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Grâce à l’annonce de Facebook avec son projet Libra, la blockchain et les crypto-monnaies sont de retour sur le devant de la scène. Les plus agacés sont obligés de reconnaître qu’effectivement le Bitcoin existe toujours et se porte même plutôt bien, autour des 10k $, et a soufflé récemment sa 10ème bougie d’anniversaire. Comme Internet, le smartphone ou les réseaux sociaux, les crypto-monnaies ne sont pas un phénomène de mode passager, mais bien l’un des piliers en terme d’UD/UI/UX (User Device, User Interface, User Experience) sur lesquels s’élabore la fameuse « 4ème révolution industrielle ».
Le concept semble prometteur, mais ne nous y trompons pas : une révolution, c’est d’abord la combinaison, dans la violence, d’un contexte de « guerre intérieure » et de disruptions sévères participants du renversement de l’ordre établi, au profit d’une nouvelle structuration de la société et de l’émergence de nouveaux usages.
Je vous propose cette semaine un extrait de mon travail sur le questionnement des possibles le temps d’un – court – article, en partageant avec vous quelques réflexion synthétiques élaborées pour le compte d’acteurs du Private Equity qui m’interrogeaient récemment sur le sujet.
La « quatrième révolution industrielle » est un concept proposé par Klaus Schwab, économiste allemand contemporain, fondateur et président du Forum économique mondial, qui a consacré plusieurs de ses ouvrages au sujet. Alors que les deux premières révolutions industrielles furent techniques (Machine à vapeur entre 1760 et 1840, puis électricité et production de masse), les deux suivantes sont digitales : avènement de l’informatique à partir des années 60 (c’est la troisième révolution industrielle), puis poursuite de la révolution numérique par le développement et l’application de sa puissance à tous les champs possibles, dont la science du vivant, au point de remettre en question jusqu’à l’idée de l’être humain. Entrent notamment dans ce cadre l’intelligence artificielle, l’impression 3D, la réalité virtuelle, et bien évidemment la blockchain et les crypto-actifs.
La quatrième révolution industrielle a pour ambition de rendre à l’homme la fierté de sa condition, et réduire les effets des « blessures narcissiques » de Freud, par le solutionnement, grâce à la technologie, de ce que j’appelle les « frustrations narcissiques » :
- Je vais pouvoir dépasser le temps (vaincre la mort)
- Je vais pouvoir dépasser la distance (dépasser la limite de la Terre et son satellite)
- Je vais pouvoir dépasser l’esprit (implants bioniques décuplant les capacités cognitives)
Que viennent faire la blockchain et les crypto là-dedans ? Les solutions techniques qui sont censées résoudre les frustrations narcissiques seront d’une complexité hors du commun, et reposeront sur une structure inédite d’Intelligence Artificielle, fonctionnant à partir de composants tous à peine au niveau de concept ou de prototypes à l’heure actuelle, comme les ordinateur quantiques. Au cœur de cette “A.I. next generation”, on trouve une nouvelle algorithmique d’analyse et d’apprentissage, qui pour fonctionner fera appel à des process de collecte, traitement, structuration, stockage de l’information et interactions entre systèmes qui pour des raisons de performance et de sécurité seront décentralisés et automatisés ; ces process tournent autour du concept de blockchain, les crypto servant quant à elles d’unités de valeur intervenant dans les transactions entre acteurs physiques mais aussi au sein même des transactions automatisées de type smart contracts.
Du point de vue de l’organisation de la société humaine, la révolution dont nous vivons les prémices a déjà produits certains effets : après la fin des institutions disciplinaires développées par Michel Foucault, nous sommes ainsi passés à la « société de contrôle » chère aux philosophes politiques postmodernes, Deleuze en tête, et dont l’émanation actuelle est le « régime de la trace » mis en place par les GAFAM et très bien expliqué par Alain Damasio dans son roman « les Furtifs » : biberonnés aux extensions numériques diverses et variées (les fameux Iot : objets connectés, le smartphone en tête), nous acceptons mollement d’être suivis, mesurés, traqués, géolocalisés tout le temps et en toute circonstance, au profit des corporations « pur players » qui moulinent les datas ainsi collectées pour élaborer des dispositifs de sollicitation commerciale toujours plus efficaces et intrusifs.
La prochaine étape sera selon moi celle de l’I.F. (Indiscernible Fake), qui explose actuellement avec les récents progrès applicatifs de l’Intelligence Artificielle, et dont le phénomène des « Fake News » n’est qu’une innocente émanation à côté des déclinaisons à venir.
Avec les écrans 8k, savez-vous que la réalité numérique vient par exemple de dépasser la définition de œil humain ? Plus concrètement, dans les bonnes conditions d’éclairages et de point de vue, il est déjà totalement impossible de distinguer une image virtuelle sur écran LED disposé derrière une « fausse fenêtre » de la réalité.
Savez-vous que Google achète actuellement les visages des passants contre des cartes cadeau de 5 $ pour officiellement améliorer son futur système de reconnaissance faciale ? Plus concrètement, la prochaine génération d’outils de modélisation 3D alimentées avec ces données permettront de générer sur écran (pendant les infos du soir au cours d’une campagne présidentielle par exemple…) n’importe quelle expression de n’importe quel visage, et de lui faire dire ou faire n’importe quoi sans aucune possibilité pour l’œil humain de faire la différence avec le réel.
Que viennent faire la blockchain et les crypto là-dedans ? Plusieurs groupes de chercheurs travaillent d’ores et déjà à de possibles « contre-mesures » aux fake news, deep fake et consors, axées sur la bBlockchain et les crypto-monnaies, susceptibles de « labelliser » de manière infalsifiable une « vraie » information (news, photo, scène filmée, etc) afin de permettre de la distinguer d’une « fausse ». Plus concrètement, le 24 juillet, le vénérable NY Times a introduit son projet News Provenance Project visant à créer une solution basée sur la blockchain pour le secteur du journalisme qui permettra d’enregistrer et partager des métadonnées sur des médias – images et vidéos en particulier – publiées par des agences de presse.
Du point de vue économique, le caractère unique de la quatrième révolution industrielle s’exprime non seulement par l’apparition d’une nouvelle famille de business models, dits « inversés », mais aussi et surtout par la disruption de la monnaie elle-même, concept qui a évolué avec le numérique (plus de 89% de la monnaie mondiale n’est plus fiduciaire) mais qui n’a fondamentalement pas été vraiment bousculé depuis plus d’un millénaire (apparition des premiers billets de banque en Chine). La technologie blockchain (entre autres) et les crypto-monnaies, qui en sont une des application concrètes, entrent désormais dans la panoplie des outils utilisés par les nations qui s’affrontent pour définir quelle sera la monnaie « mondiale » du 21èmesiècle (si votre vue n’est pas trop floue au-delà d’un horizon de seulement 20 ans, vous savez déjà que ce ne sera plus le dollar, ni aucune autre monnaie « classique »…).
Plusieurs moguls issus de la Silicon Valley défendent la vision d’un revenu universel qui compensera en partie la disparition de certains emplois actuels au profit de la robotisation, et nous commenceront très bientôt à voir apparaître les premiers exemples concrets de business models « inversés » : le vendeur ne vous vend plus quelque chose, et ne vous demande plus d’argent ni de payer ! Mieux : c’est lui qui vous paie, avec sa propre crypto-monnaie, simplement pour être vous, vivre, faire ce que vous voulez… Pourvu que vous acceptiez d’être traqué, évalué, mesuré dans tous les sens et par tous les moyens imaginables. Laissez Siri, Alexa ou Google vous écouter nuit et jour, 24h sur 24, et vous recevrez des crypto gratuitement ! Mais quel est l’objectif, comment les GAFAM peuvent-ils continuer de faire du profit dans ces circonstances ? Il faut pour comprendre simplement éviter de conclure trop vite en lisant ces lignes : il n’a jamais été dit que les monnaies classiques allaient disparaître, ni que l’ensemble du retail mondial allait migrer vers l’une des crypto-monnaies créées par Marc Z. et ses amis… Frapper sa propre monnaie alternative, avec pour ambition d’atteindre la « masse monétaire critique » qui lui permettrait de s’aligner en terme d’usage à l’égal du Yen ou de la Livre, voilà qui participerait efficacement à l’objectif d’une valorisation en trilliards de dollars…
Il ne s’agit pas ici de prédire le futur, et comme souvent, nul doute que la réalité dépassera largement toutes les conjectures. Il est important, notamment dans une perspective investisseur, de savoir maintenir une réflexion sans préjugé sur les transformations qui s’annoncent. La veille et la prospective en font partie.
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