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La situation en Italie s’obscurcit chaque jour un peu plus. Sous la pression de Bruxelles et des marchés, le gouvernement populiste et antisystème de Rome, qui avait présenté la semaine dernière un budget prévoyant un déficit de 2,4% du PIB pour les trois prochaines années, prévoirait désormais de le contenir à 2,2% en 2020 et à 2% en 2021, selon le Corriere della Sera et La Repubblica.
« Le marché financier continue de questionner la situation italienne. Il cherche à tirer un fil qui conduirait à une perspective un tant soit peu claire. Mais l’écheveau est trop serré pour que le geste puisse être effectué », juge Hervé Goulletquer, stratégiste chez La Banque Postale Asset Management.
Le gouvernement et sa majorité ne semblent pas sortir de l’ambiguïté qu’ils ont mise en place et savamment gérée depuis leur arrivée au pouvoir à la fin du mois de mai dernier, estime l’expert. Hier encore, le président de la commission du budget de la Chambre basse du Parlement, Claudio Borghi, avait jugé que tout serait plus facile si l’Italie avait sa propre monnaie, tandis que l’un des deux vice-présidents du Conseil, Luigi di Maio, avait affirmé que le gouvernement ne reverrait pas à la baisse, ne serait-ce que d’un millimètre, sa projection d’un déficit budgétaire de 2,4 points de PIB en 2019.
« Mais durant la nuit, la presse italienne fait état d’un atterrissage possible de l’impasse des comptes publics à l’horizon 2021, à 2 points de PIB. Et le rendement des titres des emprunts d’Etat italiens de monter ou de baisser au rythme de ces nouvelles », relève Hervé Goulletquer.
Dans les prochains jours, le gouvernement doit envoyer au Parlement le détail de son projet de loi de finances. Il sera alors rendu public. En milieu de mois, une copie du document est aussi transmise à la Commission européenne.
« Si le Parlement a normalement jusqu’à la fin de l’année pour voter le budget, le tempo est plus rapide concernant la réaction de Bruxelles. La Commission, une fois le document reçu, a une semaine pour demander des explications et deux semaines de plus pour décider ou non d’adopter une opinion négative et demander alors au cabinet italien de revoir sa copie. Celui-ci a trois semaines pour proposer une révision du projet. S’il refuse d’entendre les arguments de Bruxelles, une procédure pour déficit excessif peut être ouverte par Bruxelles », souligne l’expert. « Le tout nous amène vers la mi-novembre. De quoi encore louvoyer du côté de la majorité politique au pouvoir en Italie et encore tanguer du côté des marchés », met-il en garde.
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Mardi soir, le chef du gouvernement Giuseppe Conte avait bien tenté de rassurer ces derniers en promettant d’accélérer la réduction de la dette publique du pays, qui représente aujourd’hui 131% de son PIB, soit plus de 2300 milliards d’euros. « Nous avons travaillé à l’élaboration du budget de façon à accélérer la baisse du rapport entre l’endettement et le PIB d’une façon constante sur une période de trois ans », a à cet égard déclaré Giuseppe Conte à l’issue d’une réunion avec les principaux ministres de son gouvernement, rapporte l’AFP.
Il n’a cependant donné aucun chiffre et le gouvernement n’a officiellement pas changé de ligne par rapport à son projet initial. M. Conte devait à nouveau rencontrer mercredi les chefs des partis qui forment la coalition gouvernementale, la Ligue du Nord (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S).
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Les tensions avec Bruxelles sont de toute façon loin d’être apaisées, puisque le vice-premier ministre Matteo Salvini (Ligue) a vivement attaqué, mardi soir, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, coupable selon lui de déstabiliser l’Italie en inquiétant les investisseurs au sujet du budget.
Il faut dire que l’écart entre les taux d’emprunt italien et allemand à 10 ans — jauge du stress des intervenants vis-à-vis de l’Italie — a fortement grimpé, pour dépasser mardi soir 3%. L’inquiétude est donc palpable, d’autant que les deux principales agences de notation – Standard & Poor’s et Moody’s – pourraient abaisser d’un cran la note du pays d’ici la fin du mois, le plaçant à seulement un cran au-dessus de la catégorie dite “spéculative”, celle des junk bonds (ou “obligations pourries”, c’est-à-dire les titres d’emprunt dont le remboursement est jugé très incertain). De quoi entretenir la hausse tendancielle des taux d’intérêt à long terme de l’Italie…
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Du point de vue de l’analyse technique, le débordement violent, en mai, de la ligne de tendance baissière reliant les sommets majeurs de 2011 à 2018, ainsi que de la moyenne mobile à 10 mois (moyenne des cours de clôture des 10 derniers mois, NDLR) a permis au taux d’intérêt (rendement de l’emprunt d’Etat, NDLR) à 10 ans de se hisser de 1,982 a 3,439%, à quelques points de la barre de 3,493%, retracement de Fibonacci de 38.2% de la période 2011-2015, relève Robert Haddad (Banque SBA, Cfat). “La rupture de cette ligne ouvrirait sûrement la voie vers la borne haute du canal haussier, à 3,874%, et par extension vers 4,680%, soit le creux majeur de mars 2012, juge l’expert. Seule la rupture du support de 2,720% puis de celui de 2,548% mettrait à mal ce scénario haussier, en ouvrant la porte à un retour vers la borne basse du canal ascendant, vers 1,976%.
Evolution du taux d’intérêt à 10 ans de l’Italie et analyse technique (cliquez sur l’image pour agrandir)
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