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Il fût un temps où la gestion de la douleur était pour le moins… artisanale. Si l’on en croit les vignettes de Lucky Luke, il suffisait d’un bon coup de marteau sur le pied pour oublier la douleur d’une dent arrachée. Depuis, la médecine a heureusement fait quelques progrès et antalgiques et morphine permettent de limiter la douleur ressentie par les malades. Avec leur lot de désagréments : risque d’accoutumance, effets secondaires, incompatibilité avec d’autres traitements… Pour les patients, les alternatives sont peu nombreuses et se cantonnent pour la plupart à la prévention de la douleur ou à des traitements longs, incompatibles avec un soulagement immédiat et ponctuel.
Pourtant, des solutions existent. Ou plutôt… ont existé. Au début du 20ème siècle, des militaires ont découvert, par hasard, dans les pays d’Europe de l’Est, que les ondes à fréquence ultra haute annihilaient la douleur. En effet, elles stimulaient la production d’endorphine, aussi appelée hormone du bonheur. Le cerveau bloquait ainsi l’information de la douleur, réduisant les sensations douloureuses. Mais avec l’arrivée des médicaments, cette découverte a été remisée au placard.
Traiter une large gamme de douleurs
La startup grenobloise Remedee Labs l’a sortie des cartons pour développer une technologie reprenant ce principe. Elle a développé un bracelet qui embarque une carte à puce capable de stimuler 2 centimètres carrés de peau et ainsi déclencher la production d’endorphine sous 30 minutes. Pour concevoir ce dispositif miniaturisé – les premières recherches militaires nécessitaient une surface de stimulation beaucoup plus importante pour être efficaces – la startup s’est alliée à ST Microelectronics et au CEA de la capitale des Alpes.
« Nous pouvons ainsi traiter des douleurs faibles à modérées« , se réjouit Jacques Husser, cofondateur de la startup. Le dispositif présente l’avantage d’être efficace quelque soit la zone douloureuse. Comme les médicaments, il agit sur l’origine même de la sensation douloureuse, au cerveau, ce qui démultiplie les cas d’usage. Les études actuellement en cours ou à venir dans les prochains mois traitent ainsi différentes pathologies : la douleur avant et après une chirurgie cardiaque, celle liée à l’arthrose ou encore aux migraines.
Le but n’est pour l’instant pas de remplacer purement et simplement les antalgiques ou la morphine mais d’en limiter leur consommation. « L’idée est de permettre aux patients de sous-consommer ces médicaments, notamment lorsqu’il s’agit de patients âgés qui prennent plusieurs traitements« , souligne l’entrepreneur. Une avancée non négligeable pour réduire les risques de surdose médicamenteuse tout en garantissant une efficacité similaire aux patients.
Objectif commercialisation
« Nous vivons aujourd’hui un tournant historique, où la technologie nous permet d’aller au-delà des
drogues et des médicaments traditionnels, comme les opioïdes », appuie avec beaucoup d’enthousiasme Alexis Houssou, président du Hardware Club, qui a mené l’impressionnante levée annoncée ce mercredi par Remedee Labs : 11 millions d’euros. Habert-Dassault Finance, Partech, C4 Ventures, Supernova Invest ainsi qu’une sélection d’investisseurs privés complètent le panel d’investisseurs.
Grâce à cet apport au capital, la startup espère accélérer la préparation de la commercialisation du dispositif, prévue d’ici deux ans. Dans un premier temps, il s’agira de valider les essais cliniques, avant d’obtenir les certifications nécessaires à une mise sur les marchés européen et américain. Remedee Labs réfléchit également à décliner la technologie en deux dispositifs distincts : l’un destiné aux professionnels, l’autre utilisable par les patients eux-mêmes. « La grande force de notre technologie est sa simplicité d’utilisation« , rappelle Jacques Husser. De quoi ouvrir les portes d’un marché colossal : celui d’un monde au-delà de la douleur.
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Yalayolo Magazine