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La pandémie a obligé le secteur de l’hôtellerie à modifier son mode de fonctionnement, plaçant la sécurité sanitaire au premier plan. Cependant, ces mesures sanitaires se sont accompagnées de produits jetables, comme les masques ou les menus. De ce fait, les experts craignent que cette nouvelle orientation ne fasse reculer la tendance naissante consistant à favoriser davantage le développement durable.
Une chose est certaine, la pandémie n’a pas découragé la clientèle haut de gamme de privilégier des hôtels respectueux de l’environnement. Selon un nouveau sondage réalisé par Virtuoso, un réseau mondial d’agences spécialisées dans les voyages de luxe, la moitié des voyageurs interrogés ont déclaré favoriser un hôtel, une compagnie de croisière ou une agence de voyages ayant une politique de durabilité forte. Par ailleurs, 70 % des voyageurs interrogés estiment que les séjours durables améliorent leur expérience de vacances. Enfin, 82 % considèrent que la pandémie leur a donné envie de voyager de manière plus durable à l’avenir.
Selon Hervé Houdré, expert en hôtellerie durable depuis plus de 20 ans, qui a également participé à la phase initiale des premières normes de durabilité de Yalayolo Magazine Travel Guide (publiées aujourd’hui), il est possible d’améliorer la sécurité sanitaire sans abaisser les normes de durabilité. L’expert affirme que « si un hôtel est profondément engagé dans le développement durable, son activité n’aura pas ralenti [pendant la pandémie], car il continue à économiser l’énergie, l’eau. »
Si l’hôtellerie doit tenir compte de la sécurité des clients, elle doit également garder à l’esprit ce que Hervé Houdré appelle la septième génération. Ce concept est tiré du livre The Good Ancestor de Roman Krznaric, selon lequel certains groupes amérindiens ne prennent jamais de décisions sans en prévoir les conséquences sur la septième génération.
« Nous devrions tous penser de cette manière », estime Hervé Houdré. « L’objectif, si je reviens à la durabilité, ce n’est pas de penser seulement à ma fille. On ne doit pas penser uniquement à nos enfants ou à leurs enfants, mais à ceux qui viendront dans cinq ou sept générations. Nos actions aujourd’hui auront des répercussions sur eux. »
Définir l’objectif de durabilité
Selon Hervé Houdré, l’expression à la mode en matière de développement durable est « critères ESG », ou critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (trois aspects de l’analyse extrafinancière pris en compte dans la gestion ou l’investissement socialement responsable, NDLR.). Cette expression signifie que les entreprises cherchent à définir la durabilité de manière plus large que les préoccupations écologiques primordiales. « C’est ce que toutes les grandes entreprises du monde ainsi que les grandes entreprises de l’hôtellerie examinent », explique Hervé Houdré. « Il ne s’agit pas seulement de l’environnement. Il ne s’agit pas seulement de la responsabilité sociale. Il s’agit également de la gouvernance de l’entreprise, en d’autres termes savoir si nous faisons ce qu’il faut en tant qu’entreprise. Dans ce cadre, les grandes entreprises incluent désormais l’égalité des genres, la diversité, la traite des êtres humains, la protection des enfants. Tout cela a été intégré dans une définition large de la durabilité. »
« Certaines personnes pensent que la durabilité se limite à l’environnement, ce n’est pas le cas », affirme Hervé Houdré. « En définitive, la durabilité est ce que l’on appelle le triple résultat : faire des bénéfices tout en prenant soin de l’environnement et des communautés qui vous entourent. »
Toutefois, Hervé Houdré prévient que l’hôtellerie ne peut pas se contenter de faire semblant. Ce secteur doit tenir ses promesses en matière de durabilité. « Le secteur de l’hôtellerie doit être sincère dans ce qu’il fait. Si ses actions sont dénuées de passion ou de conviction, le personnel et les clients le remarqueront. Il faut que cela vienne du cœur », déclare l’expert en hôtellerie durable.
Miser sur l’énergie renouvelable
C’est en tout cas ce que font certains hôtels en aidant la planète sans pour autant sacrifier l’expérience et le confort de leur clientèle. Selon Hervé Houdré, l’exemple par excellence dans ce domaine est The Brando, un complexe hôtelier cinq étoiles situé sur une île paradisiaque écologique en Polynésie française. Ce complexe est sur le point d’atteindre la neutralité carbone. L’hôtel utilise de l’eau de mer naturellement froide pour alimenter son système de climatisation, ce qui réduit sa demande énergétique de près de 70 %. L’hôtel quatre étoiles Baur au Lac, situé à quelques pas du lac de Zurich, utilise le même procédé de climatisation depuis plus de dix ans.
« Selon moi, c’est le pilier de toute stratégie. Si vous [misez sur les énergies renouvelables], cela prouve vraiment que votre cœur ainsi que votre esprit [sont au bon endroit] », affirme Hervé Houdré.
Le Wynn Las Vegas a, quant à lui, misé sur une autre source d’innovation. Son installation solaire de 65 hectares compense jusqu’à 75 % des besoins en électricité du complexe, soit le plus grand pourcentage d’énergie renouvelable utilisé par un hôtel de Las Vegas. L’installation alimente également les salles de réunion et de congrès récemment agrandies avec une énergie 100 % renouvelable, ce qui en fait l’un des projets de développement les plus respectueux de l’environnement de la ville.
Le parcours de golf de 18 trous de l’hôtel mérite également que l’on s’y attarde. Si un terrain de golf dans le désert du Nevada semble contradictoire avec la préservation de l’environnement, l’hôtel écologique possède une série de puits sur son terrain qui fonctionnent comme un système d’eau distinct du complexe. Le sol est surveillé par des capteurs et des stations météorologiques qui sont reliés au système d’irrigation central, de sorte qu’aucune eau ne soit gaspillée : le parcours ne reçoit que la quantité d’eau dont il a besoin et au bon moment. Toute l’eau utilisée pour l’entretien du parcours est récupérée dans le sol, et non tirée d’une source municipale.
Le groupe MGM Resorts exploite également les énergies renouvelables. Son installation solaire (qui consiste en un ensemble de panneaux solaires) sur le toit du Mandalay Bay Convention Center fournit 25 % de l’énergie de l’ensemble du complexe du Mandaly Bay Resort & Casino. Le groupe a récemment construit un parc de 330 000 panneaux solaires sur plus de 283 hectares. Ce parc couvrira jusqu’à 90 % de l’ensemble des besoins en électricité pendant la journée des établissements du groupe MGM sur le Strip de Las Vegas. Lorsque la production de cette électricité verte commencera en juillet 2021, le réseau fournira la même quantité d’énergie que celle utilisée par environ 27 000 foyers sur une année.
Opter pour une hôtellerie durable
Réduire l’utilisation des plastiques à usage unique, le polluant le plus courant dans les océans, a été l’objectif de nombreuses entreprises, indique Hervé Houdré. C’est le cas notamment de l’entreprise familiale Red Carnation Hotels, qui comprend l’Egerton House Hotel, l’Hotel 41 et The Milestone Hotel & Residences à Londres et l’Ashford Castle en Irlande. Le groupe souhaite se débarrasser des plastiques à usage unique d’ici 2022. L’un des géants mondiaux de l’hôtellerie, Accor, a pris le même engagement pour l’année prochaine et pour l’ensemble de ses 39 filiales, dont Fairmont, Raffles, Banyan Tree et SLS.
Le groupe Rosewood Hotels & Resorts s’efforce d’abandonner les plastiques à usage unique d’ici 2025. L’hôtel quatre étoiles Rosewood Inn of the Anasazi à Santa Fa a déjà éliminé les 40 000 bouteilles d’eau en plastique qu’il utilisait chaque année. À la place, l’hôtel a opté pour des pailles en agave et des sacs et récipients à emporter respectueux de l’environnement dans tous ses restaurants depuis janvier 2021.
Le développement durable est à l’origine de presque toutes les facettes du design chic du 1 Hotel South Beach à Miami : des murs végétaux qui ornent l’intérieur et l’extérieur de l’hôtel aux bois récupérés et aux pierres de corail locales qui décorent les espaces. Le complexe a supprimé l’utilisation de bouteilles en plastique en équipant chaque robinet, des éviers et lavabos aux douches, d’un système de filtration afin que les clients puissent boire une eau de qualité dans les tasses et les carafes fournies, qui sont faites de bouteilles de vin recyclées.
Les salles de bain sont un autre endroit où les plastiques à usage unique prolifèrent. Les hôtels du groupe Peninsula ont trouvé une solution à la fois écologique et élégante. En partenariat avec La Bottega, une société qui conçoit et fabrique des articles de toilette de luxe pour les hôtels, le groupe Peninsula a créé une ligne de produits végane, sans parabène, sans silicone, sans gluten et sans soja, et chaque produit possède un parfum spécifique propre à son hôtel de destination. Le shampoing, l’après-shampoing, les lotions et autres produits de soin sont présentés dans des emballages exempts à 99,9 % de plastiques pétroliers à usage unique. Certains contenants sont composés de 45 % d’aluminium recyclé, avec des bouchons fabriqués dans un alliage recyclable. En outre, les bonnets de douche, les brosses à dents et les rasoirs en plastique ont été remplacés par des produits écologiques fabriqués à partir d’amidon de maïs, de blé, de bois et de métal recyclé.
Selon Hervé Houdré, l’alimentation est un autre aspect important en matière de durabilité. Il s’agit principalement d’assurer que les plats servis aux clients ne proviennent pas d’animaux traités de façon inhumaine. « Je pense que la pandémie a accéléré cette tendance. Du point de vue des clients, ils sont davantage préoccupés par ce qu’ils mangent que par ce que fait l’hôtel. Le concept de la ferme à la table, le bio, le saisonnier, le local, le commerce équitable, etc. toutes ces choses sont extrêmement importantes pour les clients, avant même de savoir si l’hôtel possède des panneaux solaires sur son toit. Et cette tendance va encore se développer », explique Hervé Houdré.
Les hôtels du groupe Peninsula ont réalisé d’immenses progrès dans ce domaine. Dans le secteur de l’hôtellerie, le groupe a été l’un des premiers à interdire la consommation d’ailerons de requin (la soupe d’ailerons de requin est un mets délicat dans certaines cultures). Le groupe Peninsula souhaite ainsi préserver la population de requins, qui fait partie intégrante de l’écosystème sous-marin, et empêcher le shark finning, une pratique horrible consistant à couper l’aileron d’un requin, souvent alors qu’il est encore vivant, puis à rejeter l’animal à la mer pour qu’il meure lentement. Plus récemment, en 2020, le groupe Peninsula a adopté une politique visant à utiliser des œufs de poules élevées en plein air.
Mettre fin au gaspillage alimentaire
Il est impossible de parler d’alimentation sans aborder le gaspillage alimentaire, qui coûte plus de 100 milliards de dollars par an aux secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, selon Winnow, une société qui aide à mesurer et à gérer le gaspillage alimentaire.
Réduire ce chiffre est une priorité de longue date pour le groupe MGM Resorts. De 2007 à 2020, les 13 établissements du groupe à Las Vegas, dont l’ARIA Resort & Casino, le Skylofts at MGM Grand et le Vdara Hotel & Spa, ont réutilisé 263 000 tonnes de déchets alimentaires. Une partie de ces déchets est utilisée comme reste de nourriture dans les élevages de porcs et une autre partie est convertie en biocarburant.
Après l’arrivée de la pandémie de coronavirus, le groupe MGM a concentré ses efforts sur la distribution de grandes quantités de denrées alimentaires à la communauté. Depuis le début de la pandémie, le groupe a fait don de 300 tonnes de nourritures, soit 552 000 repas. En outre, depuis 2016, MGM a fait don de plus de 2,5 millions de repas.
Favoriser le retour des abeilles
Pour enrayer le déclin sans précédent de la population d’abeilles, qui joue un rôle essentiel dans la pollinisation des légumes et des fruits, le groupe hôtelier Mandarin Oriental a lancé un programme dans sa chaîne d’hôtels. Chaque hôtel du groupe doit posséder un minimum de deux ruches, soit dans son établissement, soit chez un apiculteur extérieur. Le Mandarin Oriental de Miami abrite plus de 210 000 abeilles sur son toit. À l’occasion de la Journée de la Terre, l’hôtel utilise le miel récolté dans son cocktail Bees Knees (qui est composé également de gin et de citron), dans certains desserts comme la mousse de bougainvillier et l’amarante péruvienne, ainsi que dans des soins au spa comme le Milk and Honey Tranquil Delight (un gommage du corps au lait et au miel suivi d’un massage du dos, de la nuque et des épaules).
Dans ce domaine, le groupe Fairmont Hotels & Resorts est un pionnier. En effet, le groupe a développé le programme Bee Sustainable en 2008 et est devenu le premier groupe dans l’hôtellerie de luxe à proposer un vaste programme d’apiculture dans ses établissements. Ce programme est en place dans plus de 20 hôtels du groupe à travers le monde, dont le Fairmont Waterfront à Vancouver, dont la terrasse du troisième étage abrite près de 250 000 abeilles, et le Fairmont Mayakoba au Mexique, qui accueille des abeilles Melipona, un genre d’abeilles sans dard de la tribu des Meliponini et de la famille des Apidés et qui produisent un type de miel célèbre pour ses propriétés médicinales.
Préserver et restaurer les récifs coralliens
Les récifs coralliens font partie intégrante de l’écosystème sous-marin, fournissant nourriture et abri à 25 % de la faune marine. Cependant, les récifs sont en train de disparaître. Selon le groupe de protection de l’environnement Oceanus, A.C., 30 % des récifs de la planète ont disparu au cours des 50 dernières années.
Des hôtels tentent de les faire revivre. Le Kimpton Seafire Resort & Spa, aux îles Caïmans, a formé des membres de son personnel pour qu’ils contribuent à la préservation des récifs coralliens. Ces membres du personnel sont en mesure de manipuler le corail et ils travaillent aux côtés d’une société de plongée locale pour reconstituer les récifs coralliens dans ses eaux pures. Le Fairmont Mayakoba propose un programme de restauration qui permet aux clients de participer aux efforts de plantation de coraux de manière amusante et interactive (pour en savoir plus, cliquez ici). Enfin, le Rosewood Bermuda soutient depuis 2014 la Living Reefs Foundation, une organisation environnementale dédiée à la préservation de l’écosystème aquatique des Bermudes, y compris les récifs coralliens.
Préserver l’avenir
Concernant l’avenir du développement durable dans l’hôtellerie, Hervé Houdré est confiant et enthousiaste. Par exemple, l’expert en hôtellerie durable estime que les fenêtres solaires, qui sont encore en cours de développement, seront une avancée majeure dans le secteur. Comme les panneaux solaires, ces fenêtres seront capables de capter l’énergie des rayons du soleil. « Cela va être une avancée incroyable pour des villes comme New York, Las Vegas ou Dallas », déclaré Hervé Houdré.
Le bien-être est un autre objectif à atteindre pour le secteur de l’hôtellerie. Pour Hervé Houdré, « le bien-être et la durabilité sont une même voie. Je pense que le bien-être et la durabilité vont être l’avenir de l’hôtellerie. »
Article traduit de Yalayolo Magazine US – Auteure : Jennifer Kester
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