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À l’heure du patriotisme économique et de la défense des grandes entreprises françaises, l’étude d’une banque d’investissement allemande qui circule actuellement dans le milieu des affaires ne manque pas de faire grincer des dents ! Elle propose purement et simplement de liquider une des plus grandes entreprises françaises.
Dans le milieu des affaires, la vénérable petite banque privée d’investissement allemande Berenberg, est plutôt connue pour sa discrétion. C’est peu dire que sa dernière grosse étude fait jaser. Pas moins de 30 pages de chiffres et de graphiques, en forme de plaidoyer pour convaincre ses clients investisseurs de l’intérêt de dépecer purement est simplement un des géants de CAC 40, le leader mondial des vins et spiritueux Pernod Ricard. Cette étude vient à point nommé pour appuyer l’opération de déstabilisation menée par le fonds activiste américain Elliot depuis le moins de novembre 2018.
Principal grief d’Elliot « le groupe français propriétaire entre autres du cognac Martell, du whisky Jameson ou de la vodka Absolut devrait pouvoir dégager la même rentabilité que son concurrent Diageo et que l’écart de performance avec le Britannique s’explique par une gouvernance qu’il juge inadéquate et trop liée à la famille fondatrice, les Ricard. »
Dans le même temps, Pernod Ricard a relevé l’objectif de résultat opérationnel annuel après avoir affiché un premier semestre très supérieur aux prévisions et a dévoilé les objectifs d’un nouveau plan stratégique bien accueilli par les investisseurs.
Pas suffisant, pour Elliot qui estime que l’amélioration promise de la rentabilité semble “presque entièrement tirée par les économies plutôt que par un réel levier opérationnel“.
Et un levier opérationnel, Beremberg en a trouvé un bon : le dépeçage du groupe.
Avec une capitalisation boursière de 40 milliards d’euros, Pernod serait hors de la portée de beaucoup, mais LVMH et Diageo – au besoin en s’associant – pourraient se le permettre, estime Berenberg. Selon le broker, le groupe encore dirigé par la famille Ricard pourrait faire l’objet d’une offre conjointe de LVMH et de Diageo dans le cadre d’un consortium. Berenberg précise qu’une telle opération pourrait mettre fin à une joint-venture que LVMH et Diageo détiennent depuis 1987. Les deux acteurs sont en effet alliés au sein de Moët Hennessy, la filiale de vins & spiritueux du groupe de Bernard Arnault.
La banque allemande entre même dans le détail, en répartissant de manière optimale les marques entre LVMH et Diageo pour échapper aux foudres des autorités de concurrence. C’est ainsi que Diageo récupérait le cognac Martell, les champagnes Mum et Perrier Jouët, les marques de vin et surtout le mythique Ricard. LVMH, de son côté déjà bien présent sur le champagne et le cognac, absorberait le whisky Chivas, le rhum d’Havana Club ou la vodka d’Absolut.
Reste un problème à régler. Pernod a prévu “une disposition qui permet à son conseil d’administration d’émettre de grandes quantités de capital afin de parer aux approches non sollicitées.”
Pour l’instant, Bernard Arnault, le patron de LVMH, a indiqué n’avoir “aucun contact avec Elliott” et a fait état de “relations amicales avec Alexandre Ricard”. Mais pour Berenberg, la participation d’Elliott est un “game changer” et pourrait potentiellement lever les obstacles à une approche non sollicitée.
Reste que depuis la sortie de la note, l’action Pernod Ricard flambe en Bourse. Et comme chacun sait, sur les marchés, il y a rarement de la fumée sans feu !
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Yalayolo Magazine