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À l’instar du SBF 120, le FT120 est censé représenter, non pas le pouls économique du pays mais bel et bien, les axes et secteurs stratégiques qui permettront à la France de peser comme un acteur primordial de la tech sur la scène internationale.
Les critères de sélection du Next40, plus contraignants que ceux du FT120, prenaient en compte le chiffre d’affaires et les levées de fonds. “Personne n’a vraiment choisi les startups, nous avons juste analysé les chiffres”, indique un proche de Bercy pour souligner l’impartialité du processus. Pourtant, à peine sorti, l’indice essuyait des critiques, notamment sur son manque de diversité dans la représentation des territoires. Sur les 40 entreprises, cinq seulement possédaient leur siège social en région.
Avec le FT120, le gouvernement a voulu montrer patte blanche et mettre en valeur la richesse du territoire en octroyant 36 places minimum aux régions (Outre Mer compris) et en élargissant les critères liés à la croissance, au chiffre d’affaires ou aux levées de fonds (20 millions d’euros minimum en equity). Sur les 300 candidatures reçues, 40 ont été retenues sur le premier critère, 36 sur le second et “7 sociétés ont été repêchées pour en avoir au moins 2 par région“, précise Bercy.
Mais la transparence s’arrête ici, le ministère ne souhaitant pas indiquer sur quel critère chaque startup a finalement été sélectionnée. Si la volonté des startups de garder leur chiffre d’affaires secret peut sembler compréhensible d’un point de vue concurrentiel, l’impossibilité de vérifier ces données empêche d’avoir une vision vraiment claire du processus et du potentiel réel de ces “futures” licornes.
Une représentation encore très inégale des territoires
Parmi les régions, pas de grande surprise non plus. L’Île-de-France supplante, et de très loin, les autres régions avec 85 startups sur 123, ce qui ne laisse que 39 places aux entreprises dites régionales. Seules trois entreprises ont donc réussi à se frayer un chemin dans le FT120 en-dehors des 36 places “réservées” aux régions. Preuve que le FT120 peine encore à sortir de la sphère francilienne, voire parisienne…
L’Auvergne-Rhône Alpes suit avec 10 startups, un chiffre huit fois plus faible, essentiellement dans la BioTech et la MedTech. Ce résultat s’explique par les pôles de recherches, les nombreux laboratoires et hôpitaux universitaires qui maillent le territoire. Les régions Occitanie et Hauts-de-France arrivent ex-aequo en troisième position avec… seulement 5 startups chacune.
La représentation des autres régions reste assez faible. Notons, tout de même, la présence de deux startups d’Outre-Mer, Reuniwatt et All Moll Technology. En octobre dernier, lors du NxSE, le président Emmanuel Macron, avait affirmé que « la Réunion a vocation à devenir le Singapour de l’océan Indien » Actuellement, on remarque surtout l’océan qui sépare les startups d’Outremer du reste de la French Tech : Reuniwatt n’a ainsi levé que 50 000 euros, de loin la plus faible des startups qui figurent dans l’indice.
Soulignons aussi l’absence de la Corse. Un oubli ? C’est d’autant plus étonnant que l’île de Beauté possède un écosystème foisonnant, dynamique et qui comporte quelques entreprises emblématiques, à l’instar de Volpy ou… Qwant, qui a récemment bénéficié d’un soutien attendu de longue date du gouvernement.
MedTech, RH et FinTech surreprésentées
Les trois catégories réunies comptabilisent 33 startups, soit ¼ des effectifs globaux du classement. La HealthTech, combinant la MedTech et la BioTech, réunit, quant à elle, 21 startups. Ce résultat s’explique en premier lieu par l’excellence de la recherche française, dont les représentants sont disséminés sur l’ensemble du territoire. Mais aussi par les nombreux dispositifs financiers soutenant ces filières : le crédit impôt recherche, le statut jeune entreprise innovante ou encore les financements de Bpifrance ont sans nul doute poussé les entrepreneurs en herbe. La hausse de salaire promis aux chercheurs il y a quelques jours devrait encore renforcer cette tendance.
Et si le gouvernement multiplie les aides, ce n’est pas sans raison. Selon les perspectives de France Biotech, “le secteur de la MedTech pèserait plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et créerait 130 000 emplois d’ici 2030”. À condition que les investisseurs acceptent de s’engager au-delà de l’amorçage. “Les financements sont chroniquement insuffisants après cette phase et rendent la croissance des entreprises instable”. De quoi expliquer le foisonnement des entreprises médicales dans le FT120 alors qu’elles sont particulièrement peu nombreuses (deux seulement) dans le Next40 ?
La mobilité, les transports et les télécoms bénéficient également d’une bonne représentation au sein du FT120. Rien de surprenante au regard des grands enjeux auxquels ces entreprises cherchent à répondre : problématique du dernier kilomètre, voiture autonome, mobilité douce du côté de la mobilité et des transports et 5G, pierre angulaire du développement des futures infrastructures, du côté des télécoms. La France doit en effet se positionner dès maintenant sur ce marché pour assurer sa pérennité et son indépendance technologiques. Les technologies marketing sont elles aussi nombreuses dans le FT120, témoignant du dynamisme du secteur.
Au contraire, EdTech, PropTech et LegalTech figurent parmi les mauvais élèves. Pas de surprise de ce côté-là non plus, tant les représentantes de ces trois secteurs soulignent régulièrement les freins réglementaires auxquels elles sont confrontées, pénalisant leur croissance.
Une moyenne d’âge entre 5 et 10 ans
La moitié des entreprises choisies ont entre 5 et 10 ans d’existence, ¼ moins de 5 ans et ¼ plus de 10 ans d’existence. Les startups du FT120 sont donc rarement de jeunes pousses, comme aime les appeler l’écosystème FrenchTech.
Les entreprises les plus matures ont réussi à se hisser dans le Next40. Veepee, fondée en 2001, ou Ivalua en 2000, n’entrent d’ailleurs pas dans les critères définis par la French Tech, à savoir que l’entreprise ait été créée moins de 15 ans auparavant… D’ailleurs, peut-on encore vraiment parler de startup pour des mastodontes comme BlaBlaCar, Deezer ou Devialet ?
On peut légitimement se poser la question de la pertinence d’un indice qui réunit startups parfois tout juste créées (citons Tree Frog Therapeutics, fondée en 2018, ou la promo 2017 constituée d’Igyxos, Another Brain ou encore Agriconomie) et vieux singes. Comment comparer le taux de croissance ou les fonds levés par certaines en quatre ou cinq ans quand d’autres ont au contraire mis dix ou quinze ans à atteindre les mêmes metrics ?
Des entreprises tournées vers les pros
L’âge d’or des startups grand public est bel et bien révolu ! Les unsexy startups sont sorties de l’ombre et règnent en maîtres sur les deux indices gouvernementaux. Si le Next40 fait la part belle à plusieurs fleurons B2C (Veepee, BlaBlaCar, Evaneos…), qui représentent 35% des entreprises sélectionnées, le FT120 atteste de l’engouement des entrepreneurs pour les modèles d’affaires tournés vers les pros. Pas moins de 88% des startups de l’indice ont une activité B2B.
Ironie du sort, les deux startups qui ont levé le plus de fonds, Deezer et BlaBlaCar, sont des plateformes grand public. Pas si étonnant que cela puisqu’elles font aussi partie des entreprises les plus anciennes (les deux ont été créées en 2006). Derrière, on trouve pas moins de cinq scaleups B2B, dont plusieurs ont été fondées bien plus récemment (Meero en 2014, ou Doctolib en 2013). Signe que les investisseurs n’hésitent plus à valoriser ces modèles économiques à leur juste valeur.
Mais où sont les femmes ?
C’était l’un des constats frappants lors de la révélation du Next40 : avec seulement trois startups cofondées par au moins une femme (Frichti, Vestiaire Collective et Ledger), soit 7,5% de l’indice, on était loin, très loin de la parité. Le FT120 fait un peu mieux, avec 11 startups au total qui comptent au moins une femme cofondatrice, soit près de 9% des entreprises retenues. Preuve que le chemin des femmes dans l’entrepreneuriat est semé d’embûches, l’indice dénombre plus de trois fois plus de solopreneurs (36) – dont une seule solopreneure : Marie-Christine Maurel, fondatrice de la Biotech Igyxos – que de femmes fondatrices…
De quoi relancer le débat autour de l’objectif de l’indice : cherche-t-il à représenter le plus fidèlement possible l’écosystème startup français ? Auquel cas il rate son ambition : selon une étude du Boston Consulting Group pour Sista publiée à l’automne, environ 15% des startups sont fondées ou cofondées par une femme. Cherche-t-il à être un exemple, à compiler les modèles pour donner une feuille de route à suivre aux plus jeunes entreprises Tech ? Dans ce cas, pourquoi prendre en compte le critère des levées de fonds, dont on sait qu’il pénalisera forcément les entrepreneures ?
La seule chose qui semble ressortir avec certitude de ce panel est la volonté du gouvernement de mettre en avant les startups affichant des levées de fonds exponentielles. Un point de vue dommageable pour les entrepreneurs qui ont le fait choix d’une croissance plus raisonnée mais parfois rentable plus rapidement. Car des centaines de millions d’euros d’investissements garantissent, certes, de la trésorerie mais certainement pas le succès comme en témoigne la fin tragique (pour ses salariés) de Remade mi-janvier.
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