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« Le prochain marché émergent, ce n’est pas la Chine, ni l’Inde, ce sont les femmes ». La citation préférée de Marie Eloy, fondatrice de Bouge ta Boîte, illustre bien son mode de pensée.
Dans l’élan féminin de recherche d’équilibre dans l’espace sociétal, elle fédère et accompagne les entrepreneures pour développer leurs entreprises grâce à son réseau business de recommandations afin de gagner en leadership et surtout en chiffre d’affaires. « Il existe un plafond de verre des entrepreneures, précise Marie, alimenté par le faible sentiment de légitimité qu’ont les femmes à prospecter et faire du business. Elles créent beaucoup d’entreprises qui ont du sens, mais maintenant le sens doit aller avec le business ».
Le problème. Quelques statistiques
Sur les 1000 personnes les plus médiatisées en 2018, 15,3% sont des femmes. Le constat est encore plus alarmant lorsque nous nous focalisons dans la catégorie « grand patronat », où seulement 1% des femmes font figure de représentation. En général sur les entreprises de plus de 10 salariés les femmes ne constituent que 14% des chefs d’entreprise, d’après une étude de KPMG.
Les femmes entrepreneures manquent donc cruellement d’exemple auxquels s’identifier. D’après un rapport de Séverine le Loarne, chercheuse à GEM, il est estimé que 20% des femmes vivent correctement de leur entreprise contre 50% des hommes, alors même que ceux-ci nécessitent de gagner plus d’argent que les femmes pour pouvoir considérer « en vivre ». Aussi, les femmes auraient plus tendance à chercher du sens et non de l’argent dans ce qu’elles entreprennent. Mais cela ne suffit pas à justifier l’écart, et force est de constater qu’elles éprouvent plus de difficultés à passer un cap de rentabilité et à se développer. Les conséquences ne sont pas qu’économiques mais aussi sociétales.
Avec Bouge ta Boite, Marie participe activement à l’implémentation d’une transition sociétale positive pour les femmes. Mais loin de s’attaquer directement aux statistiques – ou aux hommes -, elle a choisi un angle beaucoup plus constructif, celui justement de ne pas attaquer, et de réformer de l’intérieur. Le but n’est pas de poser une critique ou de chercher un coupable, mais simplement de donner des outils à des personnes qui en manquent, et de cocréer de nouveaux codes économiques que les dirigeantes pourront s’approprier parce qu’ils leur ressemblent davantage.
Pour Marie, les trois facteurs clés du manque de présence des femmes en grandes entreprises sont le manque de légitimité qui découle du manque de rôles modèles, le manque de réseau et le manque de financement. De ces entraves naît une tendance, et l’équipe de Bouge ta Boîte compte bien en bouger les lignes.
En deux mots. Bougeuses et Boosteuses.
Pour cela, Marie et son équipe développent le premier réseau business de recommandations féminin, et des cercles de « Bougeuses » se créent à travers toute la France. Qu’est-ce qu’un cercle de Bougeuses ? Un groupe de 10 à 20 femmes entrepreneures ou de professions libérales, animées par une « Boosteuse », qui se réunissent tous les 15 jours pendant 1h30 autour d’un programme structuré pour pitcher, brainstormer, se recommander à l’extérieur du Cercle. L’adage ? Mieux se connaître pour mieux se recommander et générer du chiffre d’affaires les unes grâce aux autres.
Marie commence par présenter le réseau dans une ville. Puis Julie Bodin, la Manager de Talents, y ouvre un cercle en choisissant des personnalités positives et motivées. « On ne veut ni des ronchonnes ni des boudeuses, s’exclame Marie, mais des dirigeantes peines d’énergies capables d’insuffler un mindset business ! ». Dans chaque cercle, il ne peut y avoir qu’une seule Bougeuse par secteur d’activité, afin de pouvoir mieux profiter de la diversité et de la richesse des expertises et de travailler en complémentarité, sans concurrence : par exemple une architecte, une consultante RSE, une avocate, une expert-comptable, une commerçante, une graphiste, etc. Une fois par mois à travers des Ateliers Eclairants, une des Bougeuses propose une formation sur un thème de son choix, afin de mieux croiser leurs expertises.
L’entraide de Bouge ta Boite se veut aussi personnelle, car les Bougeuses apprennent à se connaître dans le cadre de rencontres en Duos une fois par mois. Un réseau social a même été créé pour mettre en contact les différents cercles et multiplier les opportunités business entre elles.
Les bénéfices apparaissent rapidement, car comme Marie le souligne, il y a un intérêt réel à pouvoir donner de l’inspiration aux femmes qui veulent entreprendre. Que ce soit par manque de confiance ou par gêne de faire de l’argent, beaucoup de Bougeuses n’avaient pas effectué les démarches nécessaires pour faire fructifier leur entreprise. Et en particulier certaines auto-entrepreneures, qui n’avaient pas de site web, de plan stratégique, ou de budget en tête. Maintenant, Bouge ta Boite met à la disposition des Bougeuses une page web gratuitement, et les échanges lors des cercles motivent les membres à aller plus loin dans leur démarche entrepreneuriale. Pour chaque Bougeuse, toutes les autres deviennent sa force de vente, ses prescriptives sur le territoire. Elles forment également son comité stratégique et l’aident à définir ses objectifs et à les atteindre. Ensemble, elles adoptent aussi de nouveaux modes de fonctionnement. 4 Bougeuses de Rennes ont ainsi embauché une Community Manager. Plusieurs Bougeuses ont créé des GIE, répondu à des appels d’offre en commun, partagent une matinée par semaine à prospecter ensemble… Et surtout, parler d’argent n’est pas un tabou.
L’idée. Allier sens et croissance.
Ancienne journaliste à RFI (Radio France Internationale), Marie a cofondé en 2011 une école Montessori en Bretagne. Elle y apprend « que lorsque l’on a une idée, on pouvait fédérer et aider », ici des parents et des enfants.
Elle créé en 2014 le réseau d’entraide Femmes de Bretagne, qui compte plus de 7000 membres et organise plusieurs évènements de rencontre autour de l’entrepreneuriat. Elle y rencontre des personnalités importantes qui s’intéressent à elle et à ses projets, dont certaines qui font maintenant partie de son comité stratégique.
Au début, Marie vouait faire de Bouge ta Boite une nouvelle association, mais elle en est dissuadée par son conseil d’administration : « ça fait des années que tu dis aux femmes de créer leur entreprise, fais-en de même ».
Cette démarche était d’une grande importance car ainsi, elle vit aujourd’hui les mêmes freins que les autres femmes, et peut maintenant mieux les comprendre et les inspirer.
La mise en œuvre. Des cercles vertueux.
Pour démarrer un cercle, il faut former une Boosteuse afin de l’animer. Marie a commencé, à son grand regret, par externaliser ce processus. Mais le résultat n’était pas celui escompté, aussi bien dans l’esprit dégagé par les Boosteuses que dans la motivation montrée pour ouvrir de nouveaux cercles. Julie et elle ont décidé de se charger de la formation et de la phase de prospection. Avant de sonder la France, elles organisent des sessions de recrutement en Bretagne où Marie possède déjà un réseau implanté. Le succès des cercles est rapide, et bientôt, plus de 60 furent ouverts à travers la France. Des cercles « pilotes » ont même vu le jour à Kinshasa et Abidjan afin de réitérer le processus à l’international.
Dans une même ville, 2 ou 3 cercles peuvent être crées en même temps. Ensuite, il se développe de lui-même, mais une nouvelle recrue doit se faire accepter à l’unanimité par les anciennes membres. Ensuite le nouveau cercle apporte sa synergie à l’ensemble des autres.
Et les résultats tombent, par exemple lors du « Trophée La Mayenne Innove » à Laval : 5 finalistes étaient des Bougeuses quand l’année précédente il n’y avait pas eu de dossiers de femmes. Et deux ont gagné un prix. Là est toute l’ambition de Bouge ta Boite, d’avoir des rôle-modèles sur le territoire qui inspirent ensuite les autres.
Finance. Comme un entrepreneur.
Bouge ta Boite a rapidement obtenu des prêts de développement avec la BNP, Nacre Initiative, Réseau Entreprendre et la SNCF Développement. Des membres de son comité stratégiques comme Gonzague de Blignères (RAISE), Guillaume Richard (OuiCare) et Frédéric Lescure (Socomore Venture) ont soutenu le projet pour que la boîte obtienne un premier tour à 400 000 euros.
En bouclage d’une nouvelle levée à plus d’un million d’euros et Marie a grandement confiance pour trouver ces financements, surtout auprès des fonds engagés. « On a un projet sociétal, féminin et territorial, on coche toutes les cases ». Mais elle aimerait néanmoins lever avec des VC par souci d’exemplarité et d’expérience.
Chronique co-réalisée avec @Jean Rognetta, Directeur de la rédaction de Yalayolo Magazine France et Jean-Baptiste Bordenave d’Estimeo.
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