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Relativement peu médiatisée, la place des GAFAM dans l’industrie du futur est pourtant déjà significative. S’appuyant sur leurs points forts, ces leaders technologiques américains en ont fait une stratégie de diversification stratégique. Au risque de provoquer, un jour, leur démantèlement pour abus de position dominante ?
Le constat est largement partagé : l’industrie du futur – ou l’industrie 4.0 – sera la clé de la compétitivité de demain. Ce concept recouvre la numérisation rapide des outils de production, qui s’effectue sous nos yeux, à marche forcée. A l’évidence, l’usine du futur performante sera celle qui, en combinant services et automatisation sur toute la chaîne de valeur, maîtrisera une gestion massive des données, les canaux de distribution et l’interconnexion tous azimuts.
Mais qui en seront les maîtres ? On pense prioritairement aux partenaires industriels traditionnels des grandes firmes industrielles, les mieux placés, a priori, pour déployer et accompagner leurs clients vers cette inévitable mutation pilotée par le numérique.
Rien n’est moins sûr. Car si l’on pense au Big Data, aux applications de demain pilotées par l’intelligence artificielle, aux réseaux d’objets connectés, les regards commencent à se tourner vers les… GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), qui font déjà largement la course en tête dans ces domaines. Avec des ressources technologiques et une puissance financière quasiment sans limites.
Dès lors, il est tentant de se penchant sur leurs initiatives et leurs positions déjà acquises qui, pour n’être pas aussi visibles que celles liées directement à Internet, n’en sont pas moins déjà impressionnantes.
En ce qui concerne Google, le CEO de Cloud Cloud, Thomas Kurian, a récemment dévoilé une stratégie basée sur le recours systématique à l’intelligence artificielle pour développer des solutions destinées au monde industriel. « Nous ne cherchons pas à remplacer les solutions existantes en matière de logistique, de chaîne d’approvisionnement ou d’ERP pour lesquelles de lourds investissements ont déjà été consentis mais d’utiliser nos technologies d’IA pour extraire des données disponibles des solutions beaucoup plus intelligentes que celles existantes », a-t-il expliqué. En prenant l’exemple de clients existants comme le brasseur AB InBev qui utilise l’iA de Google Cloud pour optimiser ses procédés de filtration de la bière. Ou encore UPS parvenu, grâce aux mêmes technologies, à réorganiser en quelques minutes une flotte de livraison lorsqu’un véhicule tombe en panne, alors qu’il fallait auparavant plusieurs heures. Le nouveau CEO de Google Cloud assure que si la solution Cloud de la firme californienne gagne des parts de marché c’est parce qu’elle sait intégrer dans son offre commerciale l’expertise globale de Google en matière non seule d’intelligence artificielle mais aussi Big Data de Machine Learning ou même d’analytique.
Considéré comme l’un des principaux moteurs mondiaux en matière de cloud computing, avec l’offre AWS, Amazon progresse également fortement sur le marché de l’industrie 4.0. « L’industrie ne collecte encore qu’une faible quantité de données qu’elle pourrait exploiter pour rendre les unités de production plus performantes », a récemment déclaré le CTO d’Amazon, Werner Vogels. Et bien sûr il donne en exemple sa propre organisation, comme les centres de commande entièrement automatisés, pour montrer la voie à suivre, soulignant qu’un nombre croissant d’entreprises industrielles délaissait les serveurs internes pour recourir au Cloud Computing et les services de gestion intégrés afférents.
De fait, en mars dernier, Volkswagen annonçait qu’il choisissait Amazon Web Services pour collecter en temps réel les données provenant des 122 usines mondiales du groupe automobile. Parmi les améliorations attendues : une meilleure analyse des prévisions et des tendances du marché, alors que les outils de Machine Learning d’Amazon aideront à optimiser les équipements présents dans les usines. A terme, AWS devrait permettre à VW de gérer de façon intégrer plus de 30 000 sites et 1 500 fournisseurs et partenaires dans le monde.
Démantèlement ou pas ?
Un peu plus inattendu est le rôle qu’Apple joue également dans l’évolution vers l’industrie 4.0. En 2017, l’inventeur de l’iPhone a passé un accord global avec General Electric (GE) pour développer de nouvelles applications destinées à l’industrie pour la plateforme IoT de GE, dans l’environnement IOS d’Apple. Une alliance qui dépasse largement les frontières du groupe industriel américain puisqu’il a des répercussions sur tous ses clients, que ce soit dans l’énergie, la chimie ou l’automobile. Apple a également passé des accords équivalents avec Cisco dans le domaine de la grande distribution et avec IBM (Mobile First for IOS), en application dans plusieurs secteurs industriels. La firme à la Pomme a également fait alliance avec plusieurs spécialistes du service et du logiciel d’entreprise, comme Salesforce ou Accenture. Conséquence : le plus discrètement du monde, des milliers d’applications propriétaires sont aujourd’hui opérationnelles parmi quelques-unes des plus importantes entreprises industrielles de la planète. Apple étant également un spécialiste du Big Data, de l’intelligence artificielle et du Cloud Computing, ses efforts de diversification dans l’industrie 4.0 sont loin d’être achevés.
Enfin, les contributions de Facebook et de Microsoft (les dernières lettres de l’acronyme GAFAM) peuvent également être mentionnées, même si elles semblent avoir moins d’impact, pour l’instant. Le premier s’appuie sur Nokia (acquis en 2013) pour combiner une plateforme de Cloud Computing, Azure, qui rencontre un incontestable succès mondial, avec des services de communications 5G développés par la firme de communications. BT, l’opérateur de télécommunications britannique, a annoncé fin 2019, qu’il serait parmi les premiers utilisateurs d’une telle plateforme.
De son côté, Facebook met surtout l’accent sur des outils open source permettant d’accélérer le recours au Big Data. La firme de Mark Zuckerberg est également très impliquée dans l’intelligence artificielle, en particulier pour optimiser les données d’entreprises, y compris en milieu industriel.
Au total, si les efforts et les positions de ces différents acteurs sont encore relativement peu visibles, ils ont, à l’évidence, décidé d’en faire un axe de diversification important pour leur croissance future. Jusqu’où iront-ils ?
Le marché ne sera peut-être pas le seul juge de paix. Le nouveau commissaire européen, Thierry Breton, alors qu’il était encore PD-G du groupe informatique Atos, estimait que les GAFAM, captant de plus en plus de valeur, n’échapperaient pas, un jour à une régulation plus forte qu’aujourd’hui. Sans écarter le spectre du démantèlement, du fait de la création de rentes de situation tombant sous le coup de la loi américaine contre l’abus de position dominante.
De ce point de vue, l’exemple le plus proche, qui date des années 90, n’incite pourtant pas à l’optimisme. Alors que le Ministère américain de la Justice poursuivait Microsoft pour de tels faits, le procès n’a finalement abouti qu’à une mesure de restriction du pouvoir monopolistique de l’éditeur, interdisant désormais aux fabricants de PC de refuser l’accès à d’autres systèmes d’exploitation que Windows. Une demi-mesure qui ne s’est avérée payante – c’est-à-dire limitative de la toute-puissance de Microsoft, que grâce au déclin progressif du PC…
Le gouvernement américain pourrait-il un jour se montrer plus agressif vis-à-vis des GAFAM ? L’Europe aurait-elle des moyens équivalents de coercition ? Ou, au contraire, inévitable montée en puissance des acteurs chinois équivalents aux GAFAM freinera-t-elle les ardeurs des gouvernements occidentaux ?
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