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Il s’agissait d’un simple contrôle de qualité. Mais ce qu’à découvert le mois dernier la direction du fabricant chinois de drone DJI, numéro un mondial, aurait pu avoir un effet désastreux sur son avenir : l’entreprise fondée en 2006 par le discret Frank Wang (aussi appelé Tao Wang) s’est aperçue qu’une partie de ses employés « gonflaient les prix de parties et matériaux de certains produits pour leur enrichissement personnel », avait alors annoncé l’entreprise. Au total, ce détournement massif aurait coûté plus de 130 millions d’euros (1 milliard de yuans) au spécialiste du drone de loisir basé à Shenzhen, la Silicon Valley chinoise. Mais DJI n’aurait « pas subi de pertes en année pleine en 2018 », assure l’entreprise.
En réaction à cette affaire de corruption à grande échelle, qui aurait impliqué au minium 45 salariés (côté achats et fournisseurs), DJI a rapidement licencié « un certain nombre » d’employés. Elle indique continuer à enquêter sur la situation et avoir également contacté les autorités chinoises pour lui transmettre le relais sur plusieurs cas.
DJI, par ailleurs l’acronyme de Da-Jiang Innovations, devrait compter jusqu’à environ 14 000 collaborateurs cette année, soit 2 000 de plus qu’à la fin de 2018. Le rival du français Parrot a indiqué prendre des mesures pour renforcer ses contrôles internes. L’entreprise aurait également mis en place des « nouveaux canaux » pour que les employés puissent soumettre des « rapports confidentiels et anonymes en lien avec des violations des codes de conduite » de l’entreprise. Une réaction très publique qui pourrait avoir un lien avec une éventuelle entrée en bourse prévue cette année. L’année dernière, DJI visait une valorisation à près de 15 milliards de dollars.
Comme beaucoup d’entreprises chinoises, DJI peut se montrer mesuré sur ses activités et ses résultats. Mais une deuxième réaction à l’affaire fournit un bref aperçu du fonctionnement de l’entreprise qui fabrique aussi des stabilisateurs de caméras : « Nous comprenons qu’une direction solide est clé dans la mise en place d’attentes honorables chez nos employés. Tandis que les entreprises matures ont établi des protocoles de formation, de contrôle et de gestion pour limiter ces problèmes [de corruption], DJI a par le passé mis davantage l’accent sur la croissance de l’entreprise que sur les nouvelles procédures internes. »
« DJI va désormais endosser un rôle de premier plan dans le développement de politiques, procédures et attentes claires pour traiter de ces actes de fraude et de vol commis par des employés », a ajouté la société, qui a également appelé d’autres entreprises à faire de même.
Avant de se donner pour mission de combattre la fraude et la corruption, le fabricant de la série de drones Phantom avait connu une ascension convaincante après son lancement il y a 13 ans.
Lancement dans une chambre universitaire
Selon un récent article du South China Morning Post, DJI a connu une histoire semblable à la plupart des géants actuels de la tech. Frank Wang, né en 1980 et doté d’une âme d’entrepreneur, a lancé son entreprise en plein milieu des années 2000 dans sa chambre d’université, ce qui ne sera pas sans rappeler la naissance d’un certain réseau social. Il aurait été pris de passion très tôt pour les hélicoptères et les avions alors qu’il grandissait à Hangzhou.
« Mes parents m’ont offert un hélicoptère de loisir en récompense à ma bonne note à un examen au lycée, mais j’ai été très déçu lorsqu’il s’est écrasé à cause de sa stabilité limitée pendant le vol », aurait-il dit lors d’une conférence à l’Université de Shenzhen en 2015. « Plus tard, j’ai petit à petit compris ce que devait être un appareil volant parfait et ai décidé d’en fabriquer un ». Une compréhension qui a donc par la suite amené Frank Wang à fabriquer lui-même, en compagnie de deux camarades d’université, ses propres contrôleurs à partir de 2006. C’est là qu’est né DJI.
Selon M. Wang, le succès de son entreprise provient simplement de « bonnes décisions » prises face à de petits compétiteurs. Il met également en avant le maintien d’une « distance vis-à-vis des masses ». Des masses pourtant clairement ciblées par l’entreprise, avec des produits consommateurs dont les prix se situent en-dessous de la barre des 1 000 dollars. DJI s’est depuis diversifié dans la vente aux professionnels et aux entreprises, avec notamment un focus sur l’agriculture.
Le leader mondial des drones capte 70 % du marché commercial et grand public. Mais l’entreprise, qui vend aujourd’hui ses produits dans plus de 100 pays, doit aussi faire face à des défis, notamment de sécurité. Début 2015, un drone de la marque s’était écrasé sur la pelouse de la Maison Blanche, créant l’affolement des responsables de la sécurité. Ce qui n’a pas apaisé la méfiance du gouvernement américain quant à l’utilisation des drones à des fins d’espionnage. En août 2017, l’armée américaine a quant à elle déconseillé à son personnel d’utiliser les appareils de la marque en raison de leur sensibilité aux cyberattaques. Depuis, DJI aurait pris des mesures et renforcé la sécurité de ses engins. En 2017 également, DJI aurait réalisé 2,7 milliards de dollars de ventes, soit 80 % de plus que l’année précédente.
Malgré ces quelques obstacles et la révélation récente de cas de fraude au sein de l’entreprise, DJI devrait continuer à se concentrer sur l’amélioration de ses produits, services et technologies. La société attend par ailleurs la construction d’un nouveau et vaste siège flambant neuf à Shenzhen, dont la fin est prévue pour 2022. De quoi profiter confortablement d’un marché qui devrait atteindre 11,2 milliards de dollars d’ici à 2020, selon une récente étude du cabinet Gartner.
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Yalayolo Magazine