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Stéphane Ferrain, responsable coordination du pôle création d’entreprise à la CCI Paris Ile-de-France. | Stéphane Ferrain, responsable coordination du pôle création d’entreprise à la CCI Paris Ile-de-France.
Stéphane Ferrain, responsable de la coordination du pôle création d’entreprise à la CCI Paris Ile-de-France, revient sur le rôle de l’État pendant la crise sanitaire pour soutenir les entrepreneurs au niveau local. Pour accompagner ces créateurs d’entreprise et l’élan des jeunes vers plus de projets à impact, la région compte sur la résilience de ses écosystèmes d’innovation ancrés dans les territoires.
D’après la dernière étude du Crocis (Centre Régional d’Observation du Commerce, de l’Industrie et des Services) sur la création d’entreprise, la crise sanitaire ne semble pas avoir entamé l’envie d’entreprendre… À votre avis, pour quelle raison ?
D’une part, l’adoption du régime micro-entreprise en 2008 a largement aidé à décomplexer la création d’entreprise. Il n’a jamais été aussi simple administrativement de se lancer. Je ne parle pas forcément de start-up à grande échelle mais bien de petits projets souhaitant répondre à un problème précis.
D’autre part, pendant la crise sanitaire, l’entrepreneuriat par nécessité s’est manifesté chez les étudiants ou personnes sans emploi. Des secteurs comme l’e-commerce – en particulier, la livraison à domicile – ont rapidement été plébiscités. De la même manière, beaucoup de jeunes se sont lancés dans des projets à impact pour remettre du sens dans leur projet professionnel.
Le Gouvernement soutient également cette dynamique, passant d’une logique quantitative à la construction d’écosystèmes d’innovation ancrés dans les territoires. Il a par ailleurs récemment souhaité relancer l’engouement pour l’entreprise individuelle, en annonçant un plan de soutien aux travailleurs indépendants. Ce contexte est donc favorable au phénomène entrepreneurial.
Quel rôle jouent les régions dans cette mission ?
Il y a une reconfiguration du marché de la création d’entreprise, avec l’arrivée d’acteurs privés, de formations au numérique, d’incubateurs, d’accélérateurs… Les régions se positionnent en tant que chef de file pour donner des impulsions favorables à l’entrepreneuriat.
Du côté de la CCI Paris Ile-de-France, nous avons mis en place, aux côtés de la Région Ile-de-France, un parcours d’accompagnement des entrepreneurs franciliens baptisé « Entrepreneur #LEADER ». Il s’agit de suivre une entreprise dans la durée, de sa création à son premier financement et au-delà. Le programme est porté par plusieurs acteurs de l’aide à la création d’entreprise comme les chambres de commerce et les chambres de métiers.
La région est aussi dans une logique de reconquête de territoires – comme les quartiers politiques de la ville ou bien les zones rurales – mais aussi de publics – les femmes, les jeunes de moins de 26 ans ou bien les repreneurs d’entreprise. Nous nous appuyons localement auprès de relais variés tels que les regroupements de communes, les écoles et bien sûr, Pôle Emploi.
On a souvent tendance à minorer l’intervention de Pôle Emploi mais cette structure propose une aide indispensable. Je pense notamment au programme « Activ’Créa Émergence », qui explore la création ou la reprise d’entreprise comme opportunité de retour à l’emploi. Nous sommes ici à la fois sur des problématiques de solidarité et d’aide à la création d’entreprise.
L’entrepreneuriat à impact a-t-il pris plus de place ?
Absolument. Il y a vraiment une tendance et lors de notre dernier concours « Made in 92 » qui récompensent les entreprises du département des Hauts-de-Seine, nous avons eu beaucoup d’entrepreneurs sur les thématiques d’impact environnemental. Cette tendance était là et elle a été accélérée par la crise Covid-19.
Nous voyons émerger ces tendances autour de la recherche de sens ou encore la digitalisation en parallèle des activités plus traditionnelles. Les entrepreneurs franciliens s’investissent dans une myriade de projets, du parc à chat au recyclage des coquilles d’œuf… Nous ne sommes pas là pour juger la nature du projet mais pour aider à le faire mûrir.
Quel est votre positionnement vis-à-vis de la French Tech ?
La French Tech a largement contribué à décomplexer l’entrepreneuriat. Les feux de projecteur mis sur les réussites de pépites comme Doctolib ont inspiré beaucoup de gens et ont aussi montré que l’expérience entrepreneuriale est enrichissante, peu importe son issue. La French Tech complète notre démarche et son écosystème a permis un effet d’entraînement bénéfique pour la création d’entreprise.
L’accompagnement s’arrête-t-il en cas d’échec entrepreneurial ?
Non, l’objectif n’est pas simplement de faire essayer un projet puis de l’abandonner s’il échoue. Nous accompagnons également les entrepreneurs sur la manière de rebondir. Il faut montrer qu’il y a aussi des opportunités après un échec et tout l’enjeu est de pousser le rebond entrepreneurial sur le devant de la scène.
La crise Covid a par ailleurs mis en lumière les initiatives portées par les associations 100000 entrepreneurs et Second Souffle, qui s’appliquent à transmettre la culture et l’envie d’entreprendre aux jeunes ou publics défavorisés. Plus récemment, nous avons lancé dans le 92 un « accélérateur du rebond » !
Est-ce que votre démarche contribue à la résilience des territoires ?
Oui et cela est dû à notre capacité à travailler de concert avec les collectivités. La crise Covid-19 nous a montré que nous pouvions co-construire des solutions en un temps record. Il faut renforcer le dialogue entre les différents échelons territoriaux pour animer ces écosystèmes et les rendre plus résilients.
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