[ad_1]
Le rayonnement mondial de la France en termes d’innovation remonterait-il à la Belle Epoque ? Les expositions universelles de la fin du XIXème siècle n’auraient ainsi rien à envier aux salons de la Tech d’aujourd’hui que sont les CES, Web Summit, Slush ou VivaTech. Déjà en 1900, la France se distinguait en recevant plus de 50 millions de visiteurs venus du monde entier pour découvrir les dernières avancées technologiques et scientifiques. Au menu : zeppelins de transport ou de guerre, congélation artificielle de la Seine ou encore trottoirs roulants à double vitesse pour les piétons ! Un passé inspirant pour les entrepreneurs de la “French Tech” qui souhaitent de nouveau faire mondialement rayonner nos savoir-faires à l’image de Bruno, fondateur de AnotherBrain. Inclassable, érudit et voulant construire le champion européen de l’IA (Intelligence Artificielle), Bruno Maisonnier nous offre dans cette chronique un voyage spacio-temporel, à la fois passéiste et futuriste.
En Deux Mots. Une Intelligence Vraie.
Bruno, le fondateur de AnotherBrain, exprime son avis très tranché sur les technologies actuelles qui résume alors son ambition. “Je ne souhaite pas faire de l’intelligence artificielle, je n’aime pas ce mot. Mon but est de me rapprocher de l’intelligence humaine.” Une nuance ayant toute son importance dans le monde technologique et son développement. Une intelligence artificielle peut aujourd’hui réagir face à une situation grâce à son apprentissage, mais n’éprouve pas les sentiments propres à l’humain.
AnotherBrain se concentre sur la retranscription de l’intelligence humaine par la machine. Pour l’expliquer, Bruno prend un cas d’usage de notre quotidien. “Si vous prenez le rond point de l’Etoile à Paris en voiture, votre comportement ne correspond pas exactement au code de la route mais relève de la psychologie. Avant de s’engager sur le rond point, nous réagissons plus aux regards et aux comportements des autres automobilistes que les règles du code de la route au sens strict. Face à cette situation, il devient compliqué pour l’intelligence artificielle de réagir”. AnotherBrain propose alors un changement de pensée dans le développement d’intelligences.
Idée. Une vision À Large Échelle.
Mais d’où vient cette ambition de Bruno ? Tout d’abord, il explique : “Le robot a aujourd’hui une capacité à comprendre son environnement et de réagir face à certaines situations mais il n’a pas d’intelligence” assène-t-il. Bruno souhaite monter d’un cran et doter ces actuels robots d’une intelligence se rapprochant de celle des animaux ou de l’humain pour qu’ils puissent réellement répondre à nos besoins.
“Le monde fait face à des problèmes monstrueux que nous n’arrivons pas à traiter comme l’environnement. Ce n’est pas la faute des hommes politiques mais ces problèmes sont trop complexes. C’est pourquoi il faut donc apporter à l’humanité une intelligence pour l’aider.”, constate-il en bon technophile. Ce discours audacieux ne date pas d’hier : “Il y a 30 ans, on nous annonçait des révolutions dans le génie génétique. Or, aujourd’hui encore, des maladies sont incurables.”. Ce constat alarmiste sur les limites technologiques du moment qui ne décourage pas Bruno. Avec AnotherBrain, il aspire à changer les codes en reproduisant un morceau de cortex cérébral.
Equipe. Un Fondateur Aux Grands Rêves.
Bruno Maisonnier a eu plusieurs vies. Après de longues années comme banquier hors de l’Hexagone, Bruno se lance dans l’entreprenariat avec Aldebaran Robotics. Il y développe Pepper et Nao, les robots-compagnons mondialement connus. Après la revente de sa première entreprise, il entame une période d’introspection et choisit de poursuivre dans l’entrepreneuriat pour “continuer d’apporter quelque chose au monde”.
Au-delà d’AnotherBrain, Bruno évoque des ambitions et convictions plus profondes qui viennent de sa découverte de différentes cultures. “Pourquoi la langue française reste-t-elle aussi présente à l’étranger notamment chez les personnes plus âgées ?” Sa rencontre avec Marc Giget, le chercheur, l’éclaire. “La modernité et la réputation de la France se sont jouées lors de la Belle Epoque avec l’attraction des expositions universelles et la naissance des innovations de rupture. La France a également un système éducatif très spécifique notamment avec les Grandes Ecoles qui forment des personnes capables de gérer des projets sur le long terme.” Plutôt patriote et défenseur de son génie français, Bruno reste réaliste : “Nous savons innover et créer mais nous ne savons pas vendre. Tout le problème est là, comme l’illustre le cas du Concorde”. C’est dans ce sens que Bruno ambitionne de faire d’AnotherBrain un leader mondial faisant rayonner le savoir-faire d’origine française à l’échelle européenne et mondiale.
Pour répondre à ces promesses, l’équipe d’AntoherBrain est aujourd’hui constituée de 40 collaborateurs travaillant essentiellement sur la R&D et la transformation de la technologie en produit. Bruno a également constitué une équipe de commerciaux et structure la partie support. Les équipes devraient doubler d’ici un an et tripler dans les années à venir.
Mise En Oeuvre. Se faire confiance.
Bruno aborde le développement d’AnotherBrain avec philosophie. Très rapidement après sa création, AnotherBrain réalise sa première levée de fonds qui modifie en profondeur la logique de développement de l’entreprise. Cette levée donne la capacité à Bruno d’explorer et de rechercher, sentiment qu’il exprime ainsi: “j’étais bien loin de l’image de la ligne de crête, vécue dans le passé, où sans client ou sans résultat je pouvais tomber à tout moment, d’un côté comme de l’autre.” L’entreprise consacre alors deux ans au développement de sa solution en s’appuyant sur des publications scientifiques pour répondre aux cas d’usage des industriels dans les villes intelligentes et l’automobile.
Début 2019, une équipe de commerciaux est mise en place, participe à des salons et apporte très vite des premiers résultats. Bruno nous livre alors : “je ne cherche pas à avoir une visibilité extraordinaire. La seule preuve pour moi de l’efficacité de ma solution est la satisfaction de mes clients par rapport à d’autres solutions”. Un leitmotiv assumé qui permet à l’équipe de sans cesse se plonger dans le développement de leur “cortex cérébral”.
Pour arriver aussi rapidement à ce stade de développement, Bruno est passé par plusieurs remises en question. Selon lui tout est une question de confiance. “Il ne faut pas toujours se raisonner entre ce que l’on fait et ce qu’il faut faire. Si nous nous lâchons complètement, nous faisons des choses beaucoup plus grandes”. Pour illustrer son propos, Bruno prend l’exemple de la constitution d’une équipe internationale, souvent complexe à mettre en place opérationnellement, qui modifie en profondeur la manière de faire et de gérer une entreprise.
“Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire sauf celle qui vous correspond”. Par ces mots, Bruno fait référence à la biographie de Steve Job. Cet ouvrage lui a permis de découvrir le “management par le contrôle” et qui lui correspondait.
Finances. Coeur Européen.
Financé sur les fonds propres de Bruno, AnotherBrain effectue sa première levée de fonds début 2018 par les relations de Bruno avec les fonds d’investissement. Plus récemment, AnotherBrain a levé 19 millions d’euros majoritairement auprès de grands comptes et de fonds d’investissements. Pas encore fermée, la levée est ouverte jusque fin décembre. Malgré ce parcours remarquable, Bruno émet des réserves sur les financements apportés à l’innovation en France. “Nous avons un problème majeur de fonds. Sans financement, une entreprise ne survit pas, et va donc voir ailleurs. Il est alors complexe pour les entreprises françaises et européennes d’imposer leurs technologies face aux américains ou aux chinois”. Encore un constat criant de vérité et impactant incontestablement les ambitions des entrepreneurs français.
La dernière ce financement quasi-record se cache une ambition. “ Je ne veux pas juste être une boite qui “taille la route” avec une technologie. Je veux être un champion européen de l’intelligence.”.
Chronique co-écrite par Florian Bercault, Adèle Pasquier d’Estimeo et Lea Bruel de Yalayolo Magazine.
[ad_2]
Yalayolo Magazine