[ad_1]
Elles se prénomment Einat, Kineret, Tal ou Chochana et donnent à voir chacune une facette très différente de la place que les femmes occupent dans la société israélienne. Sans être exhaustifs, leurs parcours si variés sont à l’image du kaléidoscope des populations venues peupler l’Etat d’Israël au cours des 70 dernières années.
Parlons chiffons
Einat Rotfus oeuvre dans le domaine de la mode et des accessoires. Créatrice et inspiratrice de la marque Israël Designer Guild fondée il y a 3 ans ½, elle a ouvert un lieu qui offre une visibilité aux créateurs émergents.
Si sa petite boutique du Dizengoff Center au centre de Tel-Aviv n’a rien de remarquable à première vue, elle est cependant un lieu névralgique où créateurs et créatrices de mode aiment exposer leur travail. Revendiquant liberté et qualité créative pour elle comme pour les autres, Einat s’active pour montrer au monde extérieur le travail des créateurs israéliens indépendants et faire exister la mode israélienne dans différents salons à l’étranger. “Israël est un Etat jeune et qui tient à le rester ! Cela se traduit par une vitalité créative touffue.” souligne Einat Rotfus.
Nombre de ces jeunes talents sont tout droit sortis d’école de design comme Lia Mizrav, jeune diplômée de Bezalel Academy of Arts & Design de Jérusalem. Ce haut lieu de la formation au design a déjà donné à l’Etat hébreux plusieurs talents aujourd’hui confirmés. L’architecte et designer Ron Adad n’est pas des moindres. On lui doit le superbe le musée du design d’Holon dans la proche banlieue de Tel-Aviv, qu’il a conçu et dessiné en collaboration avec l’architecte français Bruno Asa.
Le design en partage
Remarquable par son architecture contemporaine, ce musée ouvert en 2010, adopte la forme d’une ellipse faite de 5 rubans d’acier corten qui se patine avec le temps. Métaphore visuelle des 5 sens avec ses teintes allant du sable aux nuances de brun chaud, elle embrasse souplement une enceinte dédiée au design. Le corridor périphérique se déroulant en escargot autour du coeur du musée, sorte de laboratoire du design, accueille régulièrement des expositions temporaires de jeunes designers. Ce fut le cas pour la designer textile Gali Cnaani ou la créatrice de bijoux Dana Hakim Bercovich.
Car au-delà de son fond permanent, le Design Museum d’Holon fait la part belle aux installations et expositions temporaires régulièrement renouvelées. La création israélienne s’y révèle là aussi au féminin comme lors de l’excellente installation “Sensing Sound” conçue par les deux créatrices Anat Safran et Lila Chitayat, qui invite les visiteurs à ressentir, voir et écouter le son d’une manière différente en ressentant les modulations et les vibrations de façon plus globale et plus sensible à travers les sens.
Deux expositions temporaires ouvrent l’année 2019, avec “Hide & Seed” qui présente le travail du designer néerlandais Maartin Baas et “Design and Engineering”, sur les liens entre designers et ingénieurs à travers l’épopée de la marque Dyson.
La création en toute humilité
De la rencontre entre Shula Mozes, entrepreneur dans le domaine social et de Tal Zur, designeuse industrielle. Impressionnée et inspirée par le travail de Sheila Hicks, artiste internationalement connue pour son travail inclassable autour des fibres textiles, est née Iota.
Le choix de ce mot n’est pas neutre. Tal Zur évoque le sens humble et minimaliste du mot iota qui veut dire “un peu” ou “peu de chose” et qui traduit l’idée qu’un tout petit morceau ajouté à un autre petit morceau etc, peut donner, au final, quelque chose de beau et d’utile.
Iota produit des objets de décoration : tapis, sièges, poufs etc. à partir de fils tricotés par des femmes de communautés bédouines du désert au sud d’Israël.
“Petit à petit, d’un simple point de tricot au produit final, de l’individuel vers le global, nous aspirons à améliorer les vies dans notre communauté” souligne ces femmes bédouines de Hura, qui s’impliquent dans ce travail fait pour et par elles-mêmes. Elles tricotent selon les modèles proposés par Tal Zur à partir de fils exclusifs conçus sur-mesure dans leur assemblage de couleurs et fabriqués à partir de coton et de polyester de la plus haute qualité. Pourquoi le crochet dans cette version contemporaine ? “Parce que c’est l’un des premiers artisanats qui utilise un langage universel, où l’on peut faire et défaire, où la technique s’acquiert en pratiquant, où on ne gâche pas de matière première” explique Tal Zur.
Exclusivement fabriqués à la main, ces objets s’inscrivent aussi dans un projet social. Ils sont source de revenus pour la communauté de femmes bédouines et connaissent un essor bien au-delà du désert où ils naissent.
Fidèle au salon “ Maison & Objet” depuis 2016, Iota présente cette année encore ce travail original, à la fois contemporain et ancré dans le passé, l’Histoire et la mémoire.
Se définissant comme designeuse industrielle plus que comme artiste puisqu’elle enseigne cette matière à l’Institut de Technologie de Holon, Tal Zur a aussi la fierté d’avoir vu ces textiles inspirants, les nouvelles combinaisons de matériaux et mélanges de couleurs tricotés par Iota, entrer dans l’habitacle du projet de voiture autonome “Peugeot Instinct Concept”. Les belles textures, le toucher, le “fait main” trouvent tout naturellement leur place dans les tapis de sol et les sièges de cette voiture d’un futur de plus en plus proche.
Plongée au coeur du village
Changement de décor en quittant la vibrante Tel-Aviv pour rejoindre Jérusalem et découvrir au coeur de la vallée des Yéménites, une forme de tourisme culturel et créatif porté par le groupe “Des femmes et des histoires à Jérusalem”. Rendez-vous au coeur du joli village d’Ein Kerem, près de la ville sainte, pour apprécier une autre facette du tourisme plus intimiste et authentique. Avec ses maisons anciennes et son atmosphère bucolique, on se sent loin des foules ferventes qui envahissent les ruelles de Jérusalem. Le cadre idéal pour renouer avec le passé à travers une plongée dans la tradition, les arts et les savoir-faire que transmettent encore ses femmes venues des communautés juives du Maroc, d’Irak, de Syrie, du Yémen ou d’Arménie. A travers le groupe “ Des femmes et des histoires à Jérusalem” une quinzaine de villageoises ont mis leurs talents de cuisinières, de peintres, d’artisanes, de conteuses au service d’une vision colorée et chaleureuse d’Israël. Chochana Karbasi est la reine du couscous aux herbes mais possède aussi des talents de poétesse et de conteuse. Ses récits sur le thème “secrets d’amour” font revivre l’esprit poétique et le folklore des communautés juives d’Afrique du nord et d’Espagne.
Aussi oniriques que gourmandes, les histoires de Chochana s’écoutent aussi autour de la préparation d’un repas sur le thème “couscous et love stories” où s’échangent les récits transmis par sa grand-mère Sultana et des secrets sur la préparation des filtres d’amour. Pour finir, on y savoure des pâtisseries parfumées à l’essence de néroli ou à la fleur d’oranger. “Vous ne pouvez avoir de futur sans comprendre votre passé” rappelle-t-elle dans un sourire.
Dalia Harfoof, d’origine kurde, confectionne des sambusak. Ses repas se terminent souvent en musique, son mari Esra attrapant volontiers sa guitare au moment du dessert.
Kineret Botil, dont les parents sont arrivés du Kurdistan vers Israël en 1948, a dressé de nombreuses préparations sur la pierre à écraser les olives, devenue table basse. Elle initie à la cuisine autour du traditionnel “koubé”. Lorsque la fin du repas s’achève, il n’est pas rare de se lancer dans une danse dont la chorégraphie reproduit les gestes du travail des femmes.
Des chambres d’hôtes peuvent accueillir les visiteurs et leur permettre de découvrir et partager diverses activités : travail du feutre, fabrication de paniers, réparation des fromages de chèvre etc.
Femmes de devoir et d’honneur
Mais ce tour d’horizon ne serait pas complet sans la rencontre de Yardena Turgeman Sror, pour illustrer ces femmes soldats qui portent sur leurs épaules de multiples responsabilités. Après une carrière militaire et le statut de colonel réserviste dans les forces de défense israélienne, directrice générale des ressources humaines au sein du ministère du Tourisme, épouse, mère de famille, elle personnifie la femme d’airain qui assume les plus hautes missions. On reste impressionné par l’engagement de ces femmes qui doivent à partir de leur majorité, faire deux ans de service militaire obligatoire et peuvent, si cela n’est pas possible pour des raisons familiales ou religieuses, opter pour le service civique.
Yardena Turgeman Sror est entrée dans l’armée en 1986 et n’a cessé de progresser en effectuant de très nombreuses missions sur le terrain. Elle doit d’ailleurs toujours effectuer une période dans l’armée une fois par an. Attachée au service de l’Etat, elle apprécie l’opportunité d’apporter le “plus” d’une vision féminine dans cette administration du tourisme qui est l’un des ministères où l’on trouve le plus de femmes occupant des postes élevés. Elle y soutient activement toutes les initiatives favorables à l’émergence de leurs projets. A cette fin, elle est l’inspiratrice de modules de formation destinés à développer la confiance en soi et collabore aussi avec la municipalité de Jérusalem dans le cadre du programme “Les femmes dans le tourisme”.
[ad_2]
Yalayolo Magazine