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La plupart des business angels sont aujourd’hui majoritairement dans une logique attentiste bien compréhensible, se concentrant soit sur les startups de leur portefeuille soit en réduisant temporairement leur activité. Pourtant, n’ayant pas les mêmes contraintes que les VC, les business angels peuvent aujourd’hui jouer un rôle déterminant en soutenant l’écosystème et en amorçant les startups du monde post Covid-19. Il serait dommage que la majorité des solutions pour ce nouveau monde soit préemptée encore une fois par d’autres. Nous sommes en effet peut-être face à l’opportunité de voir naître de nouveaux GAFA / BATX.
La crise sanitaire et économique que nous traversons peut durablement changer les usages numériques et leur impact dans la société et ainsi créer de réelles opportunités. La transformation digitale vient de bénéficier d’un énorme coup d’accélérateur qui nous propulse au-dessus du gouffre qui sépare, dans la théorie de Geoffrey Moore les early adopters, du grand public. Ainsi si le travail à distance était plutôt l’apanage du monde des startups et des entreprises de l’innovation, 8 millions de français expérimentent aujourd’hui que cela se gère plutôt bien, du SBF 120 aux TPE. Avec la crise, les comportements évoluent, brutalement et massivement. Qui aurait pu imaginer des enseignants faire cours sur Discord il y a quelques mois ou que Giorgio Armani ferait un défilé à huis-clos en streaming sur les réseaux sociaux ?
De nouveaux painpoints se révèlent aussi devant une mise à l’échelle soudaine qui permet de « stresser » les systèmes. Ainsi le défi du black-out d’une partie significative (on parle de 10%) des collaborateurs qui sont sortis du radar des employeurs pendant le confinement me paraît être un enjeu critique à gérer pour les directions RH. Avec la distanciation sociale, le retail va devoir réinventer des parcours clients là où l’optimisation de l’espace et de la circulation était la règle (le célèbre chiffre d’affaires par mètre linéaire). Et ce ne sont que quelques exemples !
Investir pour des mutations durables
Le pari que l’on peut faire est que ces mutations vont être durables car elles ont fait franchir un pas irrémédiable à beaucoup. C’est ma conviction d’observateur du monde numérique depuis 20 ans qui se demandait si il allait connaître enfin un jour l’avènement massif du digital en France, de sa culture, de ses bénéfices sociétaux et de ses modèles économiques.
Un grand nombre d’innovations directement issues de la crise sont en phase de test ou de déploiement en Chine : premiers jugements en ligne, robots livreurs autonomes, ascenseurs sans contact, livraison hospitalière par drone, systèmes et organisations de travail à distance, etc. Il serait dommage que la majorité des solutions pour un monde post-COVID-19 soit préemptée encore une fois par d’autres. Nous sommes peut-être face à l’opportunité de voir naître de nouveaux GAFA / BATX.
N’ayant pas les mêmes contraintes que les VC, les business angels peuvent aujourd’hui jouer un rôle déterminant en soutenant l’écosystème et en amorçant les startups du monde post-covid-19. Investissant en leur âme et conscience en tant que particuliers et n’ayant pas de comptes à rendre à des tiers en cette période d’incertitude, leur capacité à prendre des risques et s’engager sur le long terme peut être déterminante. Investissant en amorçage, les business angels doivent aujourd’hui saisir les opportunités du nouveau monde qui s’offre à nous. Sans compter qu’une partie des investisseurs particuliers sont arrivés dans l’activité de business angel par l’incitation fiscale, qui reste d’actualité.
Il est cependant clair que leurs critères d’investissement vont évoluer. Resteront toujours les fondamentaux que sont l’importance du painpoint, la profondeur de marché et la qualité de l’équipe. Cependant une rentabilité plus immédiate et une capacité éprouvée à générer du cash seront à privilégier dans un monde où les effets de scalabilité vont être limités par un mouvement de probable démondialisation. Il est à parier que cela aura aussi un effet sur les valorisations.
Jean-Philippe Poisson est co-fondateur de yzr et business angel
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