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Pour aiguiller ses voyageurs, éviter les pannes ou surveiller les rails, la SNCF parie désormais sur le numérique, avec de nouveaux outils qui moulinent des quantités considérables de données. «Le digital, c’est à la fois un levier formidable pour les clients et un outil extraordinaire pour la productivité», résume le patron du groupe public Guillaume Pepy. Préférant oublier les pannes à répétition dans les gares parisiennes et les retards dont se plaignent souvent les passagers, il revendique l’anglicisme de «data-driven company» : une entreprise guidée par les données.
La SNCF a investi 950 millions d’euros dans sa transformation numérique depuis qu’elle s’est délibérément engagée dans l’aventure en 2015, dont 300 millions cette année. Elle a notamment créé des «lieux d’accélération numérique» baptisés 574 (en hommage au record de vitesse battu par un TGV en 2007, 574,8 km/h) où ses équipes rencontrent startuppers et chercheurs pour concevoir de nouveaux outils. Le cinquième vient d’ouvrir dans les ateliers ferroviaires d’Hellemmes, à Lille.
L’application SNCF (déjà téléchargée 10,8 millions de fois) «va de plus en plus continuer à s’adapter aux voyageurs» pour devenir un véritable assistant personnel, indique Benoît Tiers, le directeur général d’e.SNCF (le pôle numérique du groupe). Pour ce faire, il joue sur l’intelligence artificielle et la géolocalisation, déjà acceptée par 620 000 utilisateurs réguliers. «Des algorithmes vont maintenant comprendre cette géolocalisation pour proposer une personnalisation approfondie de l’application aux voyageurs», explique le responsable. A partir d’octobre, l’application leur proposera par exemple d’envoyer des alertes en cas de perturbation sur leurs itinéraires habituels.
Si cette application vedette rend de plus en plus de services aux voyageurs, elle est aussi une formidable source de données pour la SNCF, qui peut analyser les trajets pour avoir une bonne connaissance des flux et donc des besoins, le cas échéant adapter ses services… ou se placer face à des concurrents. Dans le même ordre d’idée, la compagnie veut proposer une version personnalisée du site oui.sncf à chacun de ses 14 millions d’utilisateurs.
Jumeau numérique
«Nous sommes désormais en capacité de gérer une quantité de données beaucoup plus importante, de les croiser pour proposer de nouveaux services», relève Benoît Tiers. A cet égard, assure-t-il, «il y a de la cybersécurité derrière !» Et d’ajouter : «La protection des données personnelles est un élément fondamental. Nous ambitionnons d’être un véritable tiers de confiance pour nos voyageurs.»
Le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet met parallèlement en exergue «le digital industriel», bien moins visible de la clientèle mais synonyme d’économies. «On est à l’orée d’une révolution majeure pour nous, et donc d’une amélioration considérable de la performance», avec notamment une signalisation intelligente qui permettra de faire circuler plus de trains et le développement de la maintenance prédictive, insiste-t-il. Pour les lignes classiques, la SNCF a par exemple mis au point une application baptisée Vibrato, testée dans la région parisienne. Installée sur les smartphones des conducteurs des trains, elle mesure en temps réel les vibrations enregistrées sur la voie, ce qui permet d’intervenir rapidement en cas d’anomalie.
A une plus grande échelle, des capteurs laser placés sur les trains de surveillance du réseau ont entrepris de scanner et de cartographier toutes les infrastructures en 3D, des rails aux ouvrages d’art et à la végétation, avec une précision de quelques millimètres. Le but du jeu est d’obtenir un «jumeau numérique», une modélisation du réseau ferré dont on pourra mieux déceler les variations, et donc intervenir s’il faut aller réparer quelque chose ou couper des arbres. A terme, il devrait intégrer la signalisation.
Côté matériel, le technicentre d’Hellemmes utilise désormais des drones pour inspecter les toits des TGV, évitant l’installation de passerelles temporaires. Les données récoltées sont aussi plus fiables. De même, des lunettes connectées permettent à un expert de voir, à distance et en direct, les problèmes constatés par un agent sur le terrain.
Si les gains sont difficiles à quantifier, Guillaume Pepy les envisage «de 30 à 50%» sur les opération qui peuvent être confiées au numérique. C’est-à-dire beaucoup d’argent, alors que le gouvernement lui a demandé de faire de sérieux efforts de compétitivité.
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Yalayolo Magazine