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Tesla a annoncé mercredi son premier bénéfice en deux ans, clôturant sur une note positive un troisième trimestre noir marqué par une enquête pour «fraude» contre Elon Musk, son emblématique patron, dont le comportement fantasque déroute les investisseurs. La surprise a fait s’envoler le titre, qui gagnait près de 10% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance à Wall Street. Les milieux financiers tablaient sur un retour aux bénéfices plutôt au quatrième trimestre.
«Toutes les activités de l’entreprise ont incroyablement bien fonctionné», s’est réjoui Elon Musk pendant une conférence téléphonique avec des analystes, après avoir aussi évoqué un «trimestre vraiment historique» dans sa lettre aux investisseurs présentant les résultats. Rappelant qu’il avait promis que le groupe, qui brûle beaucoup d’argent, allait commencer à devenir «durablement rentable» au cours de la deuxième partie de l’année, il a estimé que «ce trimestre (marquait) une étape importante dans cette direction».
«Rédemption»
Le constructeur de véhicules électriques a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 311,5 millions de dollars, grâce aux ventes de sa voiture électrique d’entrée de gamme, la Model 3, dont les volumes de production et de livraison ont fortement augmenté. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a été multiplié par plus de deux, à 6,82 milliards de dollars, nettement au-dessus des attentes des analystes financiers qui tablaient sur 6,1 milliards de revenus, a indiqué mercredi le groupe dirigé par Elon Musk. L’an dernier à la même époque, Tesla avait essuyé une perte de 619,38 millions de dollars. Quant à son dernier bénéfice (environ 22 millions de dollars), il remontait au troisième trimestre 2016. «C’est la rédemption d’Elon Musk», a réagi Jeremy Acevedo, analyste au cabinet spécialisé Edmunds.com.
Cette voiture, dont seule la version la plus chère est actuellement commercialisée aux États-Unis en attendant la gamme intermédiaire, est censée transformer Tesla en producteur de masse. Le constructeur de véhicules électriques a accéléré la production de la Model 3, dont il a livré 56 065 exemplaires au cours du trimestre, ce qui représente environ 3 milliards de dollars de revenus. Le 2 octobre, il avait annoncé 55 840 livraisons mais a affiné le chiffre depuis. La firme américaine en a produit 5 300 unités lors de la dernière semaine de septembre, ce qui est en ligne avec son objectif.
Quant au modèle le moins onéreux du Model 3, promis à 35 000 dollars mais pas encore commercialisé, Elon Musk a indiqué que cela restait un objectif impératif et que le groupe «travaillait dur» pour y arriver. Il a aussi indiqué que Tesla espérait de premières livraisons de Model 3 en Europe au premier trimestre 2019. La Model 3 est devenue la cinquième voiture particulière la plus vendue aux États-Unis au troisième trimestre selon Edmunds.com, et sa marge a atteint 20% alors que Tesla visait seulement 15%.
Quid de la Chine ?
Le groupe californien, qui vend également des panneaux solaires depuis le rachat de SolarCity, a en outre terminé le trimestre avec une trésorerie positive de 881 millions de dollars, contre un déficit de 740 millions de dollars au deuxième trimestre. Elon Musk a aussi indiqué mercredi que le groupe n’avait pas l’intention de lever de nouveaux capitaux.
Ces données sont de nature à apaiser les craintes des investisseurs, qui craignaient que Tesla ne doive encore s’endetter auprès des marchés pour financer ses opérations. Pour Elon Musk, cette performance clôt une parenthèse difficile au cours de laquelle ses capacités de patron ont été remises en question. Il a notamment été accusé de «fraude» par le gendarme de la Bourse, la SEC, après un tweet en août dans lequel il affirmait, sans preuves, disposer des fonds pour retirer Tesla de la cote. L’enquête du régulateur s’est soldée par un accord à l’amiable selon lequel Elon Musk a renoncé à la présidence du conseil d’administration de l’entreprise qu’il a co-fondée. Il s’est aussi acquitté d’une amende.
Outre cette affaire, les milieux financiers ont été décontenancés par la colère d’Elon Musk contre les analystes financiers et son apparition dans une émission au cours de laquelle, entre deux questions, il sirotait un verre de whisky et avait tiré sur un joint. Elon Musk a enregistré une première victoire mardi lorsque le fonds Citron, qui avait spéculé sur l’effondrement boursier de Tesla, a admis s’être trompé. «Tesla anéantit la concurrence», a dit son patron Andrew Left. «Tesla n’est pas complètement tiré d’affaire», fait toutefois remarquer Jeremy Acevedo, qui explique que les taxes douanières imposées par l’administration Trump pourraient contrecarrer les projets de croissance du groupe à l’international, notamment en Chine.
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Yalayolo Magazine