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Côté façade, comment ne pas se réjouir de la réouverture des cinémas après des mois d’abstinence ? Côté coulisse, c’est une toute autre histoire avec un véritable embouteillage de films où chacun va tenter de trouver une place dans une salle obscure bondée. À ce jeu-là, on a envie de miser une pièce sur Le Dernier Voyage.
Il pourrait s’agir d’un poncif s’il n’était pas malheureusement le reflet d’une triste réalité : ces dernières années, cinéma français et science-fiction n’ont que très rarement cohabités. Tout juste on citera la série Missions ou encore l’excellent Blood Machines dont nous vous vantions les qualités ici-même. Au-delà de ces rares réconciliations, on a le sentiment d’un couple heureusement pas encore divorcé, mais qui fait chambre à part. Et c’est là qu’arrive Le Dernier Voyage.
Dans un futur proche, une mystérieuse lune rouge, jusqu’alors exploitée par l’homme pour sa source d’énergie, change de trajectoire et fonce sur la Terre. Paul W.R, le seul astronaute capable de tous nous sauver, décide brusquement de disparaître. Poursuivi par tous, notamment par son frère, il va croiser la route d’Elma, une adolescente au caractère bien trempé.
Adaptant son propre court-métrage pour en faire son premier long, le réalisateur Romain Quirot ne lésine pas sur les moyens afin de nourrir son ambition. On ne peut évidemment pas comparer le film à des grosses productions françaises comme celles de Besson, l’échelle n’étant pas la même, mais Le Dernier Voyage n’a pas à rougir visuellement de ses homologues du genre. Voitures volantes, araignées GPS, design des forces de police ou encore décor post-apocalyptique, la science-fiction imprègne chaque élément du film.
Point non négligeable : Romain Quirot a l’intelligence d’utiliser le genre sans artifice ni surenchère. Tout ce qui se voit a une utilité dans le scénario. Ce manque d’extravagance permet de rendre tangible cet univers, de lui donner de la chair. S’il faut savoir se donner les moyens de parvenir à ses fins, Le Dernier Voyage démontre qu’avec peu de moyens, on peut tout aussi bien accomplir son but, pour peu qu’on sache comment s’en servir.
La petite faiblesse de l’histoire
Une envie de bien-faire et de se faire plaisir qui se ressent également chez les comédiens. Hugo Becker incarne parfaitement ce héros qui ne veut plus en être un et en face, la jeune Lya Oussadit-Lessert compense les quelques faiblesses de ses dialogues par une justesse d’émotion indéniable. Face au duo, le sourire en coin de Paul Hamy l’installe immédiatement en méchant charismatique. Petit bémol concernant notre cher Jean Reno, dont le faciès semble de plus en plus réduit à sa plus simple expression. Par déni, on mettra ça sur le compte de l’écriture du personnage.
Parce qu’il ne faut pas se mentir, Le Dernier Voyage a beau faire tout ce qu’il peut pour nous séduire, il n’arrive pas à cacher ses maladresses. Malgré son rythme, le film a des petites longueurs, conséquences d’un scénario qui a du mal à changer de format. La quête du héros n’a, ainsi, pas franchement de sens lorsqu’elle arrive à son épilogue et il y a un petit côté « tout ça pour ça ». Heureusement pour le film, il a d’autres cartes à jouer.
Le Dernier Voyage dans les années 80
Biberonné aux films de science-fiction des années 80 et des décennies qui suivront, Romain Quirot assume succomber aux vagues nostalgiques qui secouent le cinéma – surtout hollywoodien – pour en imprégner son œuvre. La preuve, chaque parcelle de celle-ci révèle de multiples références.
Un univers crasseux à la Blade Runner, des plans dans l’espace rapprochés rappelant 2001, l’Odyssée de l’espace, une civilisation écroulée tel Mad Max, des gardes aux allures de Stormtroopers de Star Wars, des objets tirés du Cinquième élément… si vous connaissez le jeu PopCorn Garage, on a souvent l’impression d’y être, cherchant les nombreux clins d’oeil se cachant dans l’image.
Au-delà des emprunts à ses prédécesseurs, le long-métrage crie son amour aux années 80 par l’intermédiaire de son ambiance et des décors, rétros jusqu’au bout des ongles. Le walkman, les photos à développer dans une chambre noire, la télévision cathodique, autant d’éléments rappelant un passé révolu auquel l’humanité se rattache, comme pour oublier l’avenir menaçant qui se profile au son de « Cambodia » de Kim Wilde. Oui, les vieux tubes aussi se bousculent dans la bande-originale. Vous avez dit Gardiens de la Galaxie ?
Loin de surfer sur cette nostalgie par pur esprit mercantile, suivez notre regard, Romain Quirot, au contraire, semble habiter par une véritable envie de rendre hommage à toutes ces œuvres, ces objets qui ont marqué son adolescence. Le Dernier Voyage n’est pas qu’un film de science-fiction français bien foutu, c’est surtout la déclaration d’amour d’un cinéaste en devenir à tout ce qui lui a permis de nourrir son imagination. Une œuvre généreuse, sincère.
Bonus : voici les 4 premières minutes du film !
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