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OPINION | Malgré tous les moyens mis en place par le gouvernement français pour soutenir les entrepreneurs nationaux, les États-Unis restent, pour eux, le saint graal. Et pour cause, les montants des levées de fonds sont plus importants, les VC prennent de vrais risques, les lourdeurs administratives sont moindres et les dettes sont tolérées.
Les offres de soutien aux entreprises et aux startups innovantes foisonnent en France. Crédit impôt recherche, crédit impôt innovation, prêt d’amorçage et d’innovation, aide régionale pour le développement de l’innovation ou plan de relance 2030, la panoplie des outils financiers est vaste pour soutenir les entrepreneurs. Pour autant, combien de licornes françaises ont encore leur siège social en France ? Combien d’entrepreneurs n’ont pas cédé aux sirènes des investisseurs américains et franchi l’Atlantique ? Pourquoi la magie de la Silicon Valley continue-t-elle d’opérer ?
Des investisseurs plus généreux aux Etats-Unis qu’en France
Plusieurs raisons à cette traversée de l’Atlantique. La première : les montants investis. Non seulement le nombre d’investisseurs est nettement plus important aux US qu’en France mais aussi les montants investis sont bien plus conséquents. Là où les VC américains n’hésitent pas à mettre plusieurs dizaines de millions d’euros sur la table en série A, en France les montants vont de quelques milliers à 5 millions d’Euros tout au plus. Selon une étude de Eurostat pour l’Europe et de Business Employment Dynamics pour les États-Unis, en France, les capitaux sont majoritairement nationaux pour les montants inférieurs à 50 M$, européens pour les levées de fonds comprises entre 50 M$ et 250 M$ et américains et chinois pour les montants supérieurs. Avec un montant d’investissement de 6,5 Md$ en 2020 (montant en progression), la France reste loin derrière les US (145 Md$) et la Chine (57 Md$).
Aux Etats-Unis, la dette ne fait pas peur
Deuxième : la dette. Là, deux philosophies se dessinent. Outre-Atlantique générer de la dette n’est pas un sujet. Uber, Facebook, Amazon, Tesla et bien d’autres ont, pendant des années, engrangé des pertes abyssales sans pour autant être lâchés par leurs VC. Ce que les investisseurs regardent avant tout, ce sont les perspectives de développement et le marché potentiel d’une entreprise. Ils veulent de la disruption, de l’innovation, de l’audace, quitte à perdre leur mise. Ils préfèrent valoriser la dette plutôt que de risquer de passer à côté d’une société pouvant révolutionner un marché.
En revanche, en France, les investisseurs sont plus frileux. Non seulement ils veulent voir un produit et/ou un service finalisé avant d’investir mais ils attendent aussi des résultats commerciaux immédiats. Or, développer un produit ou un service ne se fait pas sans R&D, marketing et développement commercial. Autant de phases qui nécessitent du temps, des gens et de l’argent. Mais, l’entrepreneur français, soutenu par des fonds nationaux, est sommé de rendre régulièrement des comptes via une batterie de KPIs et de remplir une montagne de documents administratifs pour espérer lever quelques milliers d’euros.
Enfin, en France, le droit à l’échec n’existe pas. Or, une entreprise n’est-elle pas le résultat d’échecs résolus, d’ajustements réguliers pour s’adapter aux évolutions du marché ou de changement radical quand cela s’avère nécessaire ? Twitter, Paypal, Groupon ou Flikr en sont d’excellents exemples.
Un plus grand vivier de talents aux Etats-Unis
Grand pays, les États-Unis bénéficient d’un marché bien plus vaste que celui de la France. Sans parler de leur extension possible à tous les pays anglophones sans prendre la peine de décliner leurs offres dans une autre langue. En France, le marché très restreint, contraint les entrepreneurs à traduire leurs solutions en anglais et à l’adapter aux différents pays européens pour pouvoir bénéficier d’un champ commercial plus vaste. Ces développements à la fois techniques mais aussi marketing et commerciaux, nécessitent une fois encore du temps et des investissements financiers importants.
Quant aux recrutements, là encore la balance penche du côté des US, les candidats y étant plus nombreux. Et pour cause, non seulement le marché dispose d’une main d’œuvre plus importante du fait de sa taille mais elle compte aussi les étrangers et notamment les chercheurs et ingénieurs français attirés par des salaires supérieurs à ceux de leur pays.
Dans un tel contexte, rien d’étonnant à ce que la France ne parvienne pas à rivaliser avec un pays offrant des conditions aussi attrayantes. Pas question pour autant de jeter la pierre à ceux qui ont fait le choix de prendre le large. Mais les conséquences sont lourdes puisque la France perd ses startups, ses talents et se retrouve envahie d’entreprises américaines. Pourtant, saluons les efforts faits par les pouvoirs publics qui, depuis quelques années, mettent en place les conditions pour retenir les entrepreneurs. Toutefois il faut aller plus loin en mettant sur la table des montants bien plus importants et en assouplissant les conditions de financement. En France, l’argent existe. Il faut juste le donner aux bonnes entreprises, les jeunes, les TPE et PME, celles qui font de la R&D, qui ne pratiquent pas l’évasion fiscale et créent de l’emploi en France et en Europe.
Tribune rédigée par Richard Bessis, CEO de MyPRM
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