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Alors que le second confinement met à nouveau en difficulté bon nombre d’entreprises en France, l’épargne des particuliers français abonde sur les comptes courants et autres livrets d’épargne, représentant plus 75% du PIB. La tentation est grande de penser que la solution au problème est simple : orienter cette épargne vers le financement des entreprises françaises ! Mais alors, pourquoi cet argent reste-t-il sur les livrets ? Pourquoi les épargnants « gèrent-ils si mal » leur épargne ? Pourquoi les dirigeants ne parviennent-ils pas à convaincre les particuliers d’investir dans leurs entreprises ?
L’épargne des français à des sommets
Les chiffres de l’épargne des Français franchissent mois après mois de nouveaux records. Depuis mars et l’arrêt de l’économie, la consommation des ménages est en effet au plus bas. Et les mesures gouvernementales en faveur de la préservation de l’emploi, avec notamment les conditions favorables pour le recours au chômage partiel, ont en partie préservé le revenu des ménages concernés. Bien que le revenu disponible brut des ménages connaisse une baisse historique de -2,3 % au deuxième trimestre 2020, celle-ci n’est en rien comparable avec la baisse du PIB qui atteignait -13,9 % lorsque l’on compare les chiffres de la croissance entre les 2èmes trimestres de 2019 et 2020.
La conséquence de ce jeu à somme nulle, est un accroissement très fort du taux d’épargne des ménages, s’établissant à 27,4 % du revenu disponible brut au T2 2020. La Banque de France emploi le terme d’ « épargne forcée » pour décrire cet excédent de liquidités dû aux effets du Covid-19 et en particulier le confinement et la fermeture des commerces et autres lieux de loisirs mais aussi parfois des frontières qui ont absolument annihilé la consommation de pans entiers de l’économie.
Cet afflux d’épargne cette année s’est en particulier retrouvé sur des supports qu’on appelle l’épargne de précaution. C’est-à-dire que cet argent se retrouve notamment sur les comptes courants et des livrets d’épargne liquides, c’est-à-dire de l’argent disponible immédiatement. Certains dès lors pensent que cet argent est dans les « starting block » pour servir à une consommation effrénée dès lors que le confinement sera terminé, et les magasins rouverts. Plus encore, Noël étant tous les ans une période au cours de laquelle la consommation atteint des sommets, cette épargne se retrouvera très vite dans les caisses de nos commerces de centre-ville. Malheureusement, cette année n’est pas comme les autres. Et les chiffres du 1er déconfinement montrent que les français ne seront pas prompts à dépenser toute cette épargne de précaution dès lors que les magasins rouvriront tant les incertitudes et le choc a été violent. En effet, le conseil d’analyse économique (CAE) constate que le rebond de consommation a été de 0.7% après une chute vertigineuse de -6.3% pendant le confinement. Et ce sera d’autant plus vrai que cette épargne serait surtout détenue par les ménages les plus aisés pour lesquels le taux d’épargne structurel est le plus important.
Des entreprises en panne de capital
Tandis que l’épargne des Français est au plus haut, et peut-être pour longtemps, la demande de capital est forte pour les entreprises dont les recettes et les dépenses ont été fortement perturbées. Celles-ci ont été aidées pas les mesures gouvernementales en intervenant sur leur trésorerie, c’est-à-dire l’argent dont elles ont besoin pour honorer les charges fixes et souvent récurrentes. Pour faire cela, l’accès au crédit a été simplifié et les Prêts Garantis par l’Etat (PGE) versés par milliards (124 Md€ accordés à plus de 600 000 entreprises sur tout le territoire) ont permis de faire survivre les entreprises.
Mais la relance ne se fera pas en garantissant les dépenses courantes. Et l’autofinancement (c’est-à-dire l’argent créé par l’entreprise et utilisé pour le financement des investissements) sera au plus bas. Les entreprises ont donc plus que jamais besoin de fonds privés pour garantir les niveaux d’investissement suffisants pour garantir une croissance durable, et pas simplement une reprise en trompe l’œil.
Afin de garantir des investissements efficaces au capital des entreprises françaises, il faudrait plus que jamais renforcer les initiatives qui permettraient d’orienter l’épargne vers le capital des entreprises.
Les solutions sont nombreuses pour les particuliers
La Banque Publique d’Investissement (Bpifrance) a très vite pris la mesure de l’enjeu. C’est face à ce constat qu’a été lancé le fonds Bpifrance Entreprises 1, dont l’objectif est d’investir au capital de plus de 1 500 entreprises, principalement françaises. Ce fonds d’investissement vise à attirer l’épargne des Français vers un fond d’investissement en capital qui prend la forme d’un Fonds Commun de Placement à Risque (FCPR). Ce support consiste à immobiliser ses fonds afin d’investir dans des entreprises privées sur une durée de 5, 7 voire 10 ans avec une espérance de rendement élevé. Mais, comme son nom l’indique, les risques de pertes en capital sont également élevés (ce qui, comme toujours, justifie les promesses de rendement). Mais la solution la plus viable serait surtout de trouver un bon moyen de communiquer sur les différentes alternatives à l’épargne, en particulier des plus aisés, qui permettraient de soutenir l’économie française. Cette communication devrait également favoriser les autres solutions qui existent aujourd’hui pour les particuliers
En effet, la gestion de son épargne peut devenir un acte citoyen. Les plateformes de crowdfunding, investissements participatifs dont certaines formes permettent de financer en actions ou obligations les entreprises non cotées, peuvent également être les plateformes numériques du financement citoyen du capital des entreprises innovantes, ou de proximité. Le capital-investissement est aussi une bonne alternative, et la bonne tenue des levées de fonds des Fonds d’Investissement de Proximité (FIP), et des Fonds d’Investissement de Placement dans l’Innovation (FCPI) au 1er semestre 2020 est un bon signal mais devra être confirmé au S2.
Des placements longs avec les rendements attendus élevés ne doivent pas cacher le risque sous-jacent. Mais il convient de s’accorder que les taux de rendement faibles des supports sur lesquels s’accumulent l’épargne de précaution, et même négatifs quand on prête attention à l’inflation, relance la question de l’orientation de l’épargne vers le capital des entreprises, et du rôle des épargnants dans la relance économique. Ce sujet doit au plus vite s’imposer dans les débats publics afin d’informer sur les opportunités d’investissement, favoriser la bonne allocation des fonds disponibles, et garantir une utilisation du capital disponible efficace.
Article rédigé par Pierre-Michel Becquet, BSI Economics
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