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Pour Google: “Quand vous venez ici (en Chine), vous avez le sentiment d’entrer dans le futur”. L’Internet mobile, l’automobile comme nouvel enjeu high tech, le O2O au coeur du commerce chinois, le culte de l’innovation, l’émergence de la réalité virtuelle et augmentée, l’intelligence artificielle et la robotique – ont été au coeur de GMIC, la Global Mobile Internet Conference 2016 à Pékin qui réunissait plus de 30 000 personnes. Un thème, Mobile Infinity, et pour l’occasion, GMIC s’est agrandit avec toujours plus de tech – un nouveau pavillon “Hello Future” – et pour la 1ère fois, de l’entertainment avec concert, stars et tapis rouge, et awards.
«La voiture: un mobile sur quatre roues»
Si chaque année confirme toujours plus la confiance des Chinois dans leur capacité à produire des produits compétitifs sur leur marché mais aussi à les lancer à l’international, sa meilleure dernière illustration est sans doute dans les propos de Jia Yueting, le frondeur et visionnaire fondateur et CEO de LeEco, géant chinois (video streaming, mobile, ecommerce, automobile connectée…) moins connu que le trio des “BAT” (Baidu, Alibaba, Tencent), qui vient d’inaugurer un nouveau siège à San José en Californie.
Lors de l’Auto Show de Pékin qui se tenait au même moment que GMIC, il a tout à la fois taclé Apple (qui se développe aussi sur la voiture autonome): “Le désign des produits Apple est dépassé, obsolète (…), une des plus importantes raisons (du ralentissement des ventes en Chine) est que l’innovation d’Apple est devenue très lente », et donné sa vision de l’automobile du futur alors qu’il présentait son modèle connecté LeSee, en narguant Tesla: « Nous considérons la voiture comme un appareil mobile intelligent sur quatre roues. Nous espérons surpasser Tesla et prendre le leadership de l’industrie, en ouvrant une nouvelle ère de l’automobile ». Le patron APAC de Tesla Motors, qui dispose de 17 showrooms dans 7 villes chinoises lui répondait à distance ventant les mérites de son Model X: « s’asseoir à l’avant c’est comme s’asseoir dans un hélicoptère (…). La Chine est le 1er marché automobile mondial, Tesla est là pour le long terme ». Baidu qui développe depuis 2 ans avec BMW une voiture sans chauffeur pour 2018, lançait officiellement son service de cartographie “4K Map” encore plus détaillé et intuitif.
Si Rui Ma, Partner de 500 Startups et habituée de GMIC a souligné lors du concours G-Startup, dans un contexte de ralentissement des levées de fond, “ils (les entrepreneurs) ont une idée claire de leur business models et sont prudents sur ce qu’ils font”, »Shoot First, Monetize Later », illustre encore la stratégie des leaders comme LeEco, Tencent ou Baidu pour ne citer qu’eux. Future Mobility Corp, backée par Tencent, a débauché des managers de BMW pour son project de véhicule électrique. Robin Li, CEO de Baidu, qui lui aussi parie sur l’automobile comme la future plateforme informatique, indique: “Nous nous préoccuperons du business model plus tard”. La course (aux dépenses) est sur les rails, pour prendre position sur le 1er marché automobile mondial.
Wearables, Augmented Reality (AR), Virtual Reality (VR), Artificial Intelligence (AI), Robotics: les Asiatiques veulent leut part du gâteau
VR: revenus en hausse de +372% en 2016 en Chine
Les technologies immersives ont eu leur premier Global VR Summit. Si Samsung, Google et Facebook (Oculus) ont ouvert le marché, ils sont rejoints par une quirielle d’acteurs asiatiques dont le Taiwanais HTC Vive – qui remettait ses 1ers awards, et récompensait dans la catégorie contenu VR le portail Travel et Lifestyle Luxe Zanadu (dans lequel a investi Tencent, et qui était speaker à China Connect en Avril) – ou encore les chinois BaofengVR et Zero Zero Robotics dont le CEO MQ Wang présentait sur scène sa très légère Hover Camera qui flotte dans l’air…. Un drone pas comme les autres qui attirait les foules sur son stand
Tous veulent une part d’un gâteau mondial (VR) estimé à 200 millions de head-sets d’ici 2020 dans le monde. Rien que pour le marché chinois (1), les perspectives de revenus en 2016 s’établissent à 850 millions de RMB, soit une croissance de +372% vs 2015, et à plus de 2 milliards de RMB en 2017, soit +154% vs 2016. Quant aux attentes des chinois pour expérimenter cette technologie: video, jeux et social arrivent en tête des usages (2).
A ce titre la plateforme video Youku-Tudou exposait ses ambitions qui contribueront à l’objectif de Jack Ma (qui a racheté le portail): « qu’Alibaba devienne la plus grande société mondiale d’entertainment”, avec l’aide de sa société de production, Alibaba Pictures, installée en Californie et les prévisions du marché du film chinois qui dépassera le box-office nord-américain en 2017
De l’internet OF things à l’internet ON things
Invité du 1erIndia Mobile Forum à GMIC, témoignant des intérêts économiques croissants entre les deux pays, Vishal Gondal, fondateur et CEO de l’application GOQii, “le Uber pour la santé et la forme, qui connecte les données de vos wearables à des coachs forme”, et sera en Chine en 2017, s’attardait sur les enjeux stratégiques de la “culturalisation”, l’importance d’un financement chinois pour qui ambitionne de pénétrer le marché, ou encore sa conviction sur le nouveau centre de l’innovation: “Dans la passé je faisais beaucoup de voyages dans la Silicon Valley, mais aujourd’hui je n’en vois plus l’utilité. En fait si vous voulez voir de l’innovation, vous avez besoin d’être à Beijing et à GMIC”.
Interview Vishal Gondal, CEO de GOQii :
Sonny Wu, fondateur des bracelets connectés Misfits (vendus notamment sur le 2ème site B2C JD.com) depuis rachetés par le Groupe Fossil qui gère les licences des marques de mode Kate Spade, Michael Kors, Diesel ou Tory Burch, racontait aux côtés de Vishal Gondal, comment les Smart wearables commençaient à être intégrés aux industries de la mode, non sans souligner les challenges de 2 industries aux fondamentaux et ADN lointains (cycles de développement, rythmes de lancement produits, etc..)
Pour Ambarish Mitra, fondateur et CEO de l’application de réalité augmentée Blippar, qui a pour clients Carrefour ou L’Oréal, et vient tester le marché chinois, on est passé de l’internet OF things à l’internet ON things. « Nous comptions sur les mots pour chercher, mais l’image est le futur, le produit est le nouveau média. Pour le marché de la beauté, il y a un grand manque d’informations, c’est une des raisons pour lesquelles les femmes hésitent à acheter des produits cosmétiques en ligne.». Pour qui s’interrogerait sur la manière de se lancer sur le marché chinois, il déclare: « Nous ferons une entrée en fanfare (« Bigbang entry »). Ce n’est pas un marché où vous faites un « soft launch ». Vous venez et vous êtes partout, où vous n’avez aucune chance ». Quant à l’innovation « réellement « cutting edge » avec 10 ans d’avance, elle vient encore principalement de la Valley » dit-il plus nuancé en souriant.
Interview Ambarish Mitra, CEO de Blippar :
Le C2B (Consumer To Business) focus des 3 ans à venir ?
Les Chinois n’ont pas de problème à reconnaître la pauvreté de l’expérience dans leurs magasins, qui a contribué à l’explosion du commerce en ligne. «Un phénomène qui a même surpris les Chinois» selon Bob Cao, Directeur de la société d’études iResearch. Et aucun non plus à dire leur confiance dans l’avenir du commerce traditionnel, étant donné les faux qui envahissent le commerce en ligne et ne mènent qu’à une guerre des prix, sans compter la difficulté du dernier kilomètre dans un pays aussi grand que la Chine.
Comment les retailers doivent ils embrasser le challenge ?
- Etre là/ «Be there»: être smart, penser au contexte
- Etre utile/ «Be Useful»: développer du contenu qui compte
- Etre rapide/«Be Fast»: être réactifs, offrir une expérience «sans couture»
- Connecter tous les points de contact, avoir une stratégie de « micro-moments ».
Le “salut” sera dans le O2O. Le mobile qui a bouversé les comportements d’achat dans des proportions toutes particulières en Chine. Pour Iram Mirza/ UX Design Manager for Payment chez Google à Mountain View: « Si vous allez dans n’importe quel shopping mall sans porte-monnaie, vous pouvez survivre en Chine. C’est assez difficile sans Mastercard ou Visa à San Francisco de tenir une semaine (…).Aux Etats-Unis, nous en sommes toujours à essayer de trouver comment le paiement mobile peut fonctionner. Nous sommes loin derrière, même l’Europe ». Et WeChat, ce Hub qui mêle communication, social et paiement est l’exemple fort de cette singularité et avance chinoise que son représentant Roy Rao ne manquait pas de souligner
Pour Bob Cao, Directeur de iResearch, « La clé c’est le C2B (Consumer To Business), ce sera le focus des trois prochaines années »
Le smartphone: un pillier de la réforme du secteur de la santé
Au cours du Healthcare Innovation Forum, le mobile a notamment été discuté comme support de soins (via video, suivi données, paiement), lien entre hôpitaux/docteurs et patients, entre différentes provinces
Lors du forum, le GM de la business unit des services médicaux de Baidu rappelait les 3 valeurs du Groupe, les 3P – Personalisé, Prévenir, Précis. “Précis” signifiant que Baidu devra collecter des données justes et précises pour faire correspondre les vrais besoins avec le bon service.
Voilà qui tombe à point: Baidu est soupçonné depuis de nombreuses années d’engranger des recettes publicitaires très importantes de cette industrie et de ne pas faire apparaître suffisamment clairement les nombreux liens sponsorisés vendus aux enchères. Le moteur de recherche fait aujourd’hui la Une, et l’objet d’une enquête du Gouvernement, suite au décès le mois dernier, largement récupéré sur les réseaux sociaux, d’un étudiant qui a cherché et sélectionné sur Baidu l’hôpital, positionné en top des requêtes, qui devait guérir son cancer
Un incubateur pour les Key Opinion Leaders
Preuve s’il en est de leur impact sociétal et économique récent en Chine, les géants de la tech Weibo, Baidu et Cheetah mobile s’emparaient pour la 1ère fois à GMIC du sujet des “web celebrities” ou “wanghongs”.
Fu Sheng, CEO de Cheetah Mobile a pu réagir à ce qui a fait jaser sur les réseaux il y a quelques semaines: “Des personnes disent que Papi Jiang (wanghong qui a vendu –c’est une 1ère- un écran de publicité dans l’une des ses vidéos pour plus de 20 millions de RMB) est juste un effet de mode, mais je dis que c’est (l’ “économie wanghong”) le début d’un nouveau phénomène”. Et d’annoncer, comme Disney l’a fait avec Maker Studios, le lancement d’une application pour créer une plateforme d’incubation de ces stars du web.
Parmi celles-ci, le styliste Perry Liu intervenait sur le sujet “Social Mobile Platform Drives « Fan Economy », et sa stratégie pour partager ses conseils Beauté/Mode avec ses 36,2 millions de followers sur Weibo, 80 000 sur WeChat, et sa collaboration avec les marques, notamment Chanel.
Gaofei Wang, CEO du réseau social Weibo, détaillait leurs méthodes de monétisation: “Sur Weibo, il y en a 3 principales. La 1ère de loin, de type e-commerce, soit vendre cosmétiques ou vêtements à une énorme base de fans que le wanghong a accumulée. La seconde, de type “Papi Jiang”, ceux qui font des videos, écrivent, mêlant publicité et contenu. La dernière, les “live streamers”.
Les applications mobiles de live stream sont une tendance particulièrement forte en Corée du Sud qui serait le leader asiatique.
(1) Source: eMarketer/Janvier 2016
(2) Source: eMarketer/Mars 2016
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Laure de Carayon est la fondatrice de China Connect, une conférence dédiée au marketing, au numérique et au mobile en Chine.
Après avoir travaillé chez TBWA, Grey et McCann, elle rejoint l’agence Carat en 2002.
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