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« Le nombre total d’agriculteurs continue de baisser en France » , alertait il y a quelques semaines la MSA, la sécurité sociale agricole. Le nombre de chefs d’exploitation agricole s’est réduit à 448 500 (-1%) en 2018. En 2017, il s’élevait encore à 453 000, à 462 000 en 2016 et à 514 000 il y a dix ans, en 2008. Le pays « perd entre 1,5% et 2% de chefs d’exploitation par an« , indiquait un responsable de la MSA, selon lequel cette érosion est « assez régulière » . Et si l’augmentation de la taille moyenne des exploitations vient en partie compenser cette baisse d’effectifs, la pression démographique impose de repenser la formation pour que le secteur primaire gagne en attractivité.
« Les nouvelles technologies participent en effet à l’attractivité de la filière, acquiesce Adeline Croyère, sous-directrice à la Direction générale de l’enseignement et de la recherche. Elles reflètent surtout les outils utilisés au quotidien par les professionnels du secteur. Les référentiels des formations sont rédigés après des échanges et des enquêtes auprès des professionnels du secteur, en fonction des besoins qu’ils identifient au quotidien. C’est un cadre adaptable en fonction des technologies disponibles et des impératifs géographiques. » Objets connectés en tous genres, drones, big data… Le champ technologique est largement exploité par les entrepreneurs et les agriculteurs, qui trouvent dans ces outils – déjà plus si nouveaux – l’occasion de gagner en productivité mais aussi en confort.
Développer la flexibilité
Parmi les outils utilisés dans le cadre de la formation initiale, « des exploitations agricoles sont installées au sein d’une partie des établissements, avec des ateliers à la pointe de la technologie et des laboratoires pour tester et expérimenter les nouvelles méthodes de production » , détaille Adeline Croyère. De quoi offrir une certaine flexibilité aux futurs exploitants agricoles. Et pour cause : non seulement le métier d’agriculteur se diversifie – tant en matière de moyens de production qu’au niveau des missions quotidiennes avec le développement de nouveaux circuits de distribution – mais la plupart des élèves sont conscients que leur vie professionnelle sera loin d’être linéaire.
« Cette rénovation doit aussi favoriser la réussite et la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur. L’enseignement agricole a une tradition de promotion sociale. Il faut continuer à innover pour contribuer à l’ascension sociale des jeunes issus du monde rural et répondre aux besoins croissants en cadres » , rappelait ainsi Didier Guillaume dans ses voeux de la rentrée. « Les étudiants ne veulent pas forcément trop se spécialiser mais en priorité acquérir un socle de compétences générales » , à la fois des soft skills et des soft skills, précise Adeline Croyère.
Former les rénovateurs de la planète
L’enjeu est de taille : aujourd’hui, moins de 10% des élèves des formations agricoles sont des enfants d’agriculteurs. Et plus de 20% des nouvelles installations se font hors cadre familial, donc opérées par des personnes qui n’héritent pas de l’exploitation familiale. Les jeunes urbains comme les néo-ruraux ont besoin d’être accompagnés dans leurs projets. C’est pourquoi, en parallèle de la formation initiale, les formations professionnelles et la formation continue sont elles aussi revues et dopées à l’innovation, à l’aune des besoins de ces nouveaux installés.
Au-delà des impératifs de production propres à chaque agriculteur, la technologie répond, dans le milieu agricole, à une autre nécessité : celle d’accentuer, d’accélérer la transition écologique, d’autant plus nécessaire que « notre maison brûle » un peu plus chaque jour, selon l’expression utilisée par Jacques Chirac en 2002. À la rentrée 2019, dans un message adressé à la communauté éducative et aux élèves de l’enseignement agricole, Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, avait résumé les enjeux de la refonte annoncée des formations agricoles. « Je veux que cette rénovation réaffirme que l’enseignement agricole est le fer de lance de la transition agroécologique et prépare aux nouveaux métiers de l’agriculture, de l’alimentation, de l’environnement, du paysage et de la ruralité. »
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