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GettyImages-1142678124 | Pink piggy coin bank on pink background with falling pennies
L’effet immédiat de la crise, c’est la chute de la demande et de la production (incluant la chaîne logistique), ainsi que la baisse de revenus fixes, causée par le confinement. C’est ce que nous vivons actuellement. L’effet indirect – mais peut-être le plus important – c’est qu’un confinement durable causera une hausse du chômage (les entreprises seront dans l’obligation de licencier des salariés), avec une perte de revenus simultanée.1 Ceci poussera l’économie globale dans un profond recul. Les politiques économiques clés disponibles pour réduire la durée de cette récession sont alors l’expansion à la fois monétaire et fiscale. Par Manthos Delis, Professeur en économie financière à Montpellier Business School.
Expansion fiscale
Les gouvernements augmentent les dépenses publiques en émettant de nouvelles dettes. Ce sera également le cas si un nouvel Eurobond ou Coronabond apparaît. C’est un développement favorable pour l’intégration européenne, et pourrait également s’avérer un test intéressant pour le futur. Le problème courant avec ce type de politique réside dans le fait que la dette gouvernementale des pays tendra à croître, et l’on sait que la plupart des pays sévèrement touchés par le virus ont déjà une dette nationale proche de 100 % de leur PIB, voire supérieure. L’augmentation de la dette va générer un cercle vicieux des taux obligataires des gouvernements (comme nous avons pu le voir durant la crise financière mondiale) et une nouvelle dette de crise aux effets négatifs sur l’économie fera son apparition sur le moyen-long terme. Bien sûr, l’effet sera moindre avec les Eurobonds : ceux-ci auront un taux d’intérêt plus faible pour les pays du Sud.
Politique monétaire
La politique monétaire prend 3 formes générales. La politique monétaire d’expansion conventionnelle implique que la Banque centrale européenne (BCE) baisse les taux d’intérêt, de manière à ce que l’investissement et les dépenses des consommateurs augmentent. Cependant, les taux de la Banque centrale sont déjà bien bas (proches de zéro, depuis plusieurs années), ainsi la politique monétaire conventionnelle ne fonctionnera pas. Ce qui nous laisse les options d’assouplissement quantitatif (AQ) et de monétisation des dettes (MD).
Est-ce que l’AQ fonctionnerait durant la crise du coronavirus ?
L’AQ est le processus via lequel la Banque Centrale émet de l’argent afin d’acheter des actifs financiers (auprès des banques). Cela peut avoir un effet positif dans la situation actuelle en renforçant la position financière des banques et en réduisant le risque de banqueroute. Cependant, il est peu probable que les banques développent de manière significative leurs activités de prêt aux entreprises, du moins pas avant la fin de l’urgence sanitaire. Les commerces, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) ont cessé leurs exploitations et cela a augmenté leurs risques de licenciement et de défaut de paiement. On s’attend à ce que l’AQ ait un effet positif après la fin de la quarantaine (ou même après la fin de la crise sanitaire, via un traitement efficace) et bien sûr, l’AQ va baisser la pression sur les rendements des obligations souveraines (ce qui est important, si les gouvernements décident d’émettre une nouvelle dette afin de financer leur expansion fiscale).
Est-ce que la monétisation des dettes fonctionnerait dans le cas du coronavirus ?
La monétisation des dettes est le processus via lequel la BCE émet de l’argent pour acheter des obligations gouvernementales. La monétisation des dettes aura un effet positif (du moment que les fonds sont bien utilisés) étant donné que l’austérité fiscale européenne a été abandonnée pour cette année. La BCE va racheter la dette gouvernementale (sous forme d’obligations) et restituera les intérêts aux trésoreries des différents pays. Le problème avec ce type de politique monétaire, c’est que la dette gouvernementale sera excessive (dans le cas d’une expansion fiscale) et l’on sait que la plupart des pays gravement touchés par le virus ont une dette nationale proche, voire supérieure, à 100 % de leur PIB. Le gonflement de la dette peut augmenter les écarts des obligations gouvernementales pour les pays déjà fortement endettés (comme nous l’avons vu durant la Crise Financière Mondiale).
L’hélicoptère monétaire et ses inconvénients
Il s’agit du processus d’émission de devises de la BCE qui va directement au grand public (money drop, littéralement “un parachutage d’argent”). Par conséquent, les gouvernements ne l’incluent pas dans leur budget et la dette gouvernementale ne se développe pas. En temps normal, l’hélicoptère monétaire ne devrait pas être une option. Et ce, pour 5 raisons principales :
Est-ce que l’hélicoptère monétaire fonctionnerait dans l’état économique actuel, et comment ?
Dans le cadre actuel, je pense que l’hélicoptère monétaire est une option. Laissez-moi expliquer quel devrait être son format et pourquoi.
Est-ce que les 5 problèmes de l’hélicoptère monétaire se poseraient dans le contexte économique actuel ?
Pourquoi certains pays s’y opposent ?
Principalement pour les raisons citées au point 4. L’hélicoptère monétaire dans sa forme proposée est essentiellement un transfert fiscal. Et la politique fiscale relève des pays souverains, pas de la BCE. C’est important pour les pays qui ont économisé et qui peuvent s’endetter avec des taux d’intérêt négatifs. C’est comme s’ils renonçaient à leur modèle économique, dans lequel rien n’est gratuit (bien sûr, comme expliqué, l’hélicoptère monétaire a un coût et n’est donc pas gratuit). Pour les États-Unis, ceci est moins problématique car un seul gouvernement peut travailler avec une seule banque centrale. En Europe, les pays prudents qui peuvent financer l’expansion fiscale nécessaire sont réticents à transférer leur pouvoir fiscal à la BCE et à d’autres gouvernements nationaux. De mon point de vue, le problème principal reste le point 5. Il y a de l’incertitude concernant les effets de l’augmentation de la taille du bilan comptable de la BCE.
L’hélicoptère monétaire est une politique fiscale financée par la politique monétaire. Les responsables politiques ne devraient pas recourir à l’hélicoptère monétaire en temps normal. Le choc économique actuel a démarré par un choc exogène, dans le sens où il ne dépend pas des politiques précédemment en place. Cependant, sa transmission est endogène pour les politiques sanitaires et économiques. Nous constatons que certains pays sont plus touchés que d’autres. La première ligne de défense des pays contre ces chocs est toujours leur puissance fiscale. Néanmoins, dans l’état actuel, il semblerait qu’en Europe, il y ait de clairs bénéfices à mettre en place un parachutage d’argent ponctuel dirigé vers les entreprises, pour préserver l’économie d’un chômage de court terme (qui aurait des effets négatifs sur un plus long terme). Nous devons au moins sérieusement envisager ce parachutage-là.
1 Bien sûr il s’agit d’une approche simplifiée de ce qui se passe, par souci de brièveté.
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