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Je me suis réveillée un mardi matin et, alors que mon mari partait pour le travail, j’ai préparé un petit déjeuner pas très sain pour les enfants, je les ai houspillés jusqu’à ce qu’ils se brossent enfin les dents, mettent leurs chaussures et soient prêts à partir à l’école. Ensuite, j’ai amené la voiture chez le mécanicien pour une réparation mineure et je suis retournée à la maison. Avant de commencer ma journée de travail, j’ai passé quelques coups de fil pour m’assurer de la qualité et de la bonne mise en service de notre nouvelle assurance maladie. Plus tard, quand les enfants sont rentrés à la maison avec des amis, je leur ai préparé un goûter, j’ai chargé le lave-vaisselle et fait la lessive.
Cet article n’est pas un essai sur la façon dont les femmes sont censées organiser leurs tâches domestiques en plus de leur·s emploi·s, ni une succession de conseils sur comment être plus efficace ou une longue explication de comment je me lève à quatre heures du matin, réponds aux mails pendant que les enfants sont toujours au lit et quelles astuces de productivité j’ai mis en place pour faire avancer les choses deux fois plus vite. Parce que voici mon secret : je ne travaille pas beaucoup. Je suis journaliste indépendante, ce qui signifie que je peux plus ou moins choisir ma charge de travail. Mon choix habituel tourne autour 30 heures par semaine.
Les travailleurs à mi-temps ne sont pas des fainéants pathétiques
Beaucoup de gens considèrent les travailleurs à temps partiel comme des malheureux exilés du monde économique, ou encore comme des fainéants pathétiques. En raison de la culture des startups, notre psyché collective fait en sorte que l’agitation incessante et les semaines de travail de 80 heures apparaissent comme le seul moyen d’avancement professionnel. Alors, qui admettrait avoir assez peu d’ambition pour préférer travailler 30 heures par semaine ?
Il se trouve en fait que beaucoup de gens l’admettent. Une étude réalisée par le Pew Research Center en 2016 a révélé que, parmi les travailleurs américains à temps partiel, 64 % préfèrent cette situation. Dans le même temps, 20% des travailleurs à temps plein – soit près de 26 millions d’Américains – préféreraient travailler à temps partiel.
La raison pour laquelle beaucoup de gens travaillent à temps plein – bien qu’ils préfèreraient ne pas le faire – est évidente : les emplois à temps partiel tels qu’ils existent aujourd’hui sont souvent assez mal payés, sans avantages pour la santé, avec des horaires irréguliers et peu de possibilités d’avancement. Les salariés qui ont officiellement un emploi à temps partiel travaillent souvent à temps plein, tout en étant moins payés et moins pris au sérieux que leurs collègues. Pourtant, il est rare de voir des tribunes appelant à mettre en place des emplois à temps partiel plus nombreux et de meilleure qualité. Le fait qu’il y ait peu de reportages ou de groupes de réflexion tournés vers ce sujet en dit long sur le manque de prise au sérieux du travail à temps partiel. Les idées de ceux d’entre nous qui ne travaillons pas beaucoup, ou préféreraient ne pas travailler autant que nous le faisons, sont peu susceptibles de figurer parmi les valeurs mises en avant lorsque la presse parle d’éthique de travail.
Travailler moins d’heure améliore la productivité
Pourtant, les arguments économiques en faveur d’une augmentation du travail à temps partiel existent. Des études récentes menées en Suède et en Nouvelle-Zélande ont montré que le fait de travailler moins d’heures améliore la productivité des employés. Lors d’une expérience sur une journée de travail de six heures qui s’est déroulée à Melbourne l’année dernière, les travailleurs ont perdu moins de temps lors de longues réunions et se sont davantage concentrés sur les tâches à accomplir. Ils ont également consacré moins de temps de travail à des tâches personnelles, car ils disposaient de plus d’heures non travaillées pour les effectuer.
Personnellement, je pense que travailler moins d’heures me rend plus productive, mais ce n’est pas pour ça que je le fais. La vraie raison est qu’il y a d’autres choses que je préfère faire. Une heure que je ne passe pas au travail (et je travaille dur, croyez-moi) est une heure assise sur le canapé avec mes enfants, où je lis un roman de science-fiction en m’arrêtant par intermittence pour discuter de leurs jeux vidéo ou de ce qu’ils regardent sur YouTube. C’est une heure de cuisine, de promenade ou de bénévolat. C’est pendant ces moments que je peux m’investir dans le réseau de mon quartier ou dans des de programmes parascolaires pour enfants, en organisant des rencontres et des goûters. C’est aussi là que je paie mes factures, fais mes courses et du bricolage, pour que ni mon mari ni moi n’ayons à le faire pendant nos week-ends.
Je connais des gens qui accomplissent beaucoup plus de tâches ménagères ou qui s’impliquent plus dans du bénévolat que moi, tout en occupant un emploi à temps plein. Ils semblent très heureux de leurs vies et il m’est difficile de ne pas les envier un peu. Moi, je suis une personne légèrement sujette à la dépression qui souffre de stress chronique et qui a besoin de beaucoup de sommeil. Beaucoup de gens ne peuvent tout simplement pas travailler à plein temps en raison d’un handicap, d’une maladie ou de besoins familiaux complexes, mais ce n’est pas une raison pour qu’un travail intéressant leur échappe.
Je sais que j’ai de la chance. Contrairement à la plupart des travailleurs, je peux plus ou moins définir mes propres heures de travail. J’ai un conjoint qui a un revenu moyen dans son université et qui fait sa part dans la cuisine (il assume également de nombreuses tâches ménagères pendant les vacances d’été, une période où de nombreux autres enseignants décrochent un deuxième emploi pour gagner plus d’argent.) Ceux d’entre nous qui bénéficions de ce type d’avantages devraient en parler, mettre en avant le fait qu’ils préfèrent s’offrir plus de loisirs plutôt que d’avoir des revenus plus élevés et accumuler plus de possessions. Il y a de bonnes raisons de considérer la réduction du temps de travail comme un objectif politique à défendre.
Le problème de l’égalité des sexes
Je m’inquiète toutefois des implications du travail partiel pour l’égalité des sexes. Comme la plupart des couples hétérosexuels, je fais un travail moins rémunéré et plus de tâches ménagères que mon mari. L’enquête citée précédemment a révélé que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souhaiter travailler à temps partiel. Mais cette dynamique les rend plus vulnérables aux abus et plus susceptibles de se retrouver dans la pauvreté après un divorce. Sur le plan sociétal, cela renforce l’idée que les femmes sont plus aptes à s’occuper des travaux ménagers à domicile que de travailler, ce qui signifie que les femmes qui préfèrent travailler de longues heures se sentent souvent obligées de ralentir leur carrière pour s’occuper de leur famille. C’est une perte énorme pour la société.
Une solution qui n’améliorerait pas l’égalité des sexes sur le lieu de travail consisterait à convaincre les femmes comme moi qui préfèrent travailler moins d’heures que nos priorités ne sont pas les bonnes. Nous devons plutôt tenter d’intégrer pleinement les travailleurs, de tous sexes, à temps partiel dans des institutions puissantes. Au niveau politique, cela signifie des campagnes pour des salaires plus élevés, des réglementations pour stabiliser les horaires à temps partiel, des allocations de garde d’enfants et d’autres formes de soutien pour les principaux besoins de santé. Cela signifie également changer les cultures sur le lieu de travail : exiger plus de postes à temps partiel et plus de respect pour ceux qui les exercent.
Cet article a originellement été publié en anglais sur aeon par Livia Gershon.
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