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Le siège new-yorkais d’Amazon verra-t-il bien le jour ? Trois mois après la décision du géant américain de sélectionner les localités de Long Island City, dans le quartier new-yorkais du Queens, et d’Arlington, en Virginie, pour disposer d’un second siège social, en complément du QG historique de Seattle, la satisfaction affichée par les démocrates Bill de Blasio, maire de New York, et Andrew Cuomo, gouverneur de l’État, a laissé place à l’amertume et la colère de la population locale, et même de certains élus.
Pourtant, sur le papier, l’arrivée d’Amazon apparaît comme une aubaine pour le Queens. En effet, la firme américaine a promis la création de 25 000 emplois pour chacun des deux emplacements retenus et 5 milliards de dollars d’investissement pour les deux sites. Bill de Blasio et Andrew Cuomo ont de leur côté assuré que ce nouveau campus à Long Island City allait permettre de diversifier l’économie locale et de générer 27 milliards de dollars de nouvelles recettes gouvernementales sur 25 ans.
Le Queens et la crainte d’un destin similaire à celui de la Silicon Valley
Malgré ces bonnes nouvelles dont les effets ne seront pas visibles avant plusieurs années, de nombreuses voix se sont élevées parmi les habitants du Queens pour faire part de leurs inquiétudes par rapport à ce projet d’envergure. En tête des angoisses de la population locale, l’explosion des prix de l’immobilier. Alors que New York est à ce jour la deuxième ville le plus chère au monde pour se loger, à raison d’un loyer de 3 834 dollars en moyenne pour un foyer de trois personnes, selon la banque suisse UBS, les habitants du Queens craignent de subir un destin similaire à celui de la Silicon Valley, en Californie.
En effet, en devenant le berceau de géants du numérique comme Google et Facebook, la vallée californienne a été transfigurée au détriment des habitants d’origine qui n’ont plus les moyens de vivre dans les villes où ils ont grandi. Et pour cause, les biens immobiliers dans la Silicon Valley ont ainsi vu leur valeur s’envoler de 287% au cours de ces vingt dernières années, tandis que le prix moyen d’un logement, en constante augmentation, se situe désormais au-delà du million de dollars.
Dans ces conditions, difficile de résister au pouvoir d’attraction des grandes entreprises technologiques qui ne cessent de faire venir des cohortes de développeurs et d’ingénieurs dans la région pour poursuivre leur développement. De plus, cette flambée de l’immobilier a provoqué une gentrification particulièrement violente, contribuant à créer une bulle sociale déconnectée de la réalité initiale. Cette dernière étant accentuée par les géants du numérique eux-mêmes, qui construisent désormais des logements pour héberger leurs salariés. Cerise sur le gâteau, l’afflux de travailleurs a pour conséquence de saturer les transports en commun.
Amazon anticipe l’échec du projet de campus new-yorkais
Un scénario cauchemardesque que veulent à tout prix éviter les habitants du Queens et certains élus, à l’image de la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, plus jeune élue de l’histoire au Congrès à 29 ans. Dans ce contexte, ils demandent tout simplement à Amazon de reconsidérer sa décision d’implanter son campus dans le quartier new-yorkais. Et bien qu’aucune annonce officielle n’a été faite par le mastodonte du commerce en ligne dans ce sens, cette option a pris de l’épaisseur la semaine dernière après la publication d’un article du Washington Post, journal qui est détenu par un certain Jeff Bezos, patron du groupe américain. Dans ses colonnes, le journal a en effet révélé qu’Amazon était en train de revoir sa stratégie pour son siège new-yorkais et même d’étudier la possibilité de trouver un nouvel emplacement le cas échéant.
Si jamais le projet de campus à Long Island City venait à tomber à l’eau, ce ne sont pas les options qui manqueraient à Amazon. Après avoir lancé un appel d’offres pour son second siège fin 2017, la firme américaine avait reçu les candidatures de près de 240 villes. Le projet n’est pas encore abandonné par Amazon mais le Washington Post indique que le groupe n’a pas encore loué ou acquis des espaces espaces de bureaux pour son campus new-yorkais, soulevant de multiples interrogations quant à la poursuite des opérations. Dans le même temps, les élus de l’État de Virginie se sont prononcés en faveur des avantages promis à Amazon pour installer l’autre succursale du nouveau siège social dans la banlieue de Washington, au sein du quartier de Crystal City à Arlington.
Michael Gianaris, le sénateur qui peut faire dérailler le projet
Si le projet de campus près de la capitale fédérale semble bien engagé, celui de Long Island City semble pour l’heure compromis, d’autant plus que le feu vert définitif des autorités pour valider l’implantation d’Amazon dans le Queens n’est pas attendu avant 2020. Un laps de temps qui laisse tout le loisir au groupe américain d’étudier les alternatives possibles pour implanter son campus ailleurs en cas d’échec à New York. «La question est de savoir si cela veut la peine si les politiciens à New York ne veulent pas du projet, surtout quand on voit la chaleur de l’accueil en Virginie et à Nashville (NDLR : un troisième site pour superviser les opérations d’Amazon avec 5 000 emplois à la clé)», estime une source proche du dossier chez Amazon citée par le Washington Post.
Et justement, comme si cela ne suffisait pas, Michael Gianaris, sénateur de l’État de New York et fervent opposant au projet, a été nommé la semaine dernière pour siéger à un conseil d’État lui permettant de mettre son veto à l’arrivée d’Amazon à Long Island City. Michael Gianaris estime en effet que les 3 milliards de dollars d’avantages fiscaux promis à la firme américaine seraient mieux investis dans des programmes locaux pour améliorer les transports, le système éducatif et favoriser l’accès à des logements abordables. Malgré cette vive opposition, 56% des électeurs de l’État de New York soutiennent le projet, selon le Siena Research Institute.
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Yalayolo Magazine