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Depuis son fief du Creusot, Brahim Boudjouraf s’est fait un nom dans le show-business en devenant tour manager d’artistes majeurs de la scène urbaine hexagonale à l’instar de Maître Gims. Producteur, investisseur et philanthrope, l’homme d’affaires mélomane cumule les casquettes. Une réussite arrachée au destin et à ses infortunes qui n’ont jamais entamé ses rêves. Retour sur la success story du fondateur de Totem Production.
Négocier la venue d’une star des charts, courir les gradins pour coordonner une myriade de prestataires, passer au peigne fin la loge de l’un de ses artistes, à l’affût de ses desiderata, parcourir le monde en jet privé… le producteur bookeur Brahim Boudjouraf s’agite sur tous les fuseaux horaires dans l’ombre des nouvelles égéries de la musique urbaine, Maître Gims, Soprano, Soolking ou Aya Nakamura entre autres. L’ère du streaming et des playlists a sacralisé le talent de ces personnalités qui, sans ces supports, aurait été confinées dans la confidentialité, rejetées par une industrie musicale tricolore formatée. Ici, celle d’un son de banlieue pas assez ‘grand public’, là, une autre véhiculant trop d’africanité. Mais ça, c’était avant. Les années 2010 ont fait sauter les verrous : le vertige technologique, l’avènement des Millennials et le nombre de vues sur Youtube – devenu nouvelle norme – ont ouvert une brèche à ceux qui étaient encore maintenus en périphérie du secteur.
Brahim Boudjouraf n’a pas manqué ce rendez-vous. « J’ai toujours eu une âme d’entrepreneur et j’étais surtout un beau rêveur. J’ai su très tôt que je m’accomplirai dans la musique, d’ailleurs je m’imaginais plutôt faire carrière dans la chanson en tant qu’interprète et parolier ! Mais ce n’était finalement pas mon destin. », confie l’homme d’affaires. Le succès viendra lorsqu’il endossera le costume de chef d’orchestre capable de faire la jonction entre artistes et programmateurs de concerts et prestigieux festivals. Un métier propice aux nuits blanches, au stress et aux inimitiés. « Avant de me faire un nom dans la production, j’ai longtemps travaillé à perte si bien que je devais cumuler plusieurs emplois. En journée, j’enfilais mon bleu de travail au service d’un sous-traitant d’EDF tandis que mes soirées et week-end étaient dédiés à l’événementiel. Natif du Creusot, je n’étais pas issu du sérail parisien et ne disposais pas de connexions. Plus on me répétait que mes rêves de show-business étaient trop grands pour le provincial que j’étais, fils d’immigrés algériens, plus je persévérai. Mon désir de réussir était bien plus fort que ma peur de l’échec. », se remémore le fondateur de Totem Production. Une entreprise qui brasse aujourd’hui des millions d’euros de chiffre d’affaires.
“La France aussi est une terre de self-made-men”
Son entêtement à entrer dans « le game », expression empruntée à la culture Hip-Hop, lui vient de son enfance. A 5 ans, il perd son père, et à son sixième anniversaire, un accident l’oblige à garder le lit pendant un an à l’hôpital. Alors que sa mère se débat pour élever ses sept frères et sœurs, le jeune Brahim trouve sa planche de salut dans la musique. « C’était une manière de m’évader par l’esprit, de trouver refuge dans un ailleurs libérateur. Ma sensibilité pour cet art a forgé ma vie très tôt. », glisse-t-il. Son mental consolidé dès l’enfance aura raison plus tard du mépris de ses interlocuteurs. La confirmation artistique ? Une question de temps se répète-t-il. Comment échouer, après tout, quand on est un homme de convictions dévoré par la passion ? Au maire de sa commune qui lui refuse un local pour y bricoler son premier concert, il répond par la stratégie de l’usure : « J’ai littéralement fait le siège de la mairie jusqu’à obtenir gain de cause. Pour être crédible du haut de mes 18 ans, j’ai créé une association culturelle et cela a fini par payer ! ». Un épisode audacieux qui pose les jalons de sa future carrière.
Son apprentissage, il le fait sur le terrain, à petite échelle dans sa Bourgogne, loin des spotlights de la capitale. Mais la scène parisienne devient vite son but ultime. C’est finalement la venue au Creuzot, à son instigation, d’éminents représentants du courant Rap hexagonal, le groupe Sexion d’assaut, qui le fait sortir de l’anonymat. Brahim Boudjouraf est l’instigateur de l’événement. Nous sommes en 2010, la formation parisienne est un phénomène musical accumulant les disques de platine en France et à l’étranger. Consacré ‘Groupe Francophone de l’année’ aux NRJ Music Awards’, Sexion d’assaut domine la scène Hip-Hop. « J’ai dû composer avec des problèmes d’exclusivité, me frotter à un intermédiaire véreux, gagner la confiance de ces artistes au sommet, je devais prouver ma capacité à faire le job. », expose l’homme de challenges. En imposant le concert, il devient crédible et enfin audible. A cette occasion, il scelle sa relation avec le leader du groupe, qui deviendra plus tard Maître Gims puis Gims. Une personnalité lui valant carte de visite.
Le message du Creusotin au milieu est reçu cinq sur cinq : il faudra à présent compter avec lui. « J’ai monté ma société Totem Production, étoffé mon carnet d’adresses, intégré avant l’heure le marketing digital dans le mix. Mais ce qui a sans doute fait la différence auprès des artistes a été mon authenticité et ma simplicité toute provinciale. Mon discours était aussi cash que limpide pendant que mes pairs noyaient les chanteurs dans un charabia juridique. D’ailleurs, les discussions finissaient souvent par avocats interposés mandatés pour décrypter les contrats ! », rembobine le trentenaire. Sa méthode séduit. Sa signature avec Maître Gims attire naturellement d’autres pointures. De PNL à Vitaa, il multiplie les prestigieuses collaborations.
Le businessman a émergé à temps pour monter dans le train de la Frenchmania dont sont issus les nouveaux rois des charts français. Aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, Japon, Nigéria, Algérie, le monde s’intéresse aussi à la prose de PNL, Maître Gims, Aya Nakamura ou même Christine and the Queens. Un phénomène dont Bertrand Dicale, spécialiste de la musique et auteur du Dictionnaire amoureux de la chanson française, explique les ressorts : « La popularité d’un Gims en Italie ou en Allemagne c’est le théorème Aznavour. La légende disait toujours : ‘Je leur donne ce qu’ils n’ont pas.’ Dans ces pays, il n’y a pas ce genre de musique urbaine chantée avec des sonorités africaines, qui est une représentation de la diversité en France. ». Brahim Boudjouraf ne pouvait espérer meilleur créneau pour concrétiser son rêve de gosse.
2020 s’annonce tout aussi faste. L’entrepreneur a été désigné tour manager par Maître Gims dans le cadre de sa tournée anniversaire, Décennie Tour, qui le mènera dans les différents Zénith de France. Chaque date prévoit la venue d’un célèbre guest à l’instar de Kendji Girac ou Soprano. Autre temps fort à venir, le calendrier de concerts aux Etats-Unis, Canada ou en Allemagne, de Soolking, révélation Raï-RnB de cette fin de décennie. « Cerise sur le gâteau », la reformation du groupe Sexion d’assaut à laquelle il a contribué.
La musique occupe une part importante dans la vie du producteur mais, en businessman prudent, il a placé une partie de ses bénéfices dans l’immobilier. Son investissement de cœur ? Son association humanitaire Life qui mobilise des artistes en Afrique au secours des plus démunis.
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Yalayolo Magazine