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- Total a 60 jours pour obtenir des autorités américaines une dérogation pour poursuivre ses projets en Iran.
- Faute de quoi, l’entreprise chinoise CNCP, partenaire de Total sur le projet d’exploitation du gisement de South Pars, récupèrera les parts du géant français.
La deadline est considérablement avancée pour Total. Théoriquement, le fleuron français du secteur pétrolier avait jusqu’au 4 novembre 2018 soit pour cesser ses activités en Iran, soit pour obtenir une dérogation de la part des autorités américaines et ainsi échapper aux sanctions rétablies depuis la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien le 8 mai dernier.
Mais après Washington, c’est au tour de Téhéran de jouer sa carte. Le ministre iranien du pétrole, Bijan Zanganeh, cité par l’agence de presse Shana, a annoncé ce mercredi qu’il donnait deux mois à Total pour se décider.
Faute de quoi, comme le prévoit le contrat, le chinois CNCP sera promu à la tête du projet d’exploitation du gisement de South Pars dans le Golfe Persique, le plus grand gisement de gaz naturel au monde.
Le contrat d’une durée de 20 ans avait été signé en juillet 2017 et s’élevait au total à 4,8 milliards de dollars.
Dans un communiqué daté du 16 mai, la direction de Total expliquait qu’au vu de son exposition au marché et aux financements américains — les actifs américains de Total s’élèvent à près de 10 milliards de dollars —, « Total ne peut se permettre d’être exposé à des sanctions secondaires américaines ». En conséquence, à moins d’une dérogation qui protègerait la société, Total prévoit de faire profil bas et d’abandonner son contrat iranien.
Car en cas de sanctions américaines, la note est souvent démesurée. En 2013 déjà, Total avait accepté de payer près de 400 millions de dollars d’amende pour une affaire de corruption.
Face à l’administration américaine et à la mollesse de l’Union européenne pour protéger ses entreprises, la position de Total s’apparente à celle de David contre Goliath. La probabilité que Total obtienne une dérogation semblant proche de zéro, le grand vainqueur sera CNCP.
En reprenant les parts abandonnées par Total (50,1%), la participation du groupe pétrolier chinois dans le projet passerait de 30% à un peu plus de 80%. Le reste étant détenu par la compagnie iranienne Petropars.
Plus largement, ces sanctions américaines tétanisent tellement les entreprises européennes qu’elles devraient laisser un boulevard aux sociétés chinoises. Ces dernières sont souvent moins exposées aux marchés américains et surtout peuvent s’appuyer sur un gouvernement qui sait protéger ses intérêts.
Le président de la République, Emmanuel Macron, en est conscient comme il l’indiquait mi-mai au sommet de Sofia « les conséquences indirectes de la décision américaine vont favoriser les positions […] chinoises dans la région et avantager leurs entreprises ».
Enfin autre signal, l’Iran a commencé à exclure le dollar de ses échanges commerciaux internationaux et envisage de libeller désormais en yuans ses achats de pétrole et de gaz. Une façon de se tourner encore plus vers la Chine.
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