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« Dessine-moi à la manière de Rembrandt un portrait d’un homme blanc de 30 ou 40 ans, regardant vers la droite » : voilà ce qu’ont demandé à un ordinateur une équipe réunissant des historiens de l’art et des informaticiens. Il a fallu 18 mois d’efforts pour terminer le projet « Next Rembrandt », mais le portrait, imprimé en 3D, a de quoi tromper un expert.
Rembrandt van Rijn (1606-1669) a peint au cours de sa vie une longue série de portraits, si bien que leur analyse relève aujourd’hui du big data. Depuis 18 mois, une équipe de spécialistes de l’université de Delft, en Hollande, le pays natal du grand maître, et d’informaticiens de Microsoft, ont nourri un logiciel d’intelligence artificielle avec des images de portraits réalisés par Rembrandt.
Plus de 300 œuvres ont été analysées, de différentes manières, notamment à l’aide d’un scanner 3D pour capter la manière dont l’artiste maniait le pinceau. Par la technique du deep learning (« apprentissage profond »), l’algorithme a ainsi appris comment le peintre hollandais dessinait les yeux, les nez, les bouches, orientait les têtes et les regards, choisissait les lumières et les couleurs, etc.
Un tableau conçu grâce au deep learning puis imprimé en 3D
Une fois ce travail fait, l’équipe a en quelque sorte passé commande à ce peintre artificiel pour un portrait représentant « un homme caucasien, barbu, de 30 à 40 ans, portant des vêtements sombres, un col et un chapeau, et regardant vers la droite ». Agrégeant plus 160.000 détails prélevés sur de vrais tableaux de Rembrandt, l’ordinateur a réalisé ce portrait inédit, totalisant 148 millions de pixels. L’œuvre a été ensuite imprimée en 3D, en treize couches, pour reproduire le relief des coups de pinceaux qu’aurait pu donner le maître hollandais. Le résultat un faux remarquable, à découvrir (en anglais) sur le site du projet Next Rembrandt.
Le style du trait, le clair-obscur et la composition du tableau qui caractérisent Rembrandt sont bien là. Il faudrait confier ce portrait à un expert pour lui demander son avis sur l’origine de cette œuvre. Se tromperait-il ?
Ce projet n’est pas destiné à faire d’un ordinateur un faussaire ni de lancer une nouvelle industrie du faux tableau mais de chercher les liens possibles entre technologies, données (en français moderne « data ») et art. Il n’en reste pas moins que l’on peut se poser des questions sur les possibilités de l’intelligence artificielle en matière d’activité artistique. Dans le même temps, un service Web expérimental propose déjà de transformer une photo en un tableau « à la manière de ». Nous vous en parlerons demain…
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