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« Le courage d’être femme »
Guila Clara Kessous est Ambassadrice de la Paix, UNESCO Artist for Peace et Rising Talent 2020 du Womens Forum. Elle recevra des intervenants de prestige dans le cadre de la seconde édition du Colloque internationale du leadership au féminin les 8 et 9 décembre, un événement sponsorisé par la Ligue internationale pour le Droit au Bonheur, événement 100% digital.
Seront à ses côtés des personnalités telles que Eva Longoria, actrice hollywoodienne renommée ou encore Eve Ensler, célèbre auteur des « Monologues du Vagin ». Ces rencontres live seront ouvertes au grand public qui découvrira plus d’une dizaine de tables rondes sur des sujets vastes tels que le digital, l’audace, la génération Z, le dialogue interculturel, avec notamment la présidente d’ONU Femmes France ou encore l’activiste Frédérique Bedos ainsi que celle sur « femmes et créativité artistique » au côté de Aurélia Khazan, Actrice-Jeune Talent pour la Paix Unesco et Ambassadrice de YalaYolo Magazine. Citons également une table ronde qui donne la part belle au regard masculin avec les auteurs Metin Arditi (Ambassadeur UNESCO et prix Giono) et David Foenkinos (prix Renaudot).
Les inscriptions sont ouvertes sur le site : www.cil.events
Interview :
– Pourquoi ce colloque international sur le leadersip au féminin ?
GCK- Ce colloque est un moment de partage et de réflexion sur la place de la femme et la capacité de fédération autour de cette thématique. Suite au prestigieux Women’s Forum for the Economy and Society où tant d’incroyables femmes ont donné de vrais points de vue pour faire avancer des problématiques fondamentales, ce colloque a pour but de donner la parole à des intervenant(e)s sur la thématique du leadership, c’est à dire à la capacité pour la femme à créer du suivi, de l’enthousiasme et à endosser une notion de pouvoir. Une actrice comme Eva Longoria ou une entrepreneuse comme Arielle Kitio ont ça en commun de ne pas se soustraire au fait d’endosser l’acceptation de cette responsabilité d’être vue comme femme de pouvoir et créer de cette force un « followership » masculin et féminin.
– Pour vous existe-t-il un leadership différent exercé par les hommes et par les femmes Si oui, qu’elles en seraient les caractéristiques ?
GCK – Il est très difficile de différencier l’inné de l’acquis entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, « le » leadership reste en France un mot masculin et une représentation en terme de conscience collective liée au pouvoir du mâle alpha. Cela renvoie à des représentations très profondes, psychologiques et inconscientes qui touche au « premier homme », à l’homme pionnier dans tous les domaines, jusqu’à avoir une prédominance sur la femme puisqu’il a été le premier être humain sur terre par la figure d’Adam. Du coup, le « premier homme au monde », « le premier homme sur la lune », a envahi notre imaginaire au point d’avoir rapidement en tête quand on parle d’ « avancée du progrès » ou même d’« humanisme », ce corps d’homme nu avec quatre bras et quatre jambes dans un cercle annoté par Léonard de Vinci.
Bien sûr, son équivalent féminin par le célèbre peintre, reste sagement les bras croisés et surtout dont seul le haut du corps existe. Pour moi, il n’y a fondamentalement pas de différence dans l’exercice du leadership exercé par les hommes et par les femmes. La Joconde aurait pu être une dirigeante mais elle reste une « femme mystérieuse»…L’homme de Vitruve, quant à lui, frappe par la puissance masculine non seulement de force mais de pouvoir énergétique qui se dégage du dessin.
– Faut-il selon vous déconstruire les stéréotypes et comment peut-on s’y prendre ?
GCK- Il faut absolument déconstruire les stéréotypes et les combattre de toutes ses forces. Cela commence dès le début avec une éducation de respect vis-à-vis des femmes en ne les traitant pas comme des êtres qui doivent être serviles ou même qui ne se définissent qu’en rapport à la maternité (réduire les jeux de poupées pour les filles, augmenter les jeux de des tâches ménagères pour les garçons). Un renforcement de la force des petites filles avec une exposition très tôt entre autres à un sport de combat, un sport d’équipe et une aide à la prise de parole valorisée par la famille reste une base pour une éducation positive qui déconstruit les stéréotypes.
Dans le monde de l’entreprise, c’est encore par l’éducation des femmes ET des hommes que se passe ce changement de paradigme. Des programmes comme Eve de Danone, EllesVMH, entre autres sont là pour en témoigner : aider les femmes à casser le plafond de verre, à oser briguer les postes à hautes responsabilités sans peur de ne pas trouver l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Il y a encore beaucoup à faire, surtout maintenant en période de COVID, avec les violences domestiques qui remettent encore la femme au rang de victime
– Personnellement, comment décririez-vous votre leadership et comment cela se manifeste-t-il ?
GCK- Je me décris comme « artiviste », c’est à dire que j’utilise mon art pour porter mon action dans le monde. Mon travail de pédagogue, de coach ou d’activiste sont tous trois sous tendus par mon approche liée à l’art dramatique. Remettre au cœur du monde la question de ce que doit nous apporter l’art et la culture qui ne sont pas ici pour seulement « créer du Beau » comme le ferait une représentation « Joconde » mais au contraire, qui vient s’ancrer dans les différents pieds et jambes de l’Homme de Vitruve pour efficacement aider le leadership. Aujourd’hui, j’ai la chance d’aider de nombreux dirigeants et dirigeantes pour leur donner la force de pouvoir renforcer le côté de l’incarnation de leur personnage pour leur donner toute l’épaisseur d’un leadership authentique, où la vulnérabilité devient révélatrice d’un management puissant et profond. Cela se manifeste au niveau du corps, dans la posture, dans le non verbal…..
– Quelles actions avez-vous personnellement mis en œuvre pour parvenir à une plus grande participation des femmes ?
GCK- J’ai été porte parole de plusieurs textes fondateurs d’émancipation féminine au travers de lectures que j’ai enregistrées comme « Moi Malala » de Malala Yousfzai, « Le Consentement » de Vanessa Springora, « La Mulâtresse solitude » d’André Schwarz-Bart ou encore « Des mots pour agir contre les violences faites aux femmes » sous la direction d’Eve Ensler. Je suis animatrice de plusieurs programmes sur le « Women Empowerment » en entreprises et j’interviens sur la question du leadership au féminin à l’ENA et à l’ENM. Formation et coaching dans le secteur privé et le domaine public se mêlent également à mon action solidaire pour les femmes battues au travers d’organismes comme la Maison des Femmes ou City of Joy. Sans compter les actions de partenariat pour aider les petits filles à l’accès à l’éducation par le théâtre pour des fondations comme Malala Foundation ou Global Gift Foundation.
– Qu’auriez-vous envie de dire aux nouvelles générations (hommes et femmes) aux enfants, aux jeunes adultes sur ces sujets ?
GCK – De ne pas avoir peur….C’est la peur qui crée chez l’autre ce sentiment de capacité d’emprise. C’est très difficile pour une femme de ne pas avoir peur : d’être une « mauvaise » fille, « mauvaise » mère, « mauvaise » épouse, « mauvaise » meuf tout simplement…..Etre « bonne » dans tous les sens du terme….voilà l’injonction qui reste dans la tête des femmes et des filles. Aujourd’hui, ce que j’ai envie de dire, en particulier aux femmes, c’est de ne pas avoir peur non seulement de ne pas être « bonne » mais d’être « mauvaise »…..pour juste « être » soi. Il est temps d’accepter de ne plus avoir peur de ne pas paraître intelligente et de parler….c’est pourquoi participer à ce deuxième colloque international sur le leadership au féminin est si important…
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