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Isabelle de Ponfilly est la directrice de Vitra France. Passionnée de design et d’architecture, la jeune femme mène d’une main de maître dans un gant de velours la filiale française de cette entreprise de design pas comme les autres. Alors comment a vécu le confinement Isabelle de Ponfilly et comment la filiale française a géré la crise ?
La Lounge Chair des américains de Charles et Ray Eames, la chaise moulée du danois Verner Panton, les lampes en papier du japonais Isamu Noguchi, le tabouret bouleau du finlandais d’Alvar Aalto ou encore les chaises Standard du français Jean Prouvé, c’est Vitra. De la réédition des grands classiques du design qui ont marqué leur temps mais aussi la production de nouvelles pièces symboles de l’époque actuelle, Vitra est propriétaire d’un nombre colossal de licences.
Maison, bureau, extérieur, c’est dans les tous les aspects de l’habitat et de la bureautique que cette entreprise familiale intervient, faisant appel à tous les designers et architectes de premier rang du monde entier, depuis 1950. Le design de leur objets et de leur meubles évite l’éphémère et s’inscrit dans le développement durable. Fidèle aux préceptes de Charles et Ray Eames qui teintent toute leur philosophie de production, l’entreprise suisse repousse les limites techniques, innove toujours, et prône la longévité des produits en utilisant des matières de qualité, faites pour durer minimum 15 ans voire des décennies.
Pour le Vitra Design Museum, à Weil am Rhein, le campus Vitra, la VitraHaus ou encore leur site de production, situé près de Bâle, Nora Fehlbaum ( la Présidente Exécutive ) et Rolf Fehlbaum (le président émérite) ont réuni un nombre impressionnant d’architectes de talent de Franck Ghery, à Zaha Hadid à Tadao Ando, à Alvaro Siza, à Sanaa. La cabane « Diogène » de Renzo Piano, une mini maison autosuffisante et le Schaudepot, dernière construction d’Herzog & Meuron achèvent un concept architectural, jamais vu auparavant.
Comment est née votre rencontre avec cette entreprise familiale ?
Isabelle de Ponfilly : Je travaille depuis 25 ans pour cette belle maison familiale suisse. Vitra, entreprise industrielle, a montré très tôt sa singularité et son engagement culturel. J’ai rejoint Vitra France grâce à Stefan Golinski son Directeur Général et précédemment mon Directeur Commercial chez Knoll. Une nouvelle aventure de passion pour l’industrie et le design qui s’est prolongée et épanouie.
Comment avez-vous vécu personnellement cette crise ?
Isabelle de Ponfilly : L’arrivée de cette crise a été très violente pour tous. Dès le 17 mars, nos bureaux et notre plate-forme logistique ont été fermés, chacun à la maison en Home Office. Il a fallut agir très vite pour mettre une nouvelle organisation en place. Nous avons gardé le lien uniquement à distance par téléphone ou vidéo-conférences. Il était primordial de garder le lien avec l’équipe. Un rendez-vous quotidien avec mon équipe de direction, chaque lundi un rendez-vous avec tous les responsables d’équipes, chaque vendredi avec l’ensemble des 35 collaborateurs.
Comment envisagez-vous l’après confinement ? Que ferez-vous en premier ?
Notre équipe continuera le travail à distance tout ce mois de mai, nous aviserons pour la suite. Personnellement, je suis en manque de ma famille et de mes amis. Hâte de les revoir, tout en respectant les consignes de distance et de nombre. Marcher dans Paris en liberté sans contrainte de temps, jouir du printemps.
Comment l’entreprise a-t-elle vécu le confinement ?
Heureusement notre entreprise était prête à basculer en Home Office, l’agilité fait partie de nos credo et nous sommes ainsi organisés (ordinateur et téléphone portable pour chaque collaborateur et connexion à la maison possible à distance). En cas de problème, une équipe informatique interne prête à tout résoudre dans l’instant à distance. En tant que dirigeante de la filiale française, mon rôle était de relayer les consignes de notre maison mère, en tenant compte du contexte local.
Le groupe Vitra, employeur responsable, a constitué début mars une équipe spécialisée Covid-19 afin de protéger les collaborateurs et stabiliser au mieux l’activité dans le respect des règles nécessaires.
Nora Fehlbaum notre CEO (petite fille des fondateurs) a pris la parole chaque lundi pour diffuser son message à l’ensemble de nos collaborateurs. Un lien direct et une forte implication qui a touché et gardé mobilisé l’ensemble de nos équipes.
Quelles ont été les conséquences directes sur l’entreprise ?
Nous ressentons encore plus le désir de la maison refuge et un besoin d’efficacité dans les aménagements des lieux de travail, de vie et les espaces publics. Un retour aux valeurs essentielles et un désir de produits durables, respectueux et ayant un sens et une vraie qualité. Cela correspond à notre engagement
On se dirige vers un déconfinement (en principe), quelles leçons/expériences en a-telle tirées ?
Garder l’agilité que nous avons, remplacer beaucoup de réunions physiques par des réunions en ligne.
Tout au long de cette crise nous sommes restés proches de nos clients BtoB et aussi BtoC , ce lien est précieux et vital. Nous avons communiqué au travers des réseaux sociaux en adaptant le ton de nos messages au contexte actuel, présent sans être opportuniste, inspirant et léger sans ignorer la gravité de la situation.
Quelles ont été les conséquences positives de cette crise, s’il y a lieu ?
Apprécier chaque petit bonheur, chaque jour de notre vie. Estimer la conséquence de nos choix et de nos actes. Relativiser les petits les tracas au regard des grandes difficultés que rencontrent certains. Mettre en lumière le rôle de ceux qui nous ont permis de continuer à vivre pendant cette parenthèse.
Pourriez-vous résumer en quelques mots ce qui distingue Vitra des autres éditeurs de design ?
Vitra combine une mission à la fois commerciale et culturelle. Authenticité, transparence, éthique , passion, courage, engagement, innovation, indépendance, responsabilité. Le statut familial de Vitra garantit cette vision et ces engagements sur un long terme.
Vitra propose sa philosophie du design depuis 1950. Comment choisissez vos nouveaux talents ?
Ce choix est très intime, il s’agit à chaque fois d’une rencontre et d’un désir de collaboration. Rien n’est écrit à l’avance, pas de « commandes » mais plutôt un cheminement commun nourrit par des univers différents.
Vos produits s’inscrivent plutôt dans tous les domaines de l’habitat citadin, cette crise vous incitera t-elle à privilégier un habitat plus tourné vers la nature et l’ouverture sur l’extérieur ?
Pas uniquement, mais nous avons déjà plusieurs collections adaptées à un usage extérieur. Il faut prendre en considération les demandes de nos clients, chaque produit est disponible dans de nombreuses variantes avec une personnalisation des mobiliers choisis (notre outil de configuration -en ligne- en permet d’ailleurs la visualisation). Notre domaine de compétence est vaste, mobiliers et accessoires pour la maison, le bureau, les espaces publics.
Sans détrôner vos classiques intemporelles, quelles sont aujourd’hui vos pièces stars?
La famille des Alcove, réinvention des espaces de réunion, Slow Chair léger et élégant fauteuil de salon tissé d’une seule pièce, design Ronan et Erwan Bouroullec, Soft Work design Edward Barber et Jay Osgerby est une véritable innovation pour les bureaux. Les sièges de bureau ID Chair et le canapé Suita, design Antonio Citterio. Le Polder Sofa, design Hella Jongerius qui présente un assemblage unique.
Constatez-vous une évolution, un changement de goût et d’utilisation des amateurs de design?
Un attachement aux modèles iconiques -classiques ou contemporains- qui offrent immédiatement une expérience unique et durable. Plus d’audace dans le collage que chacun peut créer en fonction de ses goûts et de son propre univers. Une exigence accrue, moins mais mieux.
Vous avez une forte présence dans le domaine de la bureautique, le confinement a gelé tous les aspects de la vie au bureau, comment allez-vous gérer ce tournant ?
Au contraire, le bureau doit être repensé et adapté. A travers notre expertise et notre implication dans ce domaine, nous prenons régulièrement la parole et publions des journaux sur les thèmes actuels agilité, classics in the office, et aujourd’hui notre dernier e-paper « about the future of work », disponible en ligne sur notre site depuis le 5 mai.
Isabelle, quelle serait la destination en France où vous aimeriez aller, juste après le confinement ? Et quelles sont vos destinations favorites ?
Voir la mer, dans le Var (ou en Grèce à Egine, chez une très bonne amie, mais pas tout de suite).
J’aime aussi l’Italie, la Corse et le Pays basque et bien sûr le Campus Vitra en Allemagne et notre siège social en Suisse !
Pour terminer, si vous aviez une baguette magique, quels seraient vos souhaits ?
Avoir un campus Vitra à Paris pour partager nos projets et engagements culturels. Intégrer le design dans toutes démarches et sujets afin de toujours placer l’humain au centre et veiller à l’inclusion, à l’égalité et à l’équilibre.
Retrouvez toutes les interviews et les chroniques de Plume Voyage sur notre site.
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