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Le 10 mars dernier, Christine Lagarde, la présidente de la BCE s’est exprimée sur fonds de flambée de l’inflation et des tensions générées par le conflit russo-ukrainien. Dans ce contexte, la Banque Centrale a opté pour un durcissement de sa politique monétaire avec une réduction de ses achats d’actifs. Ce changement de ton laisse-t-il présager une hausse prochaine des taux directeurs ? Éléments de réponse avec Éric-Olivier Lewin, spécialiste des marchés financiers et rédacteur en chef des publications Agora.
Christine Lagarde a pointé du doigt les effets du conflit russo-ukrainien sur l’inflation et sur l’activité économique de la zone euro. Les projections d’inflation annuelle ont été revues à la hausse à 5,1% en 2022, avant de repartir à la baisse à 2,1% en 2023 puis 1,9% en 2024. Ce scénario vous semble-t-il crédible ?
Éric-Olivier Lewin : Il est beaucoup trop tôt pour se prononcer sur un scénario de baisse de l’inflation dès 2023. Pour que la dynamique s’inverse, il faudrait que la guerre prenne fin très rapidement. Quant à la trajectoire de 5,1% pour cette année, il est fort possible qu’elle soit sous-estimée. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine nourrit l’envolée des prix du pétrole et du gaz, ce qui renforce la tendance inflationniste. Il faut savoir que pour 10$ de hausse du baril, la conséquence directe est une hausse de l’inflation de 0,2% à 0,3%. S’il prend 50$, c’est entre 1% et 1,5% en plus. En outre, ce conflit provoque également une flambée du prix des métaux dans la mesure où la Russie est l’un des plus grands exportateurs de matières premières minérales dans le monde comme le nickel, l’aluminium ou le palladium, ce qui risque d’entraîner un emballement des prix industriels.
Autant de raisons pour lesquelles Christine Lagarde a annoncé un ajustement à la baisse du programme d’achats d’actifs pour les mois à venir (passage de 40 milliards en avril, à 30 milliards en mai et 20 milliards en juin). En quoi consistent ces programmes ? A quoi faut-il s’attendre ?
Éric-Olivier Lewin : Deux programmes coexistent aujourd’hui, le PEPP, le programme d’achats d’urgence mis en place suite à la pandémie, qui comme convenu, touchera à son terme fin mars puisque le risque Covid s’éloigne, et l’APP, le programme d’achats standard d’achats d’actifs, qui lui prendra fin à la fin du premier semestre, et non à la fin de l’année comme anticipé en raison de la remontée de l’inflation. L’arrêt des programmes d’actifs signifie une diminution nette du soutien monétaire de la banque centrale. C’est le préambule classique à une hausse des taux d’intérêt. Les conditions de financement sont moins favorables mais sans doute plus saines.
Pour stabiliser l’inflation à moyen terme à 2%, la BCE évoque le levier des taux directeurs. Doit-on s’attendre à une hausse progressive des taux ?
Éric-Olivier Lewin : La hausse des taux est inéluctable, surtout si l’inflation continue à monter. Reste à savoir quand commencera vraiment cette politique monétaire restrictive car nous sommes typiquement dans un scénario de choc d’offre exogène (ex : hausse soudaine des cours du pétrole, attentats, guerre) où la régulation est difficile. Deux options sont possibles : celle de laisser grimper l’inflation pour ne pas risquer de paralyser la croissance, soit de la ralentir avec une hausse des taux, quitte à casser la dynamique de croissance. Dans tous les cas, il est certain qu’on ne peut rester avec des taux à zéro sur le Vieux Continent, surtout si l’inflation flirte avec les 5%.
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