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La notion de l’entrepreneuriat évolue constamment. Selon le marché, l’économie, les focus des gouvernements, le métier d’entrepreneur est une montagne qu’il faut arpenter avec précaution. Dans mon expérience à l’étranger où j’ai vécu dans plus de 5 pays, l’accompagnement des entrepreneurs diffèrent selon votre ambition, et les techniques sont différentes selon le mindset. Cette interview est là pour partager le point de vue du fondateur de Startup.Stud.io, une structure d’accompagnement sur 12 mois, de l’idée à la première levée de fond.
Quels sont les besoins que vous avez identifiés comme manquant en France ?
Beaucoup de start-up ont constaté que les structures existantes proposaient surtout de la théorie, des exemples de best practices, ou des interventions groupées, sous forme d’ateliers et autres. Intéressant, certes, mais pas suffisant quand on se lance sans ressources. Il manquait donc du concret, et surtout, des livrables exploitables pour ces jeunes pousses, qui par définition n’avaient ni les ressources humaines ni financières pour se réaliser.
Quels profils et types d’activité accompagnez-vous le plus souvent ?
Nous accompagnons des start-up développant aussi bien des solutions B2C que B2B.
Étant spécialisés dans le très early-stage, la majorité des porteurs de projets que nous acceptons sont simplement munis d’une idée et de quelques chiffres ou écrans sur une présentation. Il est donc difficile, à ce stade, de se baser uniquement sur l’activité. C’est pourquoi, lorsque que les candidats passent devant notre jury, composé de business angels et de chefs d’entreprises, nous nous concentrons sur leurs compétences personnelles, leur dynamisme, leurs expériences passées, et les risques financiers qu’ils sont prêts à prendre.
L’entrepreneuriat, est-ce une tendance ?
Il suffit de tendre l’oreille dans les discussions qui nous entourent pour constater que la phrase « je réfléchis à monter ma boîte » revient de plus en plus souvent. L’entrepreneuriat séduit.
Les créations d’entreprises s’envolent depuis les trois dernières années. Que cela soit en freelance ou en société, les gens réalisent que l’entrepreneuriat est devenu, dans beaucoup de cas, la seule solution pour trouver une vraie source d’épanouissement professionnel, mais aussi une opportunité de revenus que le salariat n’égalera jamais. Donc oui, une vraie tendance française en ce moment !
Quel est le profil le plus adapté à bénéficier de votre programme d’incubation ?
Après deux ans d’activité et près de 40 start-up accompagnées, une tendance se dégage, et on peut dire que le profil le plus adapté aurait : de bonnes connaissances dans le secteur qu’il attaque, sans pour autant avoir des connaissances poussées dans le digital ; détecté une vraie carence dans la communauté qu’il cible ; une capacité d’écoute et d’analyse de ses futures cibles très élevée ; une préparation personnelle et familiale pour ne pas avoir d’obstacles durant ses 12 premiers mois d’incubation, qui sont vitaux ; et, bien entendu, une sincère volonté d’imposer sa solution comme une référence.
Ciblez-vous le marché français ou international ?
Nous sommes concentrés sur le marché français, avec bien entendu une forte demande en Île-de-France, mais aussi de très beaux projets et profils sur Lyon, Marseille, Nantes, Strasbourg et Grenoble.
L’écosystème français est-il favorable à l’entrepreunariat ?
Oui, tout particulièrement. Premièrement, la « culture start-up » s’est considérablement développée, et il est par exemple beaucoup plus facile de trouver des associés, ou d’avoir un écho favorable de son entourage en annonçant que l’on démissionne pour lancer sa société qu’il y a quelques années.
Deuxièmement, et surtout, les opportunités financières sont également plus nombreuses. Beaucoup de banques, comme le Crédit du Nord par exemple, ont compris les attentes des porteurs de projets, et proposent des solutions pertinentes. Citons aussi les subventions publiques, comme la Bourse French Tech, qui permet à des jeunes pousses de bénéficier d’un maximum de 30 000 € pour se lancer ; les business angels, qui plus que jamais ont joué leur rôle, en donnant leurs premiers fonds, mais aussi conseils et réseaux, à de jeunes CEO ; et enfin, plus largement, toutes les structures privées, d’Etat ou associatives qui ont émergé ces dernières années.
Dans ce cas, comment les entreprises doivent-elles s’adapter ?
Le gros frein que rencontrent les porteurs de projets se trouve souvent tout au début de la chaîne, au moment de quitter leur poste. Une rupture conventionnelle permet en effet de bénéficier du chômage, et donc d’une sécurité pendant les deux premières années de construction de sa start-up. Si les petites et moyennes entreprises jouent le jeu, on déplore malheureusement les politiques RH des grosses structures, qui sont encore frileuses et n’acceptent pas toujours de délivrer le précieux sésame.
Comment avez-vous constitué votre « Dream Team » ?
Nous avons cherché à être les plus complémentaires et pertinents possible pour les porteurs de projets.
Nous avons donc en premier lieu des profils mentors, pour aider à la structuration du business model, et définir au mieux la stratégie ; puis des profils opérationnels, qui vont se positionner comme une équipe de substitution lors de la première année de la start-up : ce sont typiquement des graphistes pour réaliser les logos, sites web, plaquettes, etc. ; des spécialistes en financement, pour trouver des fonds ; des growth hacker et marketeurs, pour conquérir les premiers clients, et aussi des comptables et avocats.
Enfin, au bout de la chaîne, nous avons des business angels, associés à Startup Stud.io, qui nous permettent, sans avoir à passer par des intermédiaires, de mettre en relation nos porteurs de projets avec des investisseurs.
En tant que fondateur, quel est le conseil que vous donneriez à des jeunes porteurs de projets ?
Je pense qu’il est fondamental, en amont de son lancement, de s’informer et d’échanger le plus possible, avec le plus de monde possible. Il y a beaucoup de CEO aguerris qui acceptent de prendre un café et de discuter 30 minutes, comme il existe aussi des business angels qui sont prêts, le temps d’un coup de fil, à expliquer ce qu’ils attendent d’un projet pour miser dessus. La plateforme Meetup est également un formidable outil pour rencontrer du monde, pourquoi pas de futurs associés, mais en attendant, on y trouve beaucoup d’occasions d’échanger avec d’autres porteurs, et des experts dans beaucoup de domaines.
Quels sont les freins que vous avez rencontrés lors de la création de votre projet ?
Nous proposons à nos porteurs de projets des prestations d’acteurs reconnus du marché à des prix cassés, car le budget d’une jeune pousse ne permet pas toujours d’investir énormément. La négociation sur ces prestations n’a pas toujours été facile, surtout au tout début !
Faut-il échouer pour réussir ?
J’ai rencontré peu de CEO de start-up à succès qui ont fait mouche du premier coup ! On peut croiser bien sûr des profils brillants ou des profils relativement âgés qui avaient des expériences en board ou top executive auparavant, et qui ont su se lancer dès le début avec habilité, mais l’entrepreneuriat, la réalité, est souvent constitué de beaucoup de chutes et de rebonds.
Quelle est votre analyse par rapport à ce mindset ? Pensez-vous à l’américaine ou à la française ?
Les Américains ont mille fois raison là-dessus : ne pas réussir à lancer sa première start-up et se planter, même deux ou trois fois, est en réalité une formidable occasion d’apprendre et de se construire, pour revenir plus fort. Il ne faut surtout pas en avoir peur, et encore moins en avoir honte.
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Yalayolo Magazine