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J’ai eu la chance d’interviewer Cédric Bischetti, Président et fondateur de Makers for Change, une ONG basée à Strasbourg, capital européenne. Cédric coordonne, met en œuvre et développe divers projets dans le domaine de l’accueil des nouveaux migrants. Son parcours très inspirant m’a donné envie de faire découvrir sa vision et retour d’expérience.
Comment est venue l’idée de créer Makers For Change et pourquoi ?
L’idée de Makers For Change est venue progressivement à travers mes expériences de vies, des expériences professionnelles et des rencontres avec des personnes inspirantes. Mais avant tout cela, j’ai été touché dès le plus jeune âge par l’exclusion et plus globalement par la peur de l’Autre et de sa / ses différence-s. Cela est certainement dû au fait que je sois moi-même le fruit de divers courants migratoires, forcés ou non…
Ce qui m’a réellement poussé à agir et continuer malgré les challenges est le fait que ce soit un des challenges globaux les plus importants de notre siècle et que si à un moment on n’avait pas tendu la main à mes ancêtres comme nous tachons de le faire à travers Makers For Change, je n’aurais eu la chance d’avoir grandi et évolué paisiblement aujourd’hui.
Votre rôle au conseil de l’Europe a-t-il été un tremplin ? si oui pourquoi ? Comment concilier les deux ?
À vrai dire je n’y ai travaillé que huit mois même si ce fut une expérience très enrichissante. J’ai pu notamment comprendre les codes socioprofessionnels des institutions internationales, les rôles des ONG par rapport aux pouvoirs politiques de manière concrète ou encore de travailler dans un contexte interculturel incluant de nombreuses nationalités. Toutefois, travailler dans cette institution n’est pas idéal pour tout le monde et notamment pour un profil comme le mien, plus poussé vers l’expérimentation (approche lean), l’impact sur le terrain ou encore la créativité. C’est donc naturellement que ces deux rôles se sont succédés, le premier alimentant le second.
Quelles sont les qualités d’un leader dans le domaine associatif ?
Sans dire que ce sont celles que j’ai, les principales qualités d’un leader dans le domaine associatif pourraient être : stratège, fédérateur, ambitieux, endurant, à l’écoute, passionné, qui sait s’adapter, prendre des initiatives, savoir se remettre en question, convaincre et est charismatique. Pour toutes les nouvelles associations qui se créent, j’ajouterais un point essentiel : penser en-dehors des cases (think out of the box) tant sur l’ingénierie de projets que sur le modèle économique.
Quel est le programme pour Makers For Change sur la scène internationale ?
Aujourd’hui, nous avons été sélectionnés dans divers réseaux européens et internationaux comme notamment le programme Global Governance Futures 2030, AdR Fellowship de la Fondation de Rothschild, Changema kersXChange de Ashoka ou encore European Civic Forum du réseau MitOst e.V. Ces réseaux nous permettent notamment de pouvoir échanger avec nos pairs sur les meilleures pratiques en termes d’innovation sociale et de pouvoir scaler (scale-out) notre projet à travers des partenaires que nous rencontrons et qui sont présents dans différents pays dans le monde.
Par contre, sur le modèle scale-up, notre zone géographique de développement à l’international dans les prochains mois et années se concentrera sur le bassin transfrontalier incluant la Région transfrontalière allemande du Bade-Wurtemberg ainsi que la zone du Rhin supérieur en Suisse.
Strasbourg est-il un lieu stratégique sur la scène Européenne ?
Je me souviens d’une discussion avec mon frère alors que j’étais dans une phase vraiment compliquée avec l’organisation début 2016. Je lui disais vouloir partir à Paris pour développer la structure et que ce serait certainement plus simple. Il me répondit : « Strasbourg est une capitale européenne, on est nés ici et je suis certain que ce ne soit pas pour rien ! C’est d’ici que de grandes choses pourront se développer partout en Europe ! ».
Je suis aujourd’hui certain qu’il avait raison car nous sommes au Carrefour de l’Europe, au croisement des cultures et des migrations. De l’impact local strasbourgeois peut émerger de grands projets à dimension européenne voire internationale grâce notamment à la présence de ses institutions, la taille humaine de cette ville et sa diversité.
Quels sont les freins dans votre combat en tant que fondateur ?
La première chose qui me vient à l’esprit est la difficulté de prendre certaines décisions stratégiques en limitant au maximum son empathie. Cela est similaire quand il s’agit de faire des choix stratégiques entre l’impact sociétal d’une action et le modèle économique qui en est rattaché. Il faut trouver un équilibre entre vision et pérennité, ce qui un frein dans le combat d’un fondateur. Je me souviens également d’un programme international pour innovateurs sociaux où quand la question : « Qui ici a fait un burnout ? » avait été posée, plus de 80% des personnes avaient levé la main … Nous sommes les premiers à faire des sacrifices sur le plan personnel et économiquement afin que le projet nous dépasse.
Un conseil aux personnes qui veulent rejoindre ou créer une fondation ?
Pour rejoindre une association, ONG ou Fondation, il faut simplement faire le bon choix du contexte dans lequel on souhaiterait évoluer et des valeurs ou de la vision que l’on souhaite défendre.
Pour créer, il faut surtout être convaincu de sa vision, avoir confiance en soi et évidemment être déterminé à y arriver en se fixant des objectifs SMART dans le temps afin de mesurer si le jeu et les sacrifices en valent la chandelle.
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Yalayolo Magazine