormes » sur les consommateurs, l’emploi, les entreprises, la sécurité et la transformation numérique du pays.
Chômage
D’après une étude de l’Organisation internationale du travail, fin 2016, plus de 35% des jeunes Tunisiens étaient au chômage.
Il y n’a pas de raisons de croire que ce taux ait beaucoup changé entre temps: le chômage dans le pays stagne depuis plusieurs années autour d’un taux élevé de 15%, révélateur de la nature systémique du problème.
Pis, les diplômés de l’enseignement supérieur font constamment face à plus de 30% de chômage.
Cela explique pourquoi nombre d’entre eux sont tentés par les chemins de l’exil:
« La moitié des jeunes Tunisiens veulent quitter le pays. Il y a une vraie exaspération parmi la population que l’on retrouve dans le nombre de mouvements sociaux qui ne cessent d’augmenter », confiait déjà en octobre 2017 Reem Bouarrouj, spécialiste des questions de migration au sein du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), au quotidien suisse Le Temps.
Défaillance de l’Etat
Benoît Challand, professeur de sociologie à The New School, raconte aussi au Temps à quoi peut ressembler l’inertie administrative et économique au quotidien:
« Aujourd’hui, pour réparer une école dans le sud du pays, il faut encore passer par les ministères de l’Intérieur, de l’Infrastructure, du Plan, tous basés à Tunis. Résultat: il faudra six mois pour résoudre un problème qui aurait pu être résolu en un mois. La classe politique doit trouver le courage de procéder à cette décentralisation, qui passe par des élections municipales et par la création d’institutions régionales. »
A Sidi Bouzid, point de départ des mobilisations de l’hiver 2010-2011, on pense que « entrer dans la fonction publique est pratiquement le seul moyen de faire carrière dans cette ville isolée située à 200 km au sud de la capitale, un trajet qui nécessite quatre heures de voiture compte tenu de l’état des routes et de l’absence de connexion avec le réseau autoroutier ou ferroviaire », indique aussi Reuters.
Si vous avez constaté d’autres hausses de prix lors de vos achats au quotidien, vous pouvez envoyer un mail à mcbeuth@prismamedia.com.
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