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Lauréate du prix EDF Pulse 2016, dans la catégorie e-santé, l’entreprise française Biomodex a conçu un système d’impression 3D capable de reproduire fidèlement l’organe malade ou blessé d’un patient. De quoi aider les chirurgiens à préparer leur intervention ou offrir aux étudiants en médecine une alternative aux entraînements sur des cadavres. Thomas Marchand, son président, nous dévoile tout le potentiel de cette technologie d’avenir.
« Savez-vous que les erreurs médicales sont la troisième cause de mortalité, après les maladies cardiovasculaires et le cancer ? Cela représente 400.000 morts par an, rien qu’aux États-Unis… » Thomas Marchand, fondateur et dirigeant de Biomodex, sait assurément trouver les exemples qui retiennent l’attention.
Sa société est spécialisée dans la reproduction d’organes par impression 3D grâce auxquels les étudiants en chirurgie peuvent parfaire leur pratique et qui permettent aussi aux praticiens confirmés de mieux préparer leurs interventions.
Le prix EDF Pulse 2016, dans la catégorie « e-santé », remis à Biomodex, pour son système d’impression 3D de modèles d’organes humains. © EDF Pulse, YouTube
À partir de l’imagerie médicale type scanner, IRM, échographie, Biomodex crée des organes par impression 3D avec lesquels il est possible de reproduire des gestes chirurgicaux complets. Grâce à l’utilisation de diverses résines polymérisées par des ultraviolets, la machine est capable de fabriquer des tissus durs et mous. « Les chirurgiens nous envoient l’imagerie de l’organe et nous leur fabriquons et livrons un produit fini. Il faut environ une heure pour produire un simulateur », nous a expliqué le jeune patron.
Implantée en France et aux États-Unis, Biomodex vient de se voir décerner le prix EDF Pulse dans la catégorie e-santé. « Un prix qui prouve la solidité de notre projet », souligne Thomas Marchand qui nous a indiqué que son entreprise bénéficiait également du soutien de Dassault Systèmes, spécialisé dans les technologies de 3D logicielle.
En quoi la solution Biomodex est-elle une meilleure alternative aux pratiques d’entraînement actuelles des chirurgiens ?
Thomas Marchand : Notre solution s’inscrit dans un mouvement de fond que l’on appelle en anglais le medsim, qui est celui de la simulation d’un geste médical ou chirurgical. Actuellement, les élèves en chirurgie peuvent pratiquer soit sur des cadavres d’humains ou d’animaux, ce qui pose des problèmes à la fois éthiques et logistiques et ne propose pas une solution homogène à chaque étudiant. Biomodex est là pour apporter une alternative, avec un simulateur qui permet d’acquérir des gestes plus efficients et précis.
Le second avantage, et ce qui représente une véritable révolution, est la possibilité d’une médecine personnalisée. À partir de l’imagerie médicale, nous pouvons reproduire l’organe fantôme d’un patient afin que son chirurgien puisse préparer l’intervention en disposant de toutes les spécificités.
Pour le praticien, le ressenti d’un organe imprimé en 3D est-il vraiment fidèle aux conditions réelles (résistance des différents tissus, mouvement des organes…) ?
Oui. Nos modèles ont des propriétés biomécaniques très proches de celles d’un organe humain. Nous reproduisons les muscles, les os, les veines, les tendons, les ligaments, etc. ce qui permet aux chirurgiens de pratiquer toute la gamme des gestes. Actuellement, nous produisons des modèles pour des interventions en cardiologie, orthopédie et ORL, mais nous pouvons potentiellement couvrir toutes les disciplines. Il faut savoir qu’une grosse partie de notre travail se fait en bloc opératoire, pour observer les praticiens. Nous avons des ingénieurs spécialisés dans les différents domaines qui travaillent aux analyses biomécaniques et nous permettent de créer des modèles les plus fidèles possibles.
Avez-vous des exemples concrets d’utilisation de Biomodex ?
Si l’on prend le domaine de l’orthopédie, la fracture du radius est une blessure très courante pour laquelle il y a un très fort enjeu de formation. Nous savons reproduire cette anatomie avec une précision biomécanique inégalée. Nous fabriquons des modèles pour l’Ircad, à la faculté de médecine de Strasbourg, qui servent à la formation en orthopédie. Nous avons également travaillé avec le professeur Jean-Pierre Becquemin, spécialiste en chirurgie vasculaire, sur des simulateurs d’anévrisme de l’aorte. Je tiens à ajouter que, plus généralement, nous avons des retours extrêmement positifs de la part des professionnels de santé car le service médical rendu (SMR) par Biomodex est évident.
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