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- Une véritable guerre commerciale, suite aux tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis aux autres pays du monde, aurait des conséquences non négligeables sur nos économies.
- Un tel scénario n’est cependant « pas le plus probable », selon le Conseil d’analyse économique (CAE).
- La tendance au protectionnisme est forte et certaines mesures perdureront sûrement dans le temps, constate le CAE.
- Le commerce international reste toujours source de gains et de rapprochement entre les Etats, estime cet organisme producteur d’analyses indépendantes, rattaché au Premier ministre.
Si les tensions commerciales s’accentuaient, nos économies pourraient en payer le prix fort. C’est en substance le message qu’envoie le Conseil d’analyse économique (CAE).
Cet organisme, composé d’économistes reconnus et qui réalise des études pour le compte du gouvernement, présentait mardi 3 juillet ses perspectives économiques, dans un contexte international ébranlé par la politique commerciale agressive de Donald Trump, le président des Etats-Unis.
Selon le président délégué du CAE, Philippe Martin, professeur d’économie à Sciences Po Paris et membre de la campagne d’Emmanuel Macron pendant l’élection présidentielle, la stratégie américaine a déjà des conséquences néfastes sur l’économie.
« Au-delà des tarifs (douaniers, ndlr), qui n’ont pour le moment pas d’impact macroéconomique, elle crée un choque d’incertitude, ce qui a un impact négatif sur les exportations et l’investissement », estime-t-il.
Le conseil a calculé qu’une véritable guerre commerciale entraînerait une augmentation des tarifs douaniers pouvant aller jusqu’à 60%. Une telle situation engendrerait une baisse permanente d’environ 3,3% de la production intérieure brute (PIB) de la France, soit un montant annuel de 1125 euros par habitant, selon les calculs de l’économiste Vincent Vicard du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
L’Union européenne, la Chine et les Etat-Unis perdraient également entre 3,3% et 4,2% de PIB. Les « petits pays » qui présentent une plus faible demande intérieure, comme l’Irlande, et ceux dont l’économie est très ouverte sur l’extérieur, à l’image du Canada, pourraient quant à eux subir des pertes d’environ 10% de PIB.
Un impact comparable à la grande récession de 2008-2009
L’administration américaine a déjà annoncé des droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars de produits chinois. Et depuis début juin, l’acier et aluminium, en provenance de l’Union européenne et d’autres pays comme le Canada, font également l’objet de tarifs douaniers, respectivement de 25% et 10%. De plus, Donald Trump menace de taxer les importations de véhicules automobiles, notamment les berlines allemandes.
L’Union Européenne et la Chine ont décidé de taxer des produits américains par mesure de rétorsion, et des recours ont été déposés devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Si l’escalade se poursuivait jusqu’à une véritable guerre commerciale, celle-ci aurait un impact permanent comparable aux effets de la grande récession de 2008-2009, selon le CAE. Pour la France, un tel scénario entraînerait une baisse des exportations et des importations hors Union européenne (UE) de 42%. Mais il pourrait aussi renforcer les relations commerciales au sein de l’UE.
Si des secteurs exportateurs, comme l’aéronautique et l’agroalimentaire, seraient « décimés », selon Philippe Martin, les secteurs importateurs pourraient de leur côté bénéficier de tarifs douanier élevés sur les produits étrangers pour se développer.
Un point de non-retour
Mais la guerre commerciale « n’est pas le scénario le plus probable », rassure l’économiste, tout en précisant qu’il « faut le considérer ». Le Conseil d’analyse économique préconise de conserver une approche multilatérale face aux tensions actuelles, plutôt que de tenter de régler des différends sur la base d’accords bilatéraux, entre l’UE et les Etats-Unis par exemple.
Pour le directeur du CEPII, Sébastien Jean, l’une des priorités est de se doter de « règles équitables » pour le commerce international. Au lieu de s’opposer, Etats-Unis et Europe devraient plutôt unir leurs forces pour faire pression sur la Chine, qui subventionne encore massivement son industrie, selon l’économiste.
Le rôle des Etats-Unis a grandement évolué, souligne-t-il. « Le temps où ils assumaient un leadership et d’être la clé de voûte du système est révolu. Trump est sûrement une expression paroxystique de cette évolution. Mais cela ne devrait pas changer à l’avenir, on aura peut-être juste les tweets en moins. »
Vers toujours plus de protectionnisme?
Philippe Martin dresse un constat similaire: « Il est facile de mettre en place des tarifs (douaniers, ndlr), mais plus difficile de les enlever. » Pas sûr que les prochains présidents américains reviennent donc sur les taxes décidées par Donald Trump.
D’autant plus que les opinions publiques ne semblent pas défavorables à des mesures protectionnistes. En France, 60% de la population a une mauvaise opinion de la mondialisation et 13% seulement se prononce pour une plus grande ouverture des échanges commerciaux, selon des sondages réalisés à l’occasion du Printemps de l’économie 2018.
Il faut dire que l’accélération des échanges commerciaux et des importations en provenance de pays émergents, comme la Chine, depuis une trentaine d’années a accru les inégalités dans les pays développés, reconnaît le CAE.
Néanmoins, le commerce international reste source de gains, « modestes mais pas négligeables », considère Sébastien Jean. Le problème résiderait surtout dans la mauvaise répartition de ces gains au sein de nos économies.
Le CAE souligne le « rôle de police d’assurance » joué par les accords commerciaux et de libre échange dans les situations de crise et de forte volatilité de l’économie mondiale. Ils favoriseraient aussi les interactions entre Etats dans d’autres domaines que l’économie stricto sensu. D’après Jean Sébastien, « ce sont des leviers sur les questions fiscales et environnementales ».
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