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Le président de la République s’exprimera devant le gratin des startups et du capital-risque, convié en ouverture d’une convention organisée à Paris par France Digitale, qui fédère les entreprises françaises du secteur. Les professionnels jugent le financement des jeunes startups françaises globalement bien assuré dans les premières étapes de leur croissance. Mais le bât blesse quand, déjà lancées, elles cherchent des investisseurs en capital-développement, capables de miser sur elles des dizaines, voire des centaines de millions d’euros pour partir à l’assaut du marché mondial.
Ainsi, grâce notamment à l’action de Bpifrance, la filiale spécialisée de la Caisse des dépôts, de nombreux fonds d’investissements existent pour apporter aux jeunes pousses les premiers millions d’euros dont elles ont besoin pour prendre leur envol. Avec 2,79 milliards d’euros levés au premier semestre 2019, selon un baromètre de la société de conseil EY, la France est au second rang des levées de fonds des startups, derrière le Royaume-Uni, mais devant l’Allemagne.
En revanche, en France, « il n’y pas de gros fonds (d’investissement) capable de mettre 50, 100 ou 200 millions d’euros » dans une jeune entreprise, expliquait récemment à l’AFP Olivier Novasque, patron de Sidetrade, un éditeur de logiciels utilisant l’intelligence artificielle, et ancien vice-président de l’association professionelle Tech in France. « Or quand vous êtes dans le numérique, il faut tout de suite penser à conquérir le monde », sans attendre que d’autres ne prennent la place.
« Nous on fait des chèques jusqu’à 45 millions d’euros, mais il faut pouvoir aller au-delà, et on ne voudrait pas être les seuls » à faire des grosses opérations, confirmait récemment sur BFM Business Jean-Marc Patouillaud de Partech Ventures, l’un des principaux fonds actif sur le marché français.
Faire émerger des géants européens
Souvent, les jeunes pousses françaises aux ambitions mondiales n’ont pas d’autre choix que de courtiser les fonds américains. Eux ont les poches suffisamment larges pour investir de telles mises, grâce notamment à l’épargne des retraités américains. Ou bien elles se lancent en Bourse sur le Nasdaq, le marché américain des valeurs technologiques, à l’image de Criteo, spécialisé dans la publicité
ciblée sur internet.
Pourtant, « il n’y a aucune raison de ne pas voir émerger des géants de la tech en Europe » si les jeunes pousses en croissance parviennent à trouver sur place des financements suffisamment solides, indique à l’AFP Yann du Rusquec, directeur général d’Eurazo croissance, l’un des principaux fonds européens de capital développement. « Le niveau et l’ambition des entrepreneurs européens est vraiment très élevé – c’était peut-être moins le cas il y a une dizaine d’années. »
Les mesures qu’annoncera Emmanuel Macron s’inspireront d’un rapport rendu en juin par Philippe Tibi, ancien président de l’association française des marchés financiers. Il proposait notamment de favoriser l’émergence en France d’une dizaine de fonds d’investissement en capital-développement, « gérant au minimum un milliard d’euros ».
M. Tibi recommandait également que les grands investisseurs français – banques et compagnies d’assurance – créent des fonds spécialisés dans la technologie, capable d’aller apprendre le métier sur le Nasdaq avant de revenir d’ici quelques années en Europe pour lancer un marché européen des valeurs technologiques.
Dans la foulée du rendez-vous de mardi, le gouvernement annoncera les jeunes pousses retenues dans le Next 40, un groupe d’entreprises du secteur technologique considérées comme des champions internationaux en puissance. Elles bénéficieront d’une visibilité particulière au sein de l’administration et du gouvernement, et la liste sera actualisée chaque année, en fonction des
hauts et des bas connus par ces entreprises.
« L’important, c’est que Emmanuel Macron passe le message à l’ensemble de la finance française qu’il faut investir dans la tech », souligne Yann du Rusquec.
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